Lecture linéaire La Bruyère, Voyage au pays de la cour
Commentaire de texte : Lecture linéaire La Bruyère, Voyage au pays de la cour. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lolaaaa29 • 22 Janvier 2023 • Commentaire de texte • 1 266 Mots (6 Pages) • 351 Vues
Voyage au pays de la cour
La Bruyère
introduction :
Jean de la Bruyère est un célèbre moraliste français du XVIIème siècle. Il est l’homme d’une seule œuvre : Les Caractères, de laquelle ce texte est extrait. Dans Les Caractères publiés en 1688, il critique les idées sociales et politiques et il propose une réflexion sur les mœurs, les usages et les coutumes humaines. Son œuvre appartient au mouvement littéraire du classicisme, et fait partie du parcours de la comédie sociale. Ce fragment 74 est issu du VIIIème livre nommé « De la Cour », dans lequel LB présente le tableau satirique de la cour de Louis XIV. Il s’agit d’une société superficielle, soumise au culte de l’apparence. Dans cet extrait, La Bruyère opte pour une forme argumentative originale, décrivant la Cour comme une contrée lointaine, à la fois curieuse et dépaysante. Il y fait une description de la cour du point de vue d’un étranger.
Nous allons donc voir en quoi cette description originale d’une région qui paraît lointaine est en fait une satire de la cour et de ses habitants. Dans le premier mouvement (l. 1-16), La Bruyère présente les mœurs des habitants de cette étrange région, hommes et femmes, dans le second (l. 17-19), on découvre leur culte, Dieu et le roi et enfin le dernier mouvement est consacré à la situation géographique de ce peuple.
I- Les habitants de cette étrange région (l. 1-17)
- l. 1 : « une région », la cour est en effet considérée comme un pays à part.
- l’expression « l’on parle d’une région » introduisant la description met directement en place le dispositif du « regard étranger »
- « les vieillards… les jeunes gens » : cette symétrie met en valeur l’opposition de deux générations. Contrairement à d’habitude les vieillards ne sont pas décrits comme étant moroses et misanthropes, ils sont « galants, polis, civils ».
- au contraire, le texte dénonce la grossièreté, la brutalité, et l’ivrognerie des jeunes gens de la « nouvelle cour ». Les adjectifs qui les qualifient font un sifflement des s, et créent une antithèse avec les adjectifs qui décrivent les vieillards. Ici, quelques lignes faisant allusion à des honteuses débauches ont été supprimées « Ils se trouvent affranchis de la passion des femmes dans un âge ou l’on commence ailleurs à la sentir ; ils leur préfèrent des repas, des viandes et des amours ridicules. »
- La Bruyère néglige alors tous les autres points qui pourraient prêter à la critique pour dénoncer l’ivrognerie des jeunes gens des lignes 3 à 7 « l’usage trop fréquent qu’ils en ont fait » en parlant du vin, « ils cherchent à réveiller leur goût déjà éteint par les eaux de vie et par toutes les liqueurs les plus violentes ». Il critique alors la tendance à boire de l’alcool trop présente à ses yeux.
- la dernière partie de la phrase qui est « il ne manque à leur débauche que de boire de l’eau forte » s’écarte de l’objectivité que le moraliste feignait de conserver jusque là, avec cette touche d’ironie et de jugement.
- l’auteur dénonce ensuite le culte de l’apparence
- l. 7-12 : La Bruyère fait le portrait des « femmes du pays », qu’il décrit comme étant peu séduisantes, et pourtant dans le chapitre « Des Femmes », il sait se montrer sensible au charme féminin : « Un beau visage est le plus beau de tous les spectacles ; et l’harmonie la plus douce est le son de voix de celle que l’on aime ». L’auteur adopte d’abord le ton de la moquerie méprisante, il note le paradoxe de ces femmes qui sont très superficielles et qui s’enlaidissent en croyant s’embellir en maquillant leurs lèvres, leurs joues, leurs sourcils et leurs épaules puis leur gorge, leurs bras et leurs oreilles.
- l. 12-16 : La Bruyère revient tout à coup à « ceux qui habitent cette contrée » (l.12). Il décrit leur physionomie comme « pas nette mais confuse » ; c’est une antithèse. La longue périphrase qu’il utilise pour désigner la perruque, comme si il ne connaissait pas le terme propre, est semblable aux récits de Montesquieu et Voltaire. La périphrase donne un effet comique. « il descend » l.15, c’est la perruque qui masque et camoufle la personnalité de l’homme, ce qui amuse et inquiète à la fois. Ces hommes paraissent ridicules parce qu’ils préfèrent porter une perruque plutôt que leur propre chevelure, et parce que cette coutume empêche que l’on reconnaisse les hommes à leur visage.
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