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Les Caractères La Bruyère

Fiche : Les Caractères La Bruyère. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Avril 2017  •  Fiche  •  2 180 Mots (9 Pages)  •  3 447 Vues

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Caractéristiques :

 Type : - genre : argumentation (les genres de l’argumentation : → genre bref : maxime ; portrait ; remarque, réflexion // argumentation directe → arguments donnés pour tels / argumentation indirecte → à travers un récit, fable, conte, portrait...)

- type de discours : argumentatif

- forme : prose / paragraphes brefs → une phrase ou deux.

Tonalité → épidictique = blâme / satirique / polémique / IRONIQUE

Thème → l’Homme est méchant, la seule solution est dans la conscience de cette méchanceté

 INTRO : On peut être étonné d’arriver à un chapitre intitulé “De l’Homme” (chap. XI), notion très générale et apparemment fondamentale, au début du dernier tiers de l’ouvrage ; en fait La Bruyère(1645-1696 )moraliste français du xvii siècle(humaniste) ,  arrive à l’étude l’Homme  après avoir réfléchi sur le rôle de l’auteur et des livres, le fondement de la valeur morale et la façon dont il est mis à mal par la vie sociale .Il revient alors à la réflexion anthropologique((“Anthropologie” : Du mérite personnel, Des femmes, Du coeur, De la société et de la conversation) en se cherchant à savoir pourquoi la valeur de l’Homme est si fragile dans la vie sociale, avant de constater qu’il n’est de salut qu’en la religion.

 Problématique : Comment La Bruyère réussit-il, à travers des remarques apparemment discontinues et mélangés, à former une image cohérente de l’Homme à l’entrée et à la fin du chapitre qui porte justement ce titre ?

Nous allons adopter un plan fondé sur les catégories antiques du discours, formulées par exemple par Cicéron dans ses traités sur la rhétorique (1) compositio/dispositio → art de mettre en ordre les arguments ; 2) elocutio → art de choisir les expressions adéquates aux arguments ; 3) inventio → art de trouver les bons arguments ;

I. COMPOSITIO → remarques sur le plan du texte et l’enchaînement des idées → regarder à l’oeil nu

1. Un début stable

Décrire :Le deux remarques initiales étaient présentes dès la 1 e édition et LB ne les a pas modifiées. Elles constituent donc à ses yeux un point de départ satisfaisant pour lancer la réflexion sur l’Homme.

Analyser : LB commence par deux remarques brèves (2-3 lignes ; 1 = 1 phrase, 2 = 2 phrases). Assertif :

 1 = impératif négatif “ne nous emportons point” puis indicatif “ils sont ainsi faits”

2 = indicatif (“ne sont pas/ne sont que/changent/changent/gardent”)

Les deux remarques semblent également supposer un interlocuteur : “ne vous emportez point” s’adresse à un lecteur que les caractères humains, les vices qu’il découvre dans l’Homme mettent de mauvaise humeur ; et “les hommes ne sont point légers” peut également répondre à un lecteur de mauvaise humeur qui se plaindrait de la légèreté de l’homme.

Interpréter → le moraliste vise l’essence de l’Homme ; il commence par affirmer ce qu’il est, ce qu’il n’est pas. Cependant, ces affirmations ne sont pas abstraites et froides : La Bruyère s’adresse à un interlocuteur qu’il mobilise et cherche à influencer.

 2. Une fin qui varie

Décrire 

Par contre, on constate qu’il a modifié plusieurs fois la fin du chapitre ; il a donc hésité sur la manière adéquate de conclure la réflexion sur l’Homme.

Analyser 

La fin a beaucoup varié :

 - d’abord LB termine par 153 et 154, deux remarques très brèves, presque des maximes : le point commun entre les deux, c’est l’affirmation que l’homme se conduit bien pour de mauvaises raisons.

- dans la 4e édition, il ajoute deux remarques un peu plus développées, 157 et 158, elles insistent toutes deux sur les notions de variabilité et de médiocrité.

 - dans la 5e édition, il ajoute le portrait de Timon le misanthrope ; or ce portrait est plutôt élogieux.

 - dans la 7e édition, il ajoute enfin une remarque beaucoup plus longue et très importante au point de vue philosophique : elle développe l’idée de la diversité de vices humains.

 → On constate, dans toutes ces remarques : l’emploi du présent de l’indicatif pour l’expression de vérités générales ; l’emploi dans chaque remarque du mot clef du chapitre “les hommes” ou “l’homme” ; un même pessimisme qui juge l’homme fondamentalement mauvais, même quand il est bon.

Interpréter

 Pourquoi changer la fin ?. On voit que LB travaille méticuleusement cette clôture : L’accroissement de ces portraits ne se fait donc pas seulement en accumulant des remarques à la fin, mais aussi en intercalant ; toutes les remarques sont relativement brèves, mais leur succession compose une suite variée qui veut plaire au lecteur.

3. Rapport entre le début et la fin

 Décrire 

Selon la fin donnée au chapitre, on s’aperçoit que le rapport établit avec le début modifie la compréhension du chapitre.

Analyser 

- toutes les remarques, celles du début comme celles de la fin, comportent le mot “homme” au singulier ou au pluriel, ce qui marque leur portée philosophique générale  ; on retrouve les phrases affirmatives, le présent de l’indicatif.

- dans toutes ces remarques, on peut déceler les indices (difficiles à déceler !) de la tonalité ironique ou humoristique (évidemment, c’est un humour un peu triste...)

- 1e version : 1 et 2 // 153 et 154 → l’affirmation de la méchanceté de l’homme (1 = naturelle ; 2 = constante) est renforcée par la négation de sa bonté (153 = il est bon par médiocrité ; 154 = il est bon par peur).

 - 2e version : 1 et 2 // 157 et 158 → l’affirmation de la méchanceté de l’homme (1 = naturelle ; 2 = constante) est nuancée par la possibilité de son inconstance et par la singularité de certains vices “qui ne tirent point à conséquence”.

 Interpréter

 On peut donc dire que l’approfondissement de la méchanceté de l’homme, entre la 1e édition et la 4e édition, conduit paradoxalement à un relatif adoucissement du jugement négatif sur l’homme : cet adoucissement est paradoxal, car il se fonde sur des vices humains → il y a des vices qui finissent par rendre moins négative la perversité humaine (l’inconstance et la variété des vices)...

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