Le rouge et le noir: Julien menace Mathilde (livre II chap 17)
Dissertation : Le rouge et le noir: Julien menace Mathilde (livre II chap 17). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar apascault • 20 Avril 2022 • Dissertation • 1 850 Mots (8 Pages) • 2 837 Vues
Julien menace Mathilde
M. de La Mole était sorti. Plus mort que vif, Julien alla l'attendre dans la bibliothèque. Que devint-il en y trouvant Mlle de La Mole? En le voyant paraître, elle prit un air de méchanceté auquel il lui fut impossible de se méprendre.
Emporté par son malheur, égaré par la surprise, Julien eut la faiblesse de lui dire, du ton le plus tendre et qui venait de l'âme: Ainsi, vous ne m'aimez plus?
—J'ai horreur de m'être livrée au premier venu, dit Mathilde, en pleurant de rage contre elle-même.
—Au premier venu! s'écria Julien, et il s'élança sur une vieille épée du Moyen Âge, qui était conservée dans la bibliothèque comme une curiosité. Sa douleur, qu'il croyait extrême au moment où il avait adressé la parole à Mlle de La Mole, venait d'être centuplée par les larmes de honte qu'il lui voyait répandre. Il eût été le plus heureux des hommes de pouvoir la tuer.
Au moment où il venait de tirer l'épée, avec quelque peine, de son fourreau antique, Mathilde, heureuse d'une sensation si nouvelle, s'avança fièrement vers lui; ses larmes s'étaient taries.
L'idée du marquis de La Mole, son bienfaiteur, se présenta vivement à Julien. Je tuerais sa fille! se dit-il, quelle horreur! Il fit un mouvement pour jeter l'épée. Certainement, pensa-t-il, elle va éclater de rire à la vue de ce mouvement de mélodrame: il dut à cette idée le retour de tout son sang-froid. Il regarda la lame de la vieille épée curieusement et comme s'il y eût cherché quelque tache de rouille, puis il la remit dans le fourreau, et avec la plus grande tranquillité la replaça au clou de bronze doré qui la soutenait.
Tout ce mouvement, fort lent sur la fin, dura bien une minute, Mlle de La Mole le regardait étonnée: J'ai donc été sur le point d'être tuée par mon amant! se disait-elle.
Cette idée la transportait dans les plus beaux temps du siècle de Charles IX et de Henri III.
Stendhal, Le Rouge et le Noir, livre II, chapitre 17, page 394-395
Introduction
L'extrait 2 se situe dans le chapitre XII, intitulé une vieille épée dans le Rouge et le Noir. Il se situe dans le livre partie II page 394-395. Stendhal, un écrivain réaliste et romantique du XIXème siècle, publie pour la première fois son roman le Rouge et le Noir en 1830. Dans cet extrait, il y a des tensions entre Mathilde et Julien qui tombe alors très amoureux. Julien quitte la capitale pour le midi et tente de tuer Mathilde sans succès, elle en est très bouleversée
Problématique:Comment les différentes facettes de l'amour entre Julien et Mathilde sont-elles mises en valeurs dans cet extrait ?
Plan :
I] intention de Julien
II] la colère folle
III] Julien change d'avis
IV] Mathilde idéalise la violence
I] intention de Julien
- Mr de La Mole n'est pas présent, il n'y aura pas de témoins à la scène
- dramatisation + hyperbole : Julien déçu de devoir annoncer son départ au marquis (Julien amoureux de Mlle de La Mole : sentiments bouleversés)
- lieu emblématique pour Julien qui se caractérise par la lecture
- Suspense : que va-t-il se passer pour Julien en trouvant Mme de la Mole ?
- Il est dominé par ses sentiments (émotions au 1er plan) : surprenant car Julien n'a pas l'habitude de s'ouvrir ainsi aux autres : il porte un masque en permanence
- « Emporté » + « égaré » : Julien ne se contrôle plus, sa sincérité est réelle
- superlatif + métaphore : sensibilité + hyperbole des émotions, d'autant plus que le rythme est croissant : dramatisation de la scène (7 syllabes, puis 9, puis 11)
- choque et impuissance de Julien face à Mathilde + question explicite sa douleur puisqu'elle prend la forme d'un constat
- réponse violente de Mathilde : elle instaure une distance méprisante avec Julien, mépris explicite dans l'expression « au premier venu » qui remet Julien dans la masse indistincte des hommes (alors qu'il cherche désespérément d'en sortir)
- « horreur » : elle est dégoûté, elle regrette (Mathilde ressent presque de la haine envers Julien) : tension dramatique
- « livrée au premier venu » : Elle qualifie Julien comme quelqu'un d'insignifiant pour elle (Julien passe d'amant, à personne pour Mathilde)
- Expressions hyperboliques ajoutent une dimension presque tragique à la réplique de Mathilde qui est toujours dans l'excès (allitération en « r » : tension dramatique de l'instant) + elle ressent également du mépris vis-à-vis d'elle-même
II] La colère folle
- Julien répète les mots de Mathilde + Point d'exclamation suivi du verbe : émotion violente contenue dans la phrase. On sait que Julien est orgueilleux et qu'il cherche à tout prix à s'élever hors de la masse, on comprend alors que son humiliation et son indignation est poussé à son paroxysme (émotions violentes)
- ce mouvement soudain est une conséquence directe et instinctive de son humiliation
- dimension tragique atteint son apogée avec l'épée : symbole de l'honneur de la vengeance et la mort
- « Moyen Âge » : connotation héroïque de Julien (Moyen-âge : chevaliers)
- « vieille épée » + « comme une curiosité » : héroisme / dimension magique discrètement moquée par les détails sur cette épée (vieille : atténue sa dangerosité + sa fonction : servir d'objet de décoration dans la bibliothèque)
- imparfait : suspend l'action( description pensées de Julien) : on passe du passé simple à l'imparfait de description : permet au narrateur de se moquer discrètement de Julien
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