Le Don Juan de Jacques Weber

Le Don Juan de Jacques Weber

Jacques Weber a revisité à sa manière Don Juan en 1995. Il présente un Don Juan fatigué, mutique. Quand Jacques Weber filme ce Don Juan, il n’en est pas à son premier essai. Né le 23 août 1949 à Paris, Jacques Weber a en quelque sorte toujours aimé le théâtre. Il est profondément touché par la représentation de L’Avare par la Comédie Française alors qu’il n’a que 12 ans. Par la suite, il sera acteur dans de nombreux films entre 1971 et participera à de nombreuses émissions télévisées. Il n’abandonne pas pour autant le théâtre et a joué de nombreuses pièces tout au long de sa carrière qui n’est toujours pas terminée. C’est ainsi, qu’entre théâtre et cinéma, Jacques Weber a réalisé Don Juan.

Nous pouvons donc nous demander quelles sont les particularités du Don Juan de Jacques Weber.

Nous verrons dans un premier temps les Don Juan du 20e siècle avant de nous intéresser particulièrement au Don Juan de Weber.

1. De nombreux Don Juan au 20e siècle

Entre Molière et nos jours, le mythe de Don Juan a beaucoup évolué. Les évènements historiques, les courants littéraires et les penseurs ont beaucoup influencé la réécriture. Au 20e siècle, Don Juan est un personnage vieilli.

1. Don Juan libre

Cette notion de liberté se retrouve dans plusieurs interprétations du mythe comme celle de Marcel Bluwal au cinéma. La caméra permet d’ouvrir Don Juan au monde extérieur, le mythe sort de la salle de théâtre et renforce ce sentiment de liberté. On voit dans ce film de grands espaces verts tel qu’une forêt ou un pré.

        Malgré tout, les écrivains et réalisateurs restent conscients que c’est cette même liberté qui perdra Don Juan. On retrouve ce principe dans la mise en scène de Patrice Chéreau où Don Juan est bloqué et ne peut échapper à la mort inexorable qui l’attend. Cette mort implacable quoi que non apportée par une puissance divine, reste le fruit de la débauche et des choix de vie de Don Juan. La mort est la conséquence, dans cette interprétation, de la mise en place de la vengeance des victimes de l’inconstance et de l’infidélité de Don Juan, elle-même résultant de sa liberté.

1. Don Juan vieilli

        Dans la majorité des pièces, Don Juan est dépouillé. Que ce soit au théâtre ou au cinéma avec Louis Jouvet ou Marcel Bluwal, Don Juan apparait habillé en noir et blanc. Jean Villard dépeint un Don Juan aussi vide extérieurement avec son apparence qu’intérieurement. Les femmes ne l’intéressent plus. Don Juan est condamné, condamné à être libre.

        La vieillesse de Don Juan peut avoir deux visages. Le premier est celui du vide. Don Juan est impassible et marche vers son sort. Il doit assumer ses péchés. Il est présenté comme absent et exprime des marques de lutte intérieure. Dans ces versions, Don Juan est solitaire du fait de ses actions passées et de ses valeurs problématiques pour le reste de la société.

        Sa vieillesse peut néanmoins être tournée en dérision comme le fait si bien Beno Besson. Montré fourbu mais accompagné d’un Sganarelle tout aussi courbé, dans un décor d’époque, Don Juan fait rire par son comique de geste et de parole. Moins comique mais joyeux, le Don Juan de Marcel Bluwal reste dans ce caractère comique et ludique.

        Le Don Juan de Jacques Weber ainsi que celui de Louis Jouvet est un héros errant. Don Juan se détériore à cause de ses trop nombreuses fautes et est un personnage mutique et absent.

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