Lecture linéaire de la lettre 81 des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos
Analyse sectorielle : Lecture linéaire de la lettre 81 des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar tiamat • 7 Avril 2021 • Analyse sectorielle • 4 907 Mots (20 Pages) • 3 883 Vues
Introduction.
-Courte information à propos de l'auteur
-Inscrire l'œuvre dans le mouvement des Lumières et dans le courant du libertinage en particulier.
Pierre Ambroise Choderlos de Laclos ( 1741 – 1803) était un officier de carrière qui a traversé la Révolution française et a beaucoup écrit sur des sujets très divers. Il est surtout connu comme l’auteur du roman épistolaire Les Liaisons dangereuses.
Présentation de l'œuvre
Les Liaisons dangereuses, est un roman épistolaire de 175 lettres, écrit par Pierre Choderlos de Laclos et publié en 1782. L’œuvre est considérée comme un chef-d'œuvre de la littérature française du XVIIIe siècle, bien qu'elle soit tombée dans un quasi-oubli durant la majeure partie du XIXe siècle, avant d'être redécouverte au début du XXe. Ce roman s’ inscrit dans la tradition du libertinage de mœurs illustrée par Crébillon fils et du roman d'analyse psychologique dans la lignée de La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau. Il porte à un degré de perfection la forme épistolaire : aucun élément n'est gratuit, chaque épistolier a son style et la polyphonie des correspondances croisées construit un drame en quatre étapes au dénouement moralement ambigu, qui continue à fasciner le lecteur et à susciter de nombreuses adaptations.
Cette œuvre épistolaire narre les manipulations auxquelles se livrent deux nobles libertins du siècle des Lumières, la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont. Le roman fut considéré comme scandaleux en raison de la mise en scène de ces deux personnages libertins qui mettent toute leur énergie à construire des stratégies libertines pour corrompre leurs victimes tout en montrant leur plaisir et leur conscience du mal. Ils s'emploient à séduire et à déshonorer une jeune fille naïve, Cécile de Volanges, et une dévote et fidèle épouse, Mme de Tourvel .
L'intérêt de la forme épistolaire permet de révéler la conduite de ces deux libertins et les méthodes cyniques qu'ils mettent en œuvre pour pervertir leurs victimes. La lettre sert de communication entre les libertins qui s'encouragent, échangent leurs expériences et rivalisent dans leurs stratégies.
Présentation de la lettre VXXXI et de l'extrait à analyser.
Mme de Merteuil dans cette lettre exprime son indignation car Valmont s'est permis de lui donner des conseils ce qui semble avoir blessé son orgueil. C'est pourquoi elle fait le récit rétrospectif et autobiographique de sa propre éducation pour affirmer son indépendance face à la tutelle des hommes. La lettre 81 est un autoportrait de la Marquise qui insiste avant tout sur son éducation et les origines de sa personnalité.
(Rappel étymologique : libertin de libertus « affranchi »)
(Lecture expressive)
Projet de lecture : Quel portrait la Marquise fait-elle d'elle même? En quoi ce portrait est-il révélateur de la condition féminine au XVIIIe siècle?
Une structure en trois parties :
Partie 1 : L.1 à 5 : le portrait autobiographique dans lequel la Marquise affirme sa singularité et son mépris envers les femmes de son époque.
Partie 2 : L.6-19 : le récit de son éducation : l'apprentissage de la dissimulation et du contrôle de soi au service de la liberté
Partie 3 : L.20-25 ; une lettre féministe qui dévoile les ambitions de la Marquise
Analyse linéaire
Première partie : L.1 à 5 :
« Mais moi, qu’ai-je de commun avec ces femmes inconsidérées ? Quand m’avez-vous vue m’écarter des règles que je me suis prescrites et manquer à mes principes ? Je dis mes principes, et je le dis à dessein : car ils ne sont pas, comme ceux des autres femmes, donnés au hasard, reçus sans examen et suivis par habitude ; ils sont le fruit de mes profondes réflexions ; je les ai créés, et je puis dire que je suis mon ouvrage ».
Affirmation de la singularité de la Marquise, mépris et critique des femmes de son époque. Revendication de l'individualisme, de la liberté = la Marquise s’inscrit dans l’esprit des Lumières qui comporte le rejet du religieux et des structures sociales traditionnelles (soumission des femmes) et qui renvoie à la pensée philosophique libertine du XVIIème siècle dans la volonté de s'affranchir des normes morales.
a)La Marquise est au centre du texte et s’exprime à la première personne en s’adressant au Vicomte de Valmont
La destinatrice, la Marquise de Merteuil, emploie la première personne du singulier comme en témoigne l’emploi des pronoms personnels en fonction de sujet : « je » ou des pronoms compléments : « me » ainsi que les déterminants possessifs (« mes , l.2, « ma » l.24). Le pronom tonique « moi » souligne l’importance de son avis, à la ligne 1. Elle trace son autoportrait qu’elle adresse à son destinataire, le Vicomte de Valmont, à qui elle adresse les deux questions rhétoriques situées aux lignes 1 à 2. Son interlocuteur est désigné par le pronom « vous, à la ligne 1 : « Quand m’avez-vous vue... ? ».
b)La proclamation de sa singularité face aux autres femmes
Elle commence par l'emploi de deux questions rhétoriques pour affirmer sa singularité, son opposition aux femmes de son époque et son code de conduite.
« Mais moi, qu'ai-je en commun avec ces femmes inconsidérées ? ».
Elle met en évidence son avis dès la première phrase de l'extrait : « Mais moi ». L'emploi du « mais » adversatif permet de se mettre en opposition avec les propos tenus précédemment sur les femmes (ce fragment de la lettre n’apparaît pas dans cet extrait) ; cette différence entre elle et les autres femmes s'exprime aussi par l'utilisation du pronom personnel « moi » de forme tonique et mis en apposition. Il souligne le caractère unique et la singularité de la Marquise qui concentre l’attention sur elle-même et sur ce qu’elle dit à son propre sujet.
Elle marque sa différence et son mépris à l’égard des autres femmes en employant un démonstratif à valeur péjorative,
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