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Les liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos, 2ème partie – lettre 81, 1782.

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Par   •  15 Mai 2021  •  Commentaire de texte  •  1 366 Mots (6 Pages)  •  618 Vues

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Les liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos, 2ème partie – lettre 81, 1782.

Choderlot de Laclos est un écrivain du 18ème siècle et officier dans l’armée. Issu d’une famille de petite noblesse, il n’aura pas accès à une brillante carrière. Il se tourne alors vers l’écriture. De ses frustrations militaires et de sa rancœur envers la haute aristocratie, naît en 1782, son œuvre principale, Les liaisons dangereuses. Ce roman épistolaire connaît, à sa sortie, un succès fulgurant. Il provoque également un scandale, moins par la perversité des personnages principaux que par les attaques envers le milieu aristocratique, dont il est une vive critique.

Il raconte les manipulations auxquelles se livrent deux libertins de la haute noblesse, la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont. Dans cette lettre, 81ème du recueil, la Marquise de Merteuil retrace pour Valmont son parcours et son éducation. Dans ce passage autobiographique, elle affirme sa supériorité par rapport aux autres femmes.

En quoi cette lettre dessine-t-elle l’autoportrait d’une femme en opposition avec la morale de son milieu ?

Transition : En premier lieu, la marquise cherche à prouver sa différence.

Cette lettre est un autoportrait d’une femme dominatrice et orgueilleuse en opposition aux mœurs de son époque. Dans ce texte, la 1ère personne est omniprésente. Elle domine sous toutes ses formes. Dès le 1er paragraphe, nous trouvons les termes « moi », « je » à 7 reprises, « me », « mes » 3 fois et « mon ». C’est un florilège1 d’égo2 grammatical.

L’extrait s’ouvre sur la conjonction3 « mais » (l1) qui montre une opposition, une revendication. La marquise pose une question, mais elle ne laisse pas à son interlocuteur muet, le Vicomte de Valmont, le loisir de répondre. En effet, en ajoutant, dans la 2ème phrase, une question rhétorique4 « Quand m’avez-vous vu…principes ? », elle affirme, sans appel, sa différence.

La négation « ils ne sont pas » (l3), montre l’opposition de la marquise à l’éducation classique. Elle possède un système de valeurs différent et s’oppose à la morale commune en ce qui concerne l’éducation des jeunes filles de l’aristocratie.

Le qualificatif péjoratif « inconsidérées » associé à l’adjectif démonstratif « ces » montre le mépris de la Marquise pour ses contemporaines. En se distinguant de celles qu’elle nomme les « autres femmes » (l3) elle s’érige au statut de d’exception et souligne l’orgueil de son caractère.

Le rythme ternaire5 de la ligne 3 « donnés au hasard, reçus sans examen et suivis par habitude » donne à ces actions la cadence mécanique des automates. Les verbes à la voix passive6 renforcent cette impression d’impuissance des femmes.

L’utilisation des termes « règles », « principes », « profonde réflexion », « ouvrage », associés aux adjectifs possessifs « mes » et « mon » achève de démontrer que la marquise s’est forgé une éducation répondant à des objectifs personnels. C’est une autodidacte qui s’est structuré elle-même, comme le montre la métaphore de l’ « ouvrage » (l4).

Transition : En second lieu, la Marquise fait le récit de son autoformation.

Commence alors un récit rétrospectif comme le montre l’utilisation des temps du passé. Elle relate son entrée dans le « monde », c’est-à-dire dans les salons aristocratiques. Elle détaille la méthode d’enseignement qu’elle a suivi. Ces 2 phrases assez longues sont construites de façon symétrique. D’abord un exposé de la situation de passivité dans laquelle une jeune fille était réduite « entrée », « vouée à », « on me croyait », « on s’empressait », puis ses réactions qui montrent sa stratégie : « observer », « réfléchir », « recueillais avec soin ».

La conjonction « Tandis que » (l6) introduit l’idée de contradiction. Ici, il s’agit de l’opposition entre l’être et le paraître. Elle cherche à échapper à sa condition « vouée par état au silence et à l’inaction » en utilisant une méthode basée sur l’observation « observer », « yeux », « regard », la dissimulation « « dissimuler », « cacher » et les apparences « prendre à volonté ce regard », « régler … les… mouvements de ma figure », « prendre l’air », « l’expression ».

Pour atteindre son but elle s’inflige des souffrances morales et physiques « je tâchais de régler », « me causer des douleurs volontaires », « je me suis travaillée ». Elle devient maîtresse de son corps et de sa pensée « j’ai su prendre sur ma physionomie cette puissance ».

Transition : En troisième lieu, la Marquise de Merteuil expose ses armes : la maîtrise absolue.

Après s’être forgé une solide armure, dans la souffrance, elle décide de mettre ses « armes » à l’épreuve en jouant la carte de la légèreté.

La marquise, par son autoformation, cherche avant tout à protéger son seul bien, sa pensée, comme le montre la négation restrictive « je n’avais à moi que ma pensée ». Elle s’érige en citadelle imprenable : « je m’indignais qu’on put me la ravir ou me la surprendre ». Elle considère le monde comme un champ de bataille où elle veut triompher : « munie de ces premières armes ».

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