Lecture Analytique, Aube, Arthur Rimbaud
Fiche : Lecture Analytique, Aube, Arthur Rimbaud. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar loizomouche • 31 Octobre 2018 • Fiche • 8 099 Mots (33 Pages) • 1 313 Vues
Aube, Arthur Rimbaud
Pb Possibles : En quoi ce poème est-il original ? / En quoi ce poème est-il une aventure initiatique ? Qu’est-ce qui fait la modernité de ce poème ? En quoi ce texte est-il un poème ?
- Le récit d’une course traduisant un récit onirique
- Une situation énonciative et une temporalité ambiguë du récit
- La présence de personnages : l’énonciation est caractéristique du récit : ici, le narrateur, qui est aussi un personnage, est représenté par la première personne du singulier + le pronom « je » est toujours le sujet des verbes conjugués au passé composé pour donner une impression d’oralité (le narrateur-poète raconte son expérience au lecteur)
+ La fleur « qui (lui) dit son nom » et l’aube, personnifiée en « déesse » peuvent être considérées comme des personnages du récit
- Le choix de la prose rapproche également d’un point de vue formel ce poème d’un récit
- Présence d’un schéma narratif : la situation initiale montre une nature « morte », sombre « camps d’ombres » et immobile « rien ne bougeait ». Les temps verbaux sont ceux du récit : l’imparfait « bougeait » ; « était » pour les descriptions de second plan + L’élément perturbateur est le « je » qui introduit le 1er mouvement du poème par le verbe d’action. Le réveil de la nature marque le début des péripéties du récit, principalement narrées au passé simple « regardèrent » ; « se levèrent » qui indiquent les actions ponctuelles de premier plan ; jusqu’à la chute finale signalée par le verbe « tomber ».
- Le poème suit une évolution chronologique cohérente : il commence par « aube » et finit par « midi »
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- Un lieu composite et fluctuant dessine le parcours du poète
- Ch.lex. du monde urbain « palais », « cloches », « dômes » ; « marbre », + amplification avec le pluriel qui traduit une discrète somptuosité.
Mis en parallèle avec le ch.lex. de la nature « bois » ; « sentier » ; « fleur » ; « wasserfalls » (nom allemand pour ‘cascade’) ; « coq » ; « bois » x2
- On voit aussi un jeu de lignes : horizontales « routes » ; « plaines » et verticales « wasserfall » ; « cimes » : « clochers, dômes » ; « en haut » ; « en bas »
Ainsi qu’un mélange de matières : liquide avec la présence de l’eau « eau ; wasserfall » ; « quai » ; solide « palais » ; « marbre » et aérien « les ailes » ; « les voiles »
Enfin, une composition géographique : paysages du nord : mot allemand + « sapin » et méditerranéen « lauriers »
- Évolution spatiale : les nombreuses indications de lieux dessinent un parcours. (Cadre initial : « palais » (v.2) ; « eau » (v.2) ; « bois » (v.3) puis itinéraire dont l’idée est confirmée par les verbes de mouvement : « j’ai marché » (l.4) ; « courant » (l.12) ; « chassais » (l.13))
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- Un univers de conte de fées
- ch lex de la richesse, magnificence : « pierreries » ; « argentée » ; « marbre » ; « palais »; « clochers » ; « dômes »
- un narrateur aux pouvoirs magiques : par sa marche, il éveille la nature / il a le don de comprendre les fleurs / son rire éveille la cascade / il poursuit une déesse.
- Les indications de lieu dépassent une perception réaliste : actions simultanément à la ville et à la campagne. Ces différents lieux, v.10 à 13, défilent à toute vitesse / wasserfall, évoquant les légendes germaniques où abondent les bois et les cascades)
- vocabulaire du conte de fées : « palais », pierreries », « déesse »
- v.17 : ce récit n’était qu’un rêve (dimension onirique du poème)
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- Omniprésence d’un « je » aux pouvoirs magiques
- Narrateur-personnage omniprésent et ambigu
- 1er mot du texte : « j’ ». Puis présence constante de cette 1ere pers. : « je » (9 occurrences) + « me ». « Je » est souvent en début de phrase, de strophe, et sujet des verbes d’action (« embrassé » / « marché » / « ris » / « levai »… ). Il exprime aussi ses sentiments (v.7 ; v.12) > registre lyrique.
- Cependant, v.16, « je » > « l’enfant » : apparition d’un personnage, l’enfant, qui remplace « je », et que l’on associe aussitôt au narrateur. Mise à distance du narrateur.
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- Un « je » qui éveille la nature
- avant le passage du poète, la nature est morte. Champ lexical de l’inertie, de la mort.
- L’action du narrateur – « J’ai marché » (v.4) arrête l’inertie et donne l’impulsion à la nature qui s’anime à son tour : « « réveillant les haleines vives et tièdes » (v.4) : chaque mot appartient au champ lexical de la vie, et ainsi personnifie la nature.
