Le personnage de roman doit-il forcément sortir de l’ordinaire pour plaire au lecteur ?
Dissertation : Le personnage de roman doit-il forcément sortir de l’ordinaire pour plaire au lecteur ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Florencia Cabral • 1 Octobre 2019 • Dissertation • 2 157 Mots (9 Pages) • 940 Vues
“Une poignée de personnages littéraires ont marqué ma vie de façon plus
durable qu’une bonne partie des êtres en chair et en os que j’ai connus”, affirmait
Mario Vargas Llosa, prix nobel de la littérature. Ainsi, chaque personnage
romanesque, emblème de l’extraordinaire et le lointain ou incarnation du banale
et du quotidien, se définit par sa complexité. Des personnages héroïques et
braves tels que Hercule, aux personnages qui font ‘concurrence de l'état civil’
comme l’a dit Balzac, le personnage du roman a évolué au fil des siècles, tout
comme la perception du lecteur.
Ainsi, le personnage du roman ne doit pas forcément sortir de l’ordinaire
pour plaire au lecteur. Ce plaisir peut se trouver dans les personnages plus
‘banales’ auxquels le lecteur s’identifie ou alors dans les personnages
exceptionnels qui font rêver. Nous nous demandons donc ce qu,dans la
découverte des êtres de papier, séduit le lecteur. Certes, Le personnage
extraordinaire captive, néanmoins le personnage ‘commun’ est aussi attirant. De
toute manière, soit banale ou extraordinaire, la construction du personnage est
une réflection du lecteur.
D’abord nous allons nous intéresser à la captation du lecteur à travers
des personnages sortant de l’ordinaire. Pour cela nous nous intéresserons à ce
qui fait d’un personnage ‘admirable’, héros ou antihéros.
Le roman est considéré comme l'héritier de l'épopée, avec les récits
bibliques comme source d’inspiration majeure pour ces récits épiques. Pourtant
les premiers personnages dits ‘romanesques’ sont inscrits dans une narrative
extraordinaire. Par exemple, Enée dans L'Enéide de Virgile ou encore Ulysse
dans l'Odyssée d'Homère sont remarquables par leur force physique, ou encore
des personnages des romans de chevalerie comme Don Quichotte dans Don
Quichotte de la Manche de Miguel de Cervantes Saavedra par leur bravoure.
Ces personnages attirent l’attention du lecteur par leur résilience face aux
diverses situations éprouvantes auxquelles ils font face. Nous pouvons aussi
évoquer le fameux Sherlock Holmes dans Les Aventures de Sherlock Holmes de
Sir Arthur Conan Doyle, ou Holmes se démarque par son intellect et son pouvoir
déductif ainsi que son instinct et intuition.Ainsi le lecteur est immédiatement
captivé par les personnages, il suit ses aventures et les admire car ils
représentent une réalité imaginaire et éloignée de la sienne, indépendamment du
siècle ou celui se trouve. Un autre exemple pour illustrer cela, c’est les aventures
des frères et soeurs Pevensie dans Le Monde de Narnia de C.S Lewis. Ces
personnages affrontent des défis lors de sa rentrée à Narnia, un monde presque
merveilleux ou la destinée règne. Le lecteur suit les péripéties des ces enfants
extraordinaires, capables de sauver les créatures mythiques de Narnia. Ils
arrivent à transporter et faire rêver le lecteur.
Néanmoins, le caractère extraordinaire d’un personnage de roman peut
reposer sur des différents éléments, moins évidents, qui font de lui un être
exceptionnel. Ainsi, Madame de la Fayette nous presente avec La Princesse de
Cleves les premiers personnages romanesques psychologiquement complexes.
Madame de Clèves fait preuve d’une force inébranlable contre son amour pour le
Duc de Nemours. Ici, l'héroïne montre sa conviction et sa détermination. Elle livre
deux batailles très différentes, elle se bat contre elle même car elle désire le Duc,
et au même temps elle se bat contre les adversités qui se présentent et qui
risquent de détruire son mariage avec Monsieur de Clèves. Tout comme
Madame de Tourvel dans Les Liaisons Dangereuses ou Kyo dans La Condition
Humaine, elle incarne le dévouement et la force morale. Ces éléments la rendent
un personnage authentique et exceptionnel. Ces personnages se démarquent
ainsi par ses qualités morales et psychologiques, extraordinaires voire divines, ils
représentent un idéal.
Cependant, le caractère exceptionnel et fascinant des personnages n’est
pas limité par les contraintes morales, ainsi les personnages incarnant des
qualités ‘négatives’ peuvent aussi capter l’attention du lecteur et se différencier
des autres personnages. Des antihéros, comme Ferdinand Bardamu dans
Voyage au bout de la nuit par Louis Ferdinand Céline, est un personnage
mémorable qui s’inscrit dans l’imaginaire collectif par ses qualités négatives. Son
pessimisme et sa volonté de confronter la condition humaine ajoute son manque
d'intégrité et son opportunisme font de lui un personnage unique et compliqué à
saisir. Néanmoins à travers sa construction psychologique et ses voyages, le
lecteur peut se plonger dans la misère pathétique et le patriotisme virulent qui
font de cette oeuvre un incontournable. La lecture devient ainsi presque
cathartique pour le lecteur, le parcours du personnage et son expression rendant
le récit d’une manière ‘douloureux’ à suivre. Le personnage peut être fascinant
par son honnêteté et sa transparence ainsi que pour son génie machiavélique
utilise pour atteindre ses buts. Nous pouvons évoquer Madame de Merteuil et le
Vicomte de Valmont, personnages centraux de Liaisons Dangereuses de Laclos.
Ces deux héros sont transgresseurs et s’inscrivent dans le courant libertin. A
chaque reprise, ils utilisent leurs moyens pour atteindre ses buts de façon
égoïste et sans tenir en compte les possibles répercussions. Le désir et la
domination se trouvent au coeur de leurs entreprises tandis qu’ils représentent,
tous deux, la société de la fin du XVIIie siècle. Le lecteur se plonge dans un
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