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Les Caractères – Livre X, caractère 9 : Jean de La Bruyère

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Par   •  3 Mai 2022  •  Commentaire de texte  •  2 122 Mots (9 Pages)  •  7 738 Vues

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Les Caractères – Livre X, caractère 9 :

Jean de La Bruyère est un penseur chrétien du XVIIe siècle. Issu d’une famille bourgeoise, il écrit et publie un ouvrage, à partir de 1688, nommé Les Caractères. Ce recueil de remarques peint les hommes mais aussi les mœurs de la société du XVIIe siècle. En effet, il analyse la nature humaine et utilise l’ironie et la satire afin de critiquer cette société qui l’entoure. Le texte étudié est la remarque 9 du livre X intitulé Du souverain ou de la République. Il s’agit d’un texte satirique critiquant la guerre qui existe depuis la nuit des temps. L’auteur adopte un ton ironique afin de critiquer la guerre. Ainsi, nous nous demanderons en quoi une réflexion sur la guerre permet de dénoncer la cruauté de la nature humaine. Pour cela, nous verrons la place et les conséquences de la guerre dans la vie du peuple (l.1 à l.8) puis l’absurdité de la guerre (l.8 à l.15) et enfin ses motifs (l.15 jusqu’à la fin).

1- La place et les conséquences de la guerre dans la vie du peuple

Dès le début du texte, La Bruyère place la guerre dans une échelle temporelle « La guerre a pour elle l’antiquité ; elle a été dans tous les siècles ». « A pour elle » est utilisé ironiquement, ce groupe nominal est censé valoriser la guerre, on s’appuie sur la bonne réputation de l’Antiquité or étant donné ce qui suit dans le texte et ce que nous connaissons, la guerre est tout sauf quelque chose de positif. Pourtant elle s’inscrit dans le temps « elle a été dans tous les siècles », ainsi l’avancée de la vie n’a en rien tari la guerre. Le texte continu avec le champ lexical de la mort : c’est les conséquences de la guerre « on l’a toujours vu remplir le monde de veuves et d’orphelins, épuiser les familles d’héritiers, et faire périr les frères à une même bataille. ». On remarque l’adverbe « toujours » qui montre bien que la guerre est connue, il y a une pérennité temporelle de la guerre. Le thème de la mort est axé autour de la perte au sein des familles comme l’indique les substantifs « veuves », « orphelins » et « frères ». Ces pertes créent un manque défini dans un premier temps par le verbe « remplir », ce verbe met en valeur la guerre. Il est pourtant suivi des verbes « épuiser » puis « périr » qui s’oppose avec ce premier verbe valorisant. Ainsi, le narrateur utilise une forme progressive, avec des verbes de plus en plus dépréciatifs, pour montrer l’aspect négatif de la guerre. Aussi, ces verbes personnifient la guerre, ils montrent qu’elle est toujours dans l’action, agissante bien qu’elle provoque la mort, soit l’arrêt de la vie. La Bruyère commence ainsi son texte en présentant généralement et péjorativement la guerre. Il en vient au cas particulier du « Jeune SOYECOUR ! » qu’il a commencé à introduire dans la phrase que nous venons d’analyser. En effet, la suite du texte nous informe que le jeune Soyecour et son frère ont été tués lors d’une même bataille « je plains cette mort prématurée qui te joint à ton intrépide frère ». On fait donc le lien avec la proposition « et faire périr les frères à une même bataille ». Le nom « SOYECOUR » est mis en valeur par ces majuscules : on met ce personnage mort sur un piédestal afin de lui rendre hommage. La suite de la phrase montre qu’il existe un lien entre SOYECOUR et La Bruyère puisqu’il s’implique dans le texte comme le montre le pronom personnel « je » et tutoie Soyecour « ta », « ton » : « je regrette ta vertu, ta pudeur, ton esprit déjà mûr, pénétrant, élevé, sociable ». Pour lui rendre hommage La Bruyère exprime son regret en lui faisant un éloge à travers deux énumérations mélioratives qui rappelle les qualités de l’honnête homme selon le narrateur : il qualifie son courage par le terme « vertu », sa timidité mesurée par sa « pudeur » et sa vitesse intellectuelle prometteuse par « ton esprit déjà mûr ». La maturité de son esprit s’oppose par ailleurs à la précocité de sa mort. Il poursuit en montrant sa lucidité d’esprit « pénétrant », sa vivacité intellectuelle « élevé » ainsi que son partage de connaissances avec autrui « sociable ». Les qualifications qui décrivent le Jeune Soyecour vienne aussi s’opposer à son « intrépide frère » : l’ainé ne réfléchit pas, il s’engage sans voir les conséquences « intrépide » or son frère a plus de spiritualité et de réflexions, pourtant ils sont morts tout les deux. La phrase se poursuit par « et t’enlève à une cour où tu n’as fait que te montrer : malheur déplorable, mais ordinaire ! ». La phrase indique qu’il n’a fait que des apparitions à la cour sans montrer vraiment qui il était « tu n’as fait que te montrer », La Bruyère exprime donc le manque et la perte des richesses de ce jeune homme que perd la cour mais aussi autrui avec des adjectifs péjoratifs qui viennent s’opposer à l’éloge précédente. La conjonction de coordination « mais » souligne encore une fois que la guerre étant omniprésente la mort est quelque chose d’habituel bien que « déplorable », cela accentue l’indignation de La Bruyère. De plus la restriction « ne que » accentue la mort prématurée du jeune garçon.

2- L’absurdité de la guerre

L’indignation de La Bruyère se confirme dans la suite du texte par la période (longue phrase) qui retourne aux propos généraux sur la guerre et nous renvoie à « tous les siècles » / « De tout temps ». Le narrateur montre l’aspect dérisoire des guerres en ne définissant pas clairement les raisons de ces guerres « pour quelque morceau de terre de plus ou de moins » : il utilise le déterminant indéfini « quelque » ainsi que des adverbes de quantité imprécis « de plus ou de moins » qui montre les prétextes absurdes de la guerre. S’en suit une énumération qui montre le côté horripilant et sauvage des guerres « de se dépouiller, se brûler, se tuer, s’égorger les uns les autres ». La Bruyère utilise des verbes violents et mutualise cette torture par le pronom réfléchi « se », chacun

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