"Le rat qui s'est retiré du monde" La Fontaine, livre VII, 3
Commentaire de texte : "Le rat qui s'est retiré du monde" La Fontaine, livre VII, 3. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Skyeline0407 • 8 Avril 2021 • Commentaire de texte • 1 479 Mots (6 Pages) • 570 Vues
Commentaire littéraire : "Le Rat qui s'est retiré du monde" La Fontaine. Livre VII, 3.
Un personnage dénué d'empathie
- Un récit alerte Composition du récit :
- v. 1 à 12 : situation initiale. La retraite du rat. Les avantages de sa retraite.
- v. 13 à 23 : élément perturbateur. La députation des rats et leur requête.
- v. 24 à 29 : réponse du rat.
- v. 30 à 31 : dénouement soudain.
On remarque le soin que La Fontaine accorde à la mise en place de la fiction, dans la situation initiale. La situation est amusante car le rat coule, dans son fromage, des jours heureux. Champ lexical de la rondeur (allusion à la forme traditionnelle du fromage de Hollande avec le GN "fromage de Hollande" puis " à la ronde", "gros et gras"). Passé ce tableau du rat dans sa retraite, la fable s'accélère grâce au dialogue jusqu'à la brutalité de la porte claquée. v.30-31 : après les 2 alexandrins, les courts octosyllabes miment la porte qui se referme brutalement.
- Un dialogue qui révèle l'égoïsme du rat
Tout d'abord, on constate que la requête que lui adresse la députation des rats est au discours indirect libre (v. 16 à v. 21). Les propos ainsi retranscrits par le fabuliste, ont un effet moins grand que le discours du rat, rapporté au discours direct, et qui apparaît par contraste, plus vif.
Selon les députés la situation est dramatique : "Ratopolis est bloquée"; On comprend que la ville est assiégée : v. 21 : "la république attaquée". Notez les allitérations en (K) tout comme les allitérations en (r) telles que "terre étrangère", "chercher", "secours", " Ratopolis" qui insistent sur la dureté, la violence de la situation.
Leur situation financière est désastreuse "indigent", "sans argent" : rimes plates.
- 15, 17,19 et 22 : chaque alexandrin met en valeur une demande pressante des rats.
Et cependant le récit insiste sur la modération de la requête : "quelque aumône légère", "ils demandaient fort peu". L'adjectif "légère" et les adverbes de quantité insistent sur ce point. Le lecteur est incité à la compassion.
Le rat ne se laissera pas convaincre à cause de son égoïsme et restera sourd à la demande pourtant fort modérée compte-tenu de la situation. Il se montre même incapable d'empathie. Il ne fait preuve d'aucune pitié.
Le discours direct du rat (v. 24 à v. 29) met en relief l'égoïsme de l'animal, défaut que la situation initiale annonçait déjà, de façon implicite. Refus d'écouter et d'accéder à la demande des députés, aucune empathie. V. 25 "les choses d'ici-bas ne me regardent pas". Négation dans ce vers. Questions oratoires des vers 27 et 28. Refus du dialogue.
On notera que les verbes "assister" et "faire" , "aide", sont placés aux côtés de termes interrogatifs qui soulignent l'incapacité d'agir "En quoi peut" v. 26 , "Que peut" v. 28. Enfin, le v 31 est un octosyllabe, comme les vers 30 à 34.
Brutalité de la décision qui se traduit par la porte claquée au museau des députés.
Ce personnage, à son aise dans son fromage, satisfait de son état, entend défendre ses avantages.
Critique d'un personnage hypocrite
- Distorsion entre la prétendue vocation du Rat et la réalité
Le rat se fait passer pour "un dévot personnage" v. 13, ce qu'en vérité il n'est pas. Champ lexical de la religion : ""soins d'ici-bas", " ermite", "Dieu", "ceux qui font vœu d'être siens". Bien qu'homme de foi, v34 : "un moine ? non, un dervis:", il n'est pas charitable. Il reste indifférent à la détresse des autres qui sont "sans argent", et dans "l'état indigent/ de la République". Soucieux de satisfaire ses intérêts personnels, le Rat préfère claquer la porte plutôt que porter secours et de partager son trésor : le fromage. Le terme "personnage" v13 insinue qu'il peut s'agir d'un personnage de comédie, à la façon du Tartuffe de Molière.
L'intervention du narrateur, v. 11, ressemble à un sermon : "Dieu prodigue ses biens/ A ceux qui font vœu d'être siens". On notera l'ironie du double sens du mot "biens" car les biens spirituels promis pour tous ceux qui font vœu d'ascèse ont été transformés en biens terrestres v. 10 : "le vivre et le couvert", le Rat devenant ainsi "gros et gras".
Ce désir de vivre isolé des autres ne correspond pas au dessein véritable d'un ermite qui se tient à l'écart du monde pour se consacrer à la prière et à l'adoration de Dieu.
...