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Lecture analytique, Le désir de peindre de Charles Baudelaire

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Par   •  2 Juin 2018  •  Commentaire de texte  •  1 637 Mots (7 Pages)  •  3 930 Vues

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LA Poésie, Le désir de peintre de Charles Beaudelaire, Le Spleen de Paris, 1869.

Intro :  Ce poème est extrait du recueil Le Spleen de Paris écrit par Charles Baudelaire et publié en 1869, 2 ans après sa mort. Dès 1865, Baudelaire avait commencé à rédiger des poèmes qui avaient paru dans diverses revues littéraires avant de les regrouper dans un recueil. Ce recueil est composé de poèmes en prose et constitue le pendant (l’équivalent) du recueil en vers Les Fleurs du mal et notamment de la section « Tableaux parisiens ». Baudelaire, précurseur du symbolisme, se veut être le Peintre de la vie moderne, titre d’un essai consacré au peintre et dessinateur Constantin Guy dont il va s’inspirer, qui réussit à saisir dans ses dessins le spectacle ordinaire de la rue, melée de grotesque et de tristesse. Baudelaire avait pour objectif dans ce recueil de faire tableau en s’inspirant de la vie moderne. Il renonce à l’Idéal et opte pour un réalisme nouveau en abordant ainsi le thème de la ville. Cependant, il s’intéresse à la réalité plus ordinaire comme à la violence de la ville et les misères urbaines (pauvreté, prostitution, vieillesse) sous le second Empire. Par cette transfiguration de la réalité de la ville, ce recueil annonce les récits surréalistes.

Il s’agit içi du poème en prose numéro 36 intitulé Le désir de peintre. Dans celui-ci, Beaudelaire aborde la création artistique. Il évoque la difficulté pour l'artiste de créer une œuvre à travers le portrait pictural d'une femme.

I Le portrait de la femme.

A. Une femme insaisissable.

-La première chose que nous constatons est le caractère fugitif de cette femme : le double intensif « si » l.2 = «  si rarement » et «  si vite » = difficulté de représenter celle qu’il n’a qu’entrevue. Référence à un passé qui rend difficile toute représentation car le souvenir l’efface = « Comme il y a longtemps déjà qu’elle a disparu ! ». Difficulté mise en valeur par la modalité exclamative ainsi que par la structure intensive « Comme » qui insiste sur l’éloignement temporel de cette entrevue. Comparaison à « une belle chose regrettable » que le voyageur ne peut percevoir. Comparaison qui exprime toute la fugacité de cette rencontre, son caractère éphémère qui rend toute représentation précise problématique.

-Cette dimension insaisissable est complétée par l’indétermination dans l’identité de cette femme : d’abord désignée sous la forme d’une périphrase « celle qui m’est apparue » / Reprise pronominale qui émaille tout le poème avec la répétition de «  Elle » sans que la référence de ce pronom soit établie. Pronom démonstratif « celle-ci » dans le dernier paragraphe : elle appartient au groupe général des « femmes », ce qui renforce la difficulté à la préciser. Cette femme appartient à un groupe, mais il est difficile de la singulariser, de la décrire avec précision.

Cette imprécision est également présente dans la thématique du clair obscur.

B. Un portrait entre lumière et obscurité.

-Cette femme est décrite entre deux teintes opposées que sont la lumière et l’obscurité : L’antithèse « explosion/ ténébre » ou l’oxymore « Soleil noir » donnent le ton...

-L’isotopie de l’obscurité est très présente : « La nuit »l.3 / « le noir abonde » l.5 / «  tout ce qu’elle inspire est nocturne et profond » = structure avec la tournure «  tout ce que » qui semble réduire cette femme à son obscurité / « une nuit orageuse et bousculée par les nuées » = les nuages appuient l’obscurité car ils rendent sa caractérisation difficile.

-L’isotopie de la lumière vient contraster celle de l’obscurité : «  scintille vaguement » mais l’adverbe «  vaguement » vient modaliser, atténuer cette lueur. / « Son regard illumine comme l’éclair » = forte lueur et comparaison avec l’éclaire qui insiste sur la luminosité mais le mot «  éclair » insiste aussi sur la brièveté de cet éclat lumineux.

-L’allusion aux « Sorcières thessaliennes » semble en effet être une allotopie (réunion de deux isotopies contraires, ici la lumière et l’obscurité) : rapporté par Lucain dans La Pharsale , cet épisode, qui est une mise en scène mythologique de l’éclipse lunaire, narrativise le contraste entre lumière et obscurité.

C. La célébration esthétique de cette femme inconnue.

-Cette femme est célébrée et le poète déploie les ressources du registre de l’éloge : répétition de l’adjectif «  belle » avec la tournure superlative « plus que belle » / adjectif «  petit » l.15 qui a une valeur esthétique mais aussi hypocoristique / « grâce inexprimable » = tournure méliorative / métaphore «  superbe fleur éclose » qui est une célébration de sa beauté.

-Cette célébration esthétique s’accompagne d’un parallèle qui est fait avec la lune : « Mais elle fait plus volontiers penser à la lune ». Le terme « Lune » est répété 5 fois dans le troisième paragraphe : crée un motif rythmique (leitmotiv) propre à exprimer l’importance de cet astre. Structure répétée aux lignes 10 et 13 : «  non pas la lune … mais la lune » = femme qui correspond à une lune. Ainsi c’est une lune qualifiée négativement qui permet de décrire cette femme « sinistre », « enivrante », «  vaincue » et «  révoltée » Ce parallèle crée une dimension inquiétante chez cette femme, ce que confirme la place de la lune dans le recueil Le spleen de Paris. Le poème qui suit « Le désir de peindre » s’intitule «  Les Bienfaits de la lune » et expose également le caractère effrayant et malveillant de cet astre.

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