Le Diable au corps, Radiguet
Commentaire de texte : Le Diable au corps, Radiguet. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar tayate • 10 Janvier 2017 • Commentaire de texte • 1 948 Mots (8 Pages) • 6 646 Vues
Le Diable au corps, Radiguet
Lecture analytique T1 : « le suicide de la folle »
Introduction
Contexte Auteur Radiguet : précocité littéraire, carrière fulgurante (meurt à 20 ans) , ami des surréalistes de Picasso et de Cocteau- Œuvre : roman à scandale publié en 1923 (cf contexte d’après guerre ≠incipit :« 4 ans de grande vacances) qui connut un grand succès de librairie raconte la liaison adultère durant la 2nde guerre mondiale entre un jeune garçon (le narrateur alors âgé de 14 ans Cf dimension rétrospective) et la jeune épouse ( Marthe) d’un soldat parti au front.
Texte l’extrait que nous proposons d’étudier se situe au début du roman (ds les pages qui précèdent, le narrateur se présente et explique par « ses troubles », l’histoire qu’il va raconter), le narrateur raconte une anecdote frappante : le suicide de la bonne d’un conseiller municipale le soir du 14 juillet 1914 devant une foule de spectateurs. Ce récit clos sur lui-même fait alors sentir « l’extravagance » de l’époque qui précède (de manière imminente : la population va très vite être touché) la guerre et nous renseigne d’une certaine manière sur le narrateur alors âgé de 12 ans.
FC : Il conviendra alors de voir en quoi cette anecdote frappante et divertissante qui ne participe pas directement à l’intrigue fonctionne finalement comme un incipit
I) Une anecdote frappante et divertissante…
II) …qui fonctionne comme un incipit à forte portée symbolique
I) Une anecdote frappante et divertissante…
1) Un récit vif et enlevé clos sur lui-même
- Un texte qui possède les marques du récit : un narrateur homodiégétique , emploi des temps classiques du récit (succession de verbes d’action au passé simple qui viennent donner un rythme soutenu à la scène et dans le même un imparfait duratif et descriptif qui vient « éterniser » le moment et donner au passage son atmosphère de lenteur, de vision féerique), types de textes caractéristiques du récit (narratif notamment action des pompiers, descriptif : la femme sur le toit, paroles rapportées au style direct : propos de la femme du conseillers et cris de la foule, propos de la mère et du père du narrateur), de nombreux personnages (la bonne, le narrateur enfant, ses parents, la femme du conseiller, les pompiers, la foule, les marechaud épouvantés par le spectacle)
- Un récit simple et vivant de composition linéaire clos sur lui même (cf schéma narratif qui rend compte des différentes étapes du drame→EP : la bonne des Marechaud sur le toit -péripéties: intervention des pompiers et propos de la femme d’un conseiller adversaire des marechaud, les cris de la foule. E.R : le saut dans le vide. S.F : l’évanouissement du narrateur alors enfant.)
2) un récit dramatisé
-L’épisode, le fait divers est mis en scène comme un véritable spectacle par le narrateur (cf lexique du théâtre qui scande le texte). La foule est transformée en « clientèle » ; il est question de « recette » et on vient au « spectacle » (le terme est employé à 2 reprises +« on applaudissait »). La bonne se comporte en actrice (« la folle saluait »), elle est « une nouvelle étoile » (notamment. Tout jusqu’à l’éclairage (« lumière douce des rampes » + « le magnésium éclate ») est décrit comme s’il s’agissait d’une scène de théâtre populaire de Guignol (Cf cris de la foule à l’arrivée des pompiers : « la foule comme les enfants à guignol se mit à vociférer »+ « « en voilà un !en voilà un !). On distingue même deux groupes de spectateurs : la foule et les « voyous ».
- Le récit est dramatique, le narrateur ne se contente pas de raconter donne à voir comme au théâtre : les différents épisodes du drame s’apparentent à des saynètes ( le discours de la femme devant la foule, l’escalade des pompiers, la folle jetant les tuiles sur les casques des pompiers, le saut final de la bonne)
→La scène est ainsi doublement spectaculaire : l’épisode est mis en scène comme un spectacle par le narrateur ; observée par la foule et l’enfant, la folle sur le toit se mue en actrice populaire.
3) Un récit soigné placé sous le signe de la variété » des registres
-un récit soigné : l’emploi des temps canoniques du récit, l’usage de l’imparfait du subjonctif, la grande variété syntaxique, l’usage d’une maxime généralisante, la position d’un narrateur qui éprouve la nécessité de masquer ses vrais sentiments donne à ce texte une facture classique.
-une variété des registres : s’il l’ évènement est pathétique (cf lexique qui renvoie au registre pathétique pour caractériser la folle : périphrases « la malheureuse », « la pauvre petite »+ maxime l39-40+ fin du texte) et tragique (cf lexique relatif à la mort, cf discours de la femme du conseiller qui témoigne de la manière dont on maltraite la bonne+ la maxime qui atteste du caractère désespérée de l’acte), le récit prend par moments des allures de farce comique cf saynètes comiques : le discours improvisé de la femme du conseiller qui n’est pas écouté (« cette charité bruