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Lecture analytique "Le Mal", Rimbaud

Commentaire de texte : Lecture analytique "Le Mal", Rimbaud. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  25 Janvier 2016  •  Commentaire de texte  •  751 Mots (4 Pages)  •  4 918 Vues

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Projet de lecture du poème « LE MAL », de Rimbaud

De quel «mal» le poète dresse-t-il le réquisitoire ?

 I ) Ce sonnet est d’abord une description épique de la guerre.

a- Des détails réalistes rendus sensibles. Champ lexical de la guerre : « mitraille », « feu », « bataillon », « morts ».

Détails visuels (couleurs : « rouge », « vert », « noir », « bleu ») Détails auditifs (« sifflent ») olfactifs (« tas fumant »). Verbes au présent : effet de proximité, illusion de réel.

b- La guerre n’est que chaos. Destruction absolue : « « croulent les bataillons », « de cent milliers d’hommes un

tas ». Masse déshumanisée. Contre-rejet du verbe violent « broie » : mise en valeur de la dévastation.

c- Le texte donne à entendre ce carnage.

Terme «crachats», vulgaire, métaphore des balles tirées, à l’hémistiche du premier alexandrin, terme aux sonorités rudes. Laideur absolue. Allitération en « k » et « r » dans le premier quatrain, poursuivant le terme «crachats»: «rouges», «mitraille», «jour», «écarlates», «verts», «Roi», « raille », « croulent ». Sons agressifs qui imitent la guerre.

II ) Ce poème est ensuite une critique du pouvoir.

a- Des dirigeants manipulateurs jugés arrogants et irresponsables. Guerre absurde menée par des chefs méprisants vis à vis de leurs hommes : « Roi qui les raille ». Sadisme d’assister, de loin à la mort. Indifférence : « écarlates ou verts » ; rouge, couleur des soldats français, vert couleur des soldats prussiens. Référence à la guerre de 1870 dont Rimbaud a été témoin. L’ensemble est méprisé par les dirigeants ; pas de nationalisme, la guerre a perdu ses valeurs d’héroïsme. Aucune justification à cette guerre : « folie épouvantable ». Dirigeants irresponsables, manipulateurs (hommes réduits à l’état d’objet : « fait de cent milliers d’hommes »).

b- Des familles abandonnées. Registre pathétique concernant la mère : « peine », « pleurant », « mouchoir ».

Rejet : « ramassée / Dans l’angoisse » : insistance sur l’isolement, la tristesse. Sa pauvreté (« vieux bonnet »), son impossibilité à payer un remplaçant pour éviter à son fils le conflit (« un sou » uniquement).

c- Un poète qui s’insurge et prend parti.

Le poète ne peut s’empêcher d’intervenir et d’exprimer ses émotions. Utilisation des tirets (vers 7 et 8), comme une pause pour montrer sa sidération, de stupeur. Lexique affectif : « épouvantable », « pauvres ». Pitié. Indignation : plusieurs points d’exclamation.

III ) Ce texte est surtout une remise en cause de la religion, suppléée par la Nature.

a- De fortes oppositions laisseraient envisager un espoir. Construction du poème ; une seule longue phrase, avec plusieurs anaphores de « Tandis que » qui créent un effet d’attente : on espère une résolution à l’horreur des combats. Construction classique d’un sonnet : chute, dans les tercets. Le verbe principal, après les « Tandis que les crachats » et « Tandis qu’une folie épouvantable, broie », arrive au vers 9 : « Il est un Dieu ». Antithèses dans les couleurs (« rouges » / « or »), dans les odeurs (« tas fumant » / « encens »), dans les richesses (« pauvres », « vieux bonnet », « sou » au singulier / « nappes damassées », « grands calices », tout au pluriel), dans les bruits (« mitraille », « sifflent » / « bercement des hosannah », sonorités douces des deux tercets).

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