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Lecture Analytique Les Bonnes de Jean Genet, scène du tilleul

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Par   •  5 Juin 2016  •  Commentaire de texte  •  1 283 Mots (6 Pages)  •  10 541 Vues

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Séquence 2 : Lecture Analytique n°2 Les Bonnes

Introduction

Problématique :

• Comment se manifeste la tension / l'anxiété dans cette scène ?

• Comment évolue la relation entre les Bonnes et Madame dans cette scène ?

I] Une scène de meurtre manqué

1°- Un résurrection miraculeuse

Juste avant, Madame est dans une posture défaitiste, elle est prête à rejoindre Monsieur en prison, les Bonnes ont donc une facilité pour la tuer car elle est abattue par la perte de son mari, mais les Bonnes font une erreur avec le téléphone et Madame reprend vie.

On le remarque par les didascalies :  • visage « souriant », « rient »

 • corps « se levant », « prend la fourrure »

=> paroles : retour d'un intérêt pour le quotidien

2°- L'objet du crime

Le tilleul ouvre notre extrait  • proposition « Le tilleul, Madame » => un ordre (phrase non-verbale)

 • échec : plusieurs raisons => un autre objet contrarie le scénario de meurtre « le récepteur », « la clé » => propos décousu car Madame commence une phrase, la coupe en apercevant le réveil puis termine sa phrase = aposiopèse, elle a l'esprit occupé : le tilleul est inapproprié.

 •  un échec progressif => distribution de la parole : Claire => Madame=> Solange

=> de nouvelles tentatives : p85, Claire réagit mieux car elle s'adapte. Le tilleul est proposé comme un remède avec le conditionnel.

=> le temps qui passe se mesure au tilleul qui refroidit, il marque le temps qui passe. Ex : « Je vais réchauffer le tilleul » (Claire), « Et ce tilleul qui est froid » (Madame)

Bilan : Nous pouvons dire que Claire et Solange (mais surtout Claire) perd complètement la maîtrise de la situation et ne parviennent au bout de leur projet du crime.

II] La fatalité dans cet extrait

1°- La lumière sera faite

Généralement, il existe une double métaphore de la vérité et du mensonge :

 • vérité = côté lumière = connaissance

 • mensonge = côté ombre = ignorance

Le texte de Genet reprend cette métaphore courante pour faire de Madame une enquêtrice :

=> qui a envoyé les lettres ?

=> pourquoi les objets par à leur place ?

=> pourquoi Madame sort si tard ?

+ justifications : phrases montrant la volonté de Madame, ex : « Je veux qu'on analyse … », « Avoue » (p84) => verbe à l'impératif => laisse entendre que Madame sait la vérité => pression sur Claire

analyse du discours => thème : fard pour qui ? => curiosité déplacée :

 • spectateur : avoue qui tu imites, avoue qui tu veux tuer, qui tu veux remplacer

Bilan : Plusieurs niveaux de compréhension selon que l'on est un personnage ou spectateur. Claire laisse échapper des indices :  • objets (détective)   • l'importance des blancs : aposiopèse et didascalies.

2°- Madame, enquêtrice … malgré elle

écart de plus en plus fort entre Madame et le spectateur, plus le spectateur comprend, moins Madame comprend. Madame va accabler les Bonnes de questions. Solange complète la phrase interrompue de Claire et fait comme si c'était normal.

Fossé / décalage :  • Solange = béquille

  • « Oh ! Si Madame savait ! » (p81) => le verbe « savoir » est en emploi absolu.

Plusieurs interprétations possibles :

- savoir … pour la sortie de prison

- savoir … pour les lettres

- savoir … pour le projet de crime

Claire a de la chance car Solange part et Madame est complètement lunatique, cyclothymique.

III] Le personnage de madame : l’incarnation de la fatalité pour les deux bonnes ?

  1.          1°- La domination écrasante de madame

Contre toute logique, Solange et Claire vont avouer à sa patronne que monsieur est sorti de prison : « Monsieur est en liberté provisoire. – Il attend Madame au Bilboquet. ». Les deux sœurs semblent d’ailleurs perdre tous leurs moyens au contact de leur patronne : elles n’ont d’autre solution que de se taire ou de révéler une partie de la vérité : le silence gêné apparaît à de nombreuses reprises dans les didascalies: « silence » ; « Claire se tait. » ; « long silence » Lorsqu’elle s’exprime, Claire parle d’une voix « blanche » ou se montre très « gênée », les aposiopèses rendues par les points de suspension montrent son trouble et ses hésitations. Sur cette scène de crime potentiel, le temps a une grande importance : les deux bonnes doivent le maîtriser pour empoisonner Madame, mais elles n’y parviennent pas. C’est Madame qui rythme cette scène et contrôle l’heure grâce à son bracelet montre ou au réveil.  

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