Le Rouge et le Noir, II, chapitre XLI
Synthèse : Le Rouge et le Noir, II, chapitre XLI. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Evan.lec • 1 Février 2022 • Synthèse • 1 502 Mots (7 Pages) • 609 Vues
Discours de Julien à son procès, Le Rouge et le Noir, II, chapitre XLI
Projet de lecture : montrer que Julien plaide coupable contre son crime tout en faisant un réquisitoire contre la société de classes.
Mouvements :
1er mouvement = 1er § : exorde → Julien défend son honneur par autre autre moyen que sa classe sociale (tout en se moquant de ce que la classe sociale soit le seul honneur des bourgeois)
2ème mouvement = 2e §, l.149 à 155 : confirmation → Julien plaide coupable pour son crime
3ème mouvement = 2e §, l.155 à 161 : confirmation → Julien plaide non coupable pour l’accusation implicite des bourgeois
4ème mouvement = 3e § : péroraison → Réquisitoire contre ce procès inique
1er mouvement : Julien défend son honneur par autre autre moyen que sa classe sociale | |
« Messieurs les jurés » | Apostrophe polie qui montre que Julien maîtrise les codes oratoires |
« L’horreur du mépris […] me fait prendre la parole » | Prise de parole justifiée par la fierté de Julien : affirmation de ses valeurs morales et de sa valeur en tant qu’individu (par opposition aux « gens riches » dont la valeur ne tient qu’à l’orgueil d’appartenir à une bonne classe sociale) |
« je croyais » | Modalisateur remettant en cause la décision de Julien de ne pas s’indigner du procès de sa classe sociale. |
« mépris » / « braver » | Paradoxe montrant que l’héroïsme, pour Julien, est une question d’humilité ou de résignation : la bravoure, ce serait d’accepter d’être l’objet de mépris de la part des riches. Mais cela, Julien n’y arrive pas. |
« au moment de la mort » | Certitude de l’issue finale alors que ce n’est que le début du procès : Julien sait que tout est déjà joué, et son discours va prouver pourquoi. |
« je n’ai point l’honneur d’appartenir à votre classe » | Ironique puisque Julien vient d’affirmer qu’il a « horreur du mépris » que ces gens lui témoignent. Pour lui, l’appartenance à une classe n’a pas à être un « honneur ». |
« vous voyez en moi un paysan » | Le verbe « voir » semble indiquer qu’il ne faut pas s’en tenir aux apparences : il est certes, à l’origine, un paysan, mais il est autre chose. Opposition dans les pronoms « vous » / « moi » : accentue la différence de catégorie. |
« paysan qui s’est révolté contre la bassesse de sa fortune » | Le terme « paysan » apparaît comme péjoratif ici puisque Julien parle à la place de ceux qui le jugent. Idem pour le terme « bassesse », polysémique : à la fois basse catégorie sociale, et indignité, manque de moralité → Julien traduit le mépris ressenti par ses juges, alors que pour lui, la « bassesse » ne concerne pas une catégorie sociale mais un individu (Valenod par exemple, décrit avant dans le chapitre comme « cuistre » et « âme basse ») |
2ème mouvement : Julien plaide coupable pour son crime envers Mme de Rênal | |
« affermissant sa voix » | Intervention du narrateur pour montrer que Julien prend de l’assurance |
« Je ne vous demande aucune grâce » | Négation totale montrant la fierté de Julien qui refuse de demander quoi que ce soit à ses accusateurs, à moins qu’il considère qu’il ne mérite réellement pas de grâce (ce que la suite immédiate du discours tend à montrer). |
« je ne me fais point illusion : la mort m’attend » | Lucidité marquée par le présent de certitude. |
« elle sera juste » | Le futur montre qu’il ne remet pas en cause sa sentence et qu’il s’institue lui-même juge objectif de son acte → la question dont Julien veut débattre n’est pas là, puisqu’il reconnaît son crime. |
« J’ai pu attenter aux jours » | |
« la femme la plus digne de tous les respects, de tous les hommages » | Superlatifs, hyperboles désignant Mme de Rênal. Intéressant de noter que le lexique de la dignité qui auparavant s’adressait ironiquement à une classe, un ensemble d’individus (« messieurs les jurés… je n’ai point l’honneur d’appartenir à votre classe ») s’adresse maintenant à une femme → là réside le vrai honneur, la vraie valeur pour Julien, non dans une classe mais dans une personne digne de respect. |
« Mme de Rênal » | Le nom de la victime n’apparaît qu’après les superlatifs → on sait déjà que Julien aime sa victime et que le crime n’est pas un crime de haine. |
« avait été pour moi » | Le plus-que-parfait marque un temps révolu, celui du bonheur, celui de Verrières |