- Nature personnifiée aussi à travers des verbes : « les pierreries regardèrent » (v.5) ; « une fleur qui me dit … » ; le « wasserfall blond s’échevela » (v.8). (La personnification était peut-être déjà annoncée, indirectement, par les mots « front » et « palais » (v.2) qui font référence au corps humain)
- personnification de l’aube : associée à une déesse (v.9), avec un « immense corps » (v.16). De même, elle est sujet des verbes « fuyait » et « tombèrent ».
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- Une interprétation énigmatique
- Une expérience initiatique : l’amour
- Le poème raconte comment l’enfant, qui vivait en communion avec la nature, découvre l’amour physique, après avoir poursuivi longuement sa ‘proie’ (« je la chassais » v.13). Son but est bien le dévoilement (« je levai un à un les voiles ») puis la possession (« je l’ai entourée » / « j’ai senti un peu son immense corps » / J’ai embrassé » ). Mais l’étreinte accomplie est aussitôt sanctionnée, comme dans la Bible, par la chute (v.16). Ce poème peut donc être vu comme le récit d’un fantasme transgressant l’interdit.
- ‘Aube’ vient de ‘alba’= blanche, et connote la pureté, l’innocence. C’est un moment important, où la nuit laisse la place au jour, le sommeil au réveil. C’est le moment où les choses basculent, comme le suggère métaphoriquement la chute finale.
- Cette course-poursuite peut alors être perçue comme un échec sentimental : la femme, inaccessible car trop idéalisée, échappe au narrateur qui ne parvient, finalement, qu’à sentir « un peu son immense corps »
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- Une folie poétique
- forme originale du poème en prose
- les images ont une tonalité magique : l’ambiguïté de certaines structures et la polysémie des termes achèvent de brouiller la logique pour faire surgir l’enchantement. Les métaphores (« camps d’ombres » ; « haleines vives »…), les personnifications, les comparaisons (« courant comme un mendiant » : contradiction, puisqu’un mendiant attend, justement, sans bouger), la confusion entre « aube », « déesse » et « elle », tout cela conduit le lecteur à s’interroger sur le sens du poème.
- Ce récit merveilleux offre plusieurs niveaux de lecture. Ainsi, comme l’aube, la poésie est quelque chose qui échappe indéfiniment et qui convie à la poursuite. Elle fait du poète un « mendiant », toujours en quête d’un langage poétique nouveau. Les « lauriers » (v.14) peuvent renvoyer au poète vainqueur des concours antiques (couronnés alors de lauriers).
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Un hémisphère dans une chevelure - Baudelaire
- Un cri d'amour impulsif et passionnel
- L'amoureux sensuel et entier
- Une ponctuation traduisant l'enthousiasme et la passion de Baudelaire : abondance de points d'exclamation, louanges (« Ô boucles ! »). La syntaxe traduit également cet état d'amour fou et irraisonné : beaucoup de phrases sont de simples exclamations, descriptives, sans verbe conjugué (« des souvenirs dormant dans cette chevelure »).
- L'être aimé, présent par une partie de son corps : ses cheveux (métonymie), est l'unique et suffisante source d'inspiration pour l'auteur. Elle est sa muse, son inspiratrice, elle suffit à déclencher en lui un torrent d'amour et de sentiments.
- L'usage du futur : la pérennité de son amour ne fait aucun doute.
La puissance évocatrice de cette femme par sa chevelure est intemporelle, éternelle, c'est une source inépuisable d'inspiration.
- L'invasion sensuelle : la chevelure de cette femme mobilise tous les sens de l'auteur (« parfum », « ardeur des climats », « houle », « le son et la couleur »). Abondance d'adjectifs, de descriptions, de sensations, d'image.
- La chevelure de l'aimée, médium du rêve
- La chevelure prend diverses formes : un mouton (v.1), un mouchoir (v.5), une forêt (v.8), mais surtout la mer « vogue », « nage », « la houle qui m'enlève », « mer d'ébène », « de voiles, de rameurs, de flammes et de mâts », figure féminine, maternelle, mais aussi dangereuse car on peut s'y noyer.
- L'auteur, captivé par cette chevelure envahissante et si inspirante, s'évade dans le monde du rêve. Il s'imagine happé par cette chevelure quasi divine, et se laisse aller tout entier, corps et âme (sensations et sentiments) aux fantasmes.
- Une dépendance volontaire et souhaitée
- L'auteur se glisse dans cet univers sensuel qu'évoque cette chevelure, avec délice : « le mien, ô mon amour ! nage sur ton parfum », « j'irai là-bas », « mon âme peut boire », « je plongerai ma tête amoureuse d'ivresse », « je m'enivre ardemment des senteurs confondues ». L'auteur est dépendant de cet état d'amour intense et irrationnel, il en a conscience et recherche à prolonger cette sensation « d'ivresse ».
= On retrouve ici la tendance de Baudelaire à vanter les mérites des drogues les plus variées, sa passion pour les états seconds et tout ce qui peut les provoquer.
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