Lecture linéaire le Père Goriot
Commentaire de texte : Lecture linéaire le Père Goriot. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Saboubien • 27 Mars 2020 • Commentaire de texte • 2 063 Mots (9 Pages) • 9 312 Vues
Lecture linéaire : Texte écho, Le père Goriot, « Un défi à la société »
Dans Le Père Goriot, le lecteur suit en parallèle la lente déchéance du héros éponyme, ruiné par ses deux filles Anastasie de Restaud et Delphine de Nucingen, et l'ascension sociale d'Eugène de Rastignac, jeune provincial venu à Paris pour suivre des études de droit. Eugène, découvrant les différents moyens de réussir dans la société, se sent partagé entre son ambition démesurée et sa conscience morale. Le roman s'achève par les obsèques du père Goriot, avec qui Eugène s'était lié d'amitié à la pension où ils logeaient tous les deux. Rastignac, qui a payé les frais d'enterrement du vieillard, accompagnant le corbillard au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
1Cependant, au moment où le corps fut placé dans le corbillard, deux voitures armoriées, mais vides, celle du comte de Restaud et celle du baron de Nucingen, se présentèrent et suivirent le convoi jusqu'au Père-Lachaise. 2 À six heures, le corps du père Goriot fut descendu dans sa fosse, autour de laquelle étaient les gens de ses filles, qui disparurent avec le clergé aussitôt que fut dite la courte prière due au bonhomme pour l'argent de l'étudiant. 3 Quand les deux fossoyeurs eurent jeté quelques pelletées de terre sur la bière pour la cacher, ils se relevèrent, et l'un d'eux, s'adressant à Rastignac, lui demanda leur pourboire. 4 Eugène fouilla dans sa poche et n'y trouva rien, il fut forcé d'emprunter vingt sous à Christophe.////// 5 Ce fait, si léger en lui-même, détermina chez Rastignac un accès d'horrible tristesse. 6 Le jour tombait, un humide crépuscule agaçait les nerfs, il regarda la tombe et y ensevelit sa dernière larme de jeune homme, cette larme arrachée par les saintes émotions d'un cœur pur, une de ces larmes qui, de la terre où elles tombent, rejaillissent jusque dans les cieux.7 Il se croisa les bras, contempla les nuages, et, le voyant ainsi, Christophe le quitta. 8Rastignac, resté seul, fit quelques pas vers le haut du cimetière et vit Paris tortueusement couché le long des deux rives de la Seine où commençaient à briller les lumières.9 Ses yeux s'attachèrent presque avidement entre la colonne de la place Vendôme et le dôme des Invalides, là où vivait ce beau monde dans lequel il avait voulu pénétrer.10 Il lança sur cette ruche bourdonnante un regard qui semblait par avance en pomper le miel, et dit ces mots grandioses: "A nous deux maintenant!"11
Et pour premier acte du défi qu'il portait à la Société, Rastignac alla dîner chez madame de Nucingen.
Problématique : Comment l'enterrement lugubre mais réaliste du Père Goriot ouvre-t-il les yeux de Rastignac sur l'égoïsme de la société dans laquelle il vit et fait tomber ses barrières morales ?
Introduction :
Honoré de Balzac est un grand auteur réaliste du XIXème siècle ayant entrepris la célèbre œuvre littéraire écrite en plusieurs tomes et qui fit sa renommée : La Comédie Humaine. Elle a pour but de dépeindre sous forme de "feuilletons" la société réelle, ignorée jusque là en littérature car laide ou vulgaire. Elle met en avant la complexité des humains, l'injustice et l'immoralité de différentes facettes de la société. Le Père Goriot en est un des romans clés. Il est écrit en 1834 à Saché. Il met en scène plusieurs personnages saisissants de vérité et récurrents de la Comédie humaine et dresse un tableau très sombre de la société parisienne en 1819. Il décrit à la fois la chute sociale tragique du Père Goriot et l'évolution d'un jeune provincial ambitieux, Rastignac.
Après avoir fait fortune pendant la Révolution, Jean-Joachim Goriot dépense tout son argent pour ses deux filles, Anastasie et Delphine. Il éprouve un amour incommensurable pour elles et finit par se retirer à la pension Vauquer. Plus ses filles lui prennent son argent, plus il est heureux mais pauvre, il demande alors à habiter au deuxième puis au troisième étage de la pension, "l'étage des pauvres". C'est à ce moment là qu'il devient le souffre-douleur des pensionnaires et est surnommé le Père Goriot. Son amour paternel est tel qu'il meurt sans le sou.
Le passage étudié est un excipit mettant en scène l'ingratitude de la société, mais également sa superficialité et son égoïsme.
Cela est illustré par le médiocre enterrement du père Goriot. La tristesse de cet enterrement résulte du fait que seul Rastignac est affecté. Les deux filles du Père Goriot, pour lesquelles celui-ci a tout sacrifié, ne sont pas présentes.
Cet extrait expose premièrement l'enterrement du Père Goriot, puis les sentiments et le changement qui s'opère chez Rastignac.
1er mouvement : Un enterrement lugubre et révélateur (phrases 1 à 5)
L'extrait débute par un adverbe d'opposition. Le texte est au passé simple, temps utilisé pour plonger le lecteur dans l'histoire. Pourtant, les indicateurs de temps utilisés à chaque début des trois premières phrases comme "au moment où"(phrase 1), "à six heures"(phrase 2), ou encore "quand"(phrase 3) donnent l'impression d'une cérémonie bâclée, expéditive. Chaque étape est rythmée par un indicateur de temps rendant le texte très réel et par un départ. Excepté à la première phrase, dans laquelle "deux voitures armoriées mais vides" (phrase 1) joignirent la procession jusqu'au cimetière. L'adverbe "Cependant"(phrase 1) prend alors tout son sens : on craignait que la famille du défunt ne vint. Toutefois, c'est un soulagement en demi-teinte, car les voitures sont arrivées seulement "au moment où le corps fut placé dans le corbillard", elles n'ont donc pas été présentes lors de la cérémonie précédente. De plus, les voitures sont "armoriées", impliquant un certain rang social, "mais vides" : les filles du Père Goriot ne sont pas venues à son enterrement, elles ont seulement envoyé les voitures de leurs maris sans se donner la peine de se déplacer. Cette description d'abandon continue avec la confirmation que seuls "les gens" (phrase 2) de ses filles, groupe nominal très impersonnel, dénué de tout sentiment, sont présents. En outre, l'auteur fait comprendre au lecteur que ces gens ne sont présents que par obligation puisqu'ils partent juste
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