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Lecture linéaire : A une passante de Baudelaire

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Par   •  27 Juin 2022  •  Cours  •  1 471 Mots (6 Pages)  •  555 Vues

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Lecture linéaire Baudelaire, Les Fleurs du Mal, «A une passante» ;

problématique nationale : « Alchimie poétique : la boue en or »

Introduction ciblée :

        Dans le sonnet « A une passante », tiré de la section « Tableaux parisiens », parue dans l’édition de 1861, Baudelaire évoque sa rencontre avec une passante dans une rue parisienne. Elle devient un symbole (Baudelaire est un précurseur du Symbolisme) de la condition humaine. Elle est  ici est une image de l’Idéal, destiné  à rester inaccessible.

Comment Baudelaire parvient-il à transformer une rencontre aléatoire en moment exceptionnel / fulgurant ?

Mouvement du texte :

Premier quatrain :

Le vers 1 installe le décor urbain, les circonstances de la rencontre. Les vers 2 à 5 correspondent à la description de l’ allure et de la tenue vestimentaire de la passante. Les vers 6 à 9 transcrivent le coup de foudre et les réactions du poète. Enfin, les vers 10 à 14 font référence aux regrets, au manque, à la nostalgie d’ un impossible accomplissement, après le passage  de la femme.

V1 : Description d’une environnement bruyant, stressant, exprimé par deux hiatus (deux voyelles entrent en contact) → « rue» / « a » ; « moi » et « hurlait ». On observe aussi une allitération en [t] désagréable : « assourdissant(e) autour », bien loin de la musicalité de « L’Invitation au voyage »

V2 : Apparition soudaine d’une silhouette singulière, une femme grande, élancée, identifiée par son vêtement de deuil. La musicalité a changé, elle devient plus douce. Le rythme est ascendant, majestueux. Un rythme plutôt lent, dû à la ponctuation et à l’assonance en voyelle nasalisée « an  », qui étire le vers et ralentit le rythme. Ici, ce qui séduit Baudelaire, c’est une beauté douloureuse, blessée, triste, ce qui est atypique. D’ailleurs, « deuil » est mis en valeur à la césure.

[Extrait du journal de Baudelaire : « Les airs charmants, et qui font toute la beauté, sont l’air blasé, l’air ennuyé, l’air indépendant, l’air froid, l’air de regarder par dedans, l’air de domination, l’air de volonté, l’air méchant, l’air malade, l’air chat, enfantillage, nonchalance et malice mêlée ». ]

V3 : Cette femme est désignée par un terme générique (cf : « Congé au vent », qui, lui aussi, parle d’une passante avec un terme générique, « une fille ») Char réutilise le même motif poétique que Baudelaire, celui d’une rencontre fulgurante, mystérieuse. Cette rencontre est éclatante, comme le montre l’assonance en « a » : « passa » « fastueuse ». « Une main fastueuse » est un hypallage (= l’adjectif  fastueux ne se rapporte pas au nom que l’on attend mais à la main). Cela créé une image élégante et mystérieuse. « Le faste » signifie la magnificence, l’opulence.

Les vers 3 et 4 ont un rythme parfaitement régulier car l’accent est situé toutes les 3 syllabes. Ils expriment la démarche harmonieuse de la passante .

V4 : Ce vers résume une gestuelle. Le « feston » est une broderie qui termine la robe. La passante a une gestuelle séduisante, élégante. L’assonance en voyelles nasalisées,placées sous l’accent, met l’accent sur la gestuelle et la tenue : « Soulevant » « balançant » « feston » Ce geste s’explique par le contexte : elle ne met pas sa jupe dans la saleté/la boue;  dans le Paris insalubre du  milieu du dix-neuvième siècle, il n’y a pas encore de tout à l’égout.[ Dans  le terme « boue » de la problématique, il y a la  connotation de matière peu ragoûtante. Lorsque Baudelaire dit « tu m’a donné ta boue et j’en fait de l’or », il s’adresse à Paris ; le terme boue est polysémique : dépôt organique ; bassesse/ abjection ; misère. Baudelaire revendique ainsi   une  inspiration urbaine et un certain réalisme.

V5 : Dans le deuxième quatrain, il se focalise sur sa démarche. Il y a une contradiction apparente entre l’adjectif « agile » et la connotation d’immobilité de la «statue ». C’est une métaphore surprenante, qui connote la perfection de la statuaire antique,( grecque) avec ses proportions idéales et sa beauté classique. (Baudelaire aime une beauté monstrueuse mais aussi une beauté  classique). Cette image connote aussi l’inaccessibilité, voire la froideur.

V6 : On aperçoit un changement, une réaction immédiate du poète. C’est une réaction de crispation, il est tétanisé, pétrifié, figé. Il est fasciné. La métaphore « boire la douceur et le plaisir » est surprenante car le COD se fait attendre et l’image associe un terme concret à quelque chose d’abstrait. (Tout comme dans « Congé au vent » : « une rencontre odorante »). Baudelaire se voit comme un homme altéré (qui a soif), au sens symbolique du terme: il a soif d’absolu, d’Idéal, synthétisé ici par la « douceur » et la «  plaisir ».

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