« comme une mère » | Comparaison signifiant la grandeur d’âme et la bonté de cette femme → circonstance aggravante de son crime, qui devient alors quasiment un matricide. |
« mon crime est atroce » | Proposition courte, avec hyperbole de l’adjectif → Julien se sait et s’affirme coupable de ce crime. |
Prémédité, italique | Autre circonstance aggravante, mise en évidence par la graphie, et donc, on imagine, par la voix de Julien → ici encore, Julien revendique la gravité de son crime, ce qui le rend « brave » et « digne » aux yeux du lecteur. |
« J’ai donc mérité la mort » | Le connecteur « donc » signe la fin de la démonstration de Julien sur ce point. |
3ème mouvement : Julien plaide non coupable face à l’accusation implicite des bourgeois | |
Phrase longue : période | Pour ce mouvement, une seule phrase, très longue → comme si Julien avait peur qu’on le coupe et profitait du bref temps qu’on lui accorde pour exprimer ce qu’il pense. Marque la ferveur de J. |
« quand je serais moins coupable » | Le conditionnel marque l’hypothèse (= « même si j’étais ») pour aborder le 2ème temps du discours de Julien : l’autre chef d’accusation, celui que personne ne dit mais que tout le monde pense. |
« Je vois des hommes » | Écho à « vous voyez en moi » → l’accusation s’inverse puisque désormais, ce sont « les hommes », c’est-à-dire les jurés, qui sont en ligne de mire. |
« sans s’arrêter à ce que ma jeunesse peut mériter de pitié » | Julien met en avant une circonstance atténuante le concernant (sa jeunesse), non pas tellement pour provoquer la pitié, mais pour montrer précisément que les jurés n’en ont pas (négation), qu’ils sont sans émotions, sans humanité. |
« voudront punir en moi et décourager à jamais » | Le pronom « moi » institue Julien en bouc émissaire comme s’il incarnait la faute de tous ceux qui agissent comme lui, ce que corrobore l’utilisation des deux verbes (punir et décourager) → procès à valeur d’exemple. |
« cette classe de jeunes gens » | Le terme « classe » fait écho à la 1ère occurrence plus haut dans le discours → confirme qu’il s’agit bien d’un problème de classes sociales qui s’opposent. L’adjectif « jeunes » après le nom « jeunesse », semble également montrer une opposition entre un vieux monde, conservateur et tourné vers les valeurs du passé, et un jeune monde. |
« ordre inférieur », « opprimés par la pauvreté » / « bonheur », « bonne éducation » | Antithèses soulignant encore l’opposition de classes et légitimant le désir de ces jeunes gens de sortir de leur basse condition : Julien revendique en quelque sorte un droit au bonheur. |
« audace de se mêler » | Terme mélioratif pour désigner ce qu’il a fait : il a eu « l’audace », cad le courage → écho à l’idée de bravoure du début du discours (« je croyais braver ») : idée encore que la grandeur d’âme n’est pas une question de classe mais d’action individuelle. |
« ce que l’orgueil des gens riches appelle la société » | Discrète ironie : idée que celui qui ne possède pas la « bonne éducation » ne fait pas partie de la « société » → Julien se moque de cette conception par sa formule « l’orgueil des gens riches ». |
4ème mouvement : réquisitoire contre ce procès inique | |
« voilà mon crime » | Le présentatif insiste sur la réalité de ce qui lui est reproché : non pas tant d’avoir tiré sur Mme de Rênal que d’avoir voulu s’élever socialement |
« il sera puni » | Futur de certitude, lucidité de Julien quant à l’issue du procès |
« d’autant plus de sévérité » | Intensif accusant les jurés de partialité : ils ne sont pas neutres ni objectifs comme il se devrait dans un procès. |
« je ne suis point jugé par mes pairs » | Les pairs = ceux d’un « ordre inférieur ». Julien montre ici que le procès est biaisé dès le départ puisque les jurés sont à la fois juges et parties |
« je ne vois point » | 3ème référence au regard : Julien sait désormais voir, il a perdu sa naïveté et le fait savoir. |
« quelque paysan enrichi » | Expression un peu provocatrice de la manière dont les bourgeois considèrent Julien : il restera toujours un « paysan », enrichi certes, mais paysan tout de même. |
« mais uniquement des bourgeois indignés » » | Expression tout aussi provocatrice qui se moque de l’hypocrisie de ces bourgeois, qui s’indignent plus d’un crime mettant à mal leur classe sociale que d’un vrai crime contre une femme bonne. |
points de suspension | Marquent l’inachèvement du discours comme le prouve la phrase qui suit (« pendant vingt minutes, Julien parla sur ce ton ») |
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