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Lecture analytique - Les animaux malades de la Peste, Jean de La Fontaine

Commentaire de texte : Lecture analytique - Les animaux malades de la Peste, Jean de La Fontaine. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  20 Mai 2017  •  Commentaire de texte  •  1 705 Mots (7 Pages)  •  1 669 Vues

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LA

Les animaux malades de la peste

Comment La Fontaine dénonce-t-il une injustice de la société ?

  1. La dramatisation de la situation initiale

  1. La dramatisation du mal

Dès les premiers vers de « Les animaux malades de la peste », le lecteur est d’emblée plongé dans une situation dramatisée.

L’article indéfini (« Un mal ») ainsi que la répétition de « mal » aux deuxième vers crée un effet d’attente.

En effet, le mal évoqué dès le premier vers n’est caractérisé qu’au 4ème vers : « La Peste ».

Cette mise en scène du mal inspire la terreur, d’autant plus qu’au XVIIème siècle, le mal était associé au diable.

L’on peut alors voir à travers divers éléments des connotations religieuses.

Les majuscules à « Mal » et « Ciel » traduisent ainsi la crainte du monde divin qui sanctionne les mauvaises conduites, qui « punit les crimes sur terre ».

Les rimes « fureur » et « terreur » des 2 premiers vers renforcent l’atmosphère de peur qui se dégage du texte.

D’une part, la répétition du son « reur » semble rappeler le bruit de tonnerre, que l’on associe à la punition divine.

D’autre part, la rime souligne l’association  sémantique (liée au sens) de 2 termes : la fureur divine  a pour conséquence la terreur.

La répétition du pronom « tous » au vers 7 (« Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés ») crée une puissante impression d’universalité du mal qui frappe tous les êtres sans exception.

L’abondance des négations du vers 7 au vers 11 traduit d’autres part une situation de manque et de privation.

NOTIONS A AJOUTER : narrateur, théâtralisation, mise à distance, registre

La fable Les animaux malades de la peste s’inscrit dans plusieurs registres :

  • registre didactique  morale, dénonciation de la justice (fable)
  • tragique  destin tragique de l’Ane
  • ironique  ironie du narrateur, repose sur l’emphase (la longueur des phrases)
  • satyre  dénonce un groupe d’individus, groupe social

  1. La dédramatisation  

Néanmoins, la référence à l’Achéron au V. parvient à dédramatiser la situation.

En effet, dans l’antiquité grecque, l’Achéron est le fleuve qui sépare le royaume des vivants de celui des morts si bien que l’Achéron désigne ici la mort.

Pas de dédramatisation  car hyperbole de « enrichir ».

Or la Fontaine emploie, dans le vers « La peste capable d’enrichir en un jour l’Achéron » le terme « enrichir », surprenant puisqu’il connote positivement la mort, généralement ressentie par les hommes comme une perte.

Cette référence permet ainsi de dédramatiser la situation et rappelle au lecteur qu’il lit bien une fantaisie.

  1. L’hypocrisie du roi

Le lion se donne l’apparence d’un être amical, honnête et prêt au sacrifice pour son peuple.

En réalité, c’est un hypocrite qui maîtrise l’art du discours.

  1. L’autocritique du roi

Il ouvre son discours par une apostrophe amicale, « Mes chers amis », qui souligne le solennité du conseil.

Toutefois, le terme « ami » est déjà hypocrite : les autres animaux sont soumis aux décisions royales et ne peuvent entretenir un lien d’amitié avec le roi des animaux.

Le lion énonce la raison d’être du conseil sur le mode impératif : « que le plus coupable de nous / se sacrifie ».

Il ordonne ainsi la désignation d’un bouc-émissaire alors que lui-même n’est pas certain du résultat comme l’indique le modalisateur qui suit : « peut-être il obtiendra la guérison commune ».

Il entoure son discours d’autorité en évoquant « l’histoire » V.21, mais sans approfondir ses références.

Le lion commence alors son autocritique. Il semble faire preuve de courage et d’honnêteté en se confessant « sans indulgence » V.23.

Il révèle avoir dévoré « force moutons » (récidives multiples) pour satisfaire ses « appétits gloutons » (son appétit qui peut sembler naturel est travesti en défaut de gloutonnerie).

Le lion rappelle sa responsabilité pleine et entière puisqu’il n’a nullement agi par légitime défense : « Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense ».

  1.  Une issue inattendue

Le lion vient d’avouer un comportement fautif et semble prêt à se sacrifier pour le bien de son peuple.

Pourtant la conclusion de son autocritique va à l’encontre de l’issue attendue.

« Je me dévouerai donc, s’il le faut : mais je pense / qu’il est bon que s’accuse ainsi que moi / car on doit souhaiter, selon toute justice / que le plus coupable périsse. »

Le verbe « dévouer » au futur de l’indicatif annonce avec certitude le sacrifice du roi, mais cette certitude est aussitôt anéantie par les deux restrictions qui suivent : « s’il le faut » et la conjonction de coordination « mais ».

Le roi ne se sacrifiera pas.

  1. La flagornerie des courtisans
  1. La flatterie du renard

A travers la réplique du renard, Jean de La Fontaine épingle la flagornerie des courtisans.

Le renard qui maîtrise l’art de la rhétorique parvient à travestir les crimes du lion en objet de louanges.

L’exclamation et la question rhétorique à laquelle il répond de façon répétée disculpe le roi (« Eh bien, manger moutons, canailles, sottes espèces. Est-ce un péché ? Non non »).

Ce qui était sujet au blâme provoque l’éloge : la cruauté du lion se transforme en « scrupules » et en « délicatesse ».

Les victimes du lion sont dénigrées (« canailles, sottes espèces »), le crime est requalifie en « honneur » (« vous leur fîtes Seigneur / en les croquant beaucoup d’honneur »).

L’abondance de formules obséquieuses (« Sire », « Roi », « Seigneur ») et superlatives (« trop bon Roi », « trop de délicatesse ») vise à flatter la vanité du roi.

Le berger est un prétexte supplémentaire pour louanger le lion. Le renard considère que les hommes « qui sur les animaux / se font un chimérique empire » V.41 et 42 ont ainsi été justement punis. C’est ici l’adjectif chimérique qui sous-entend la toute-puissance avérée du lion.

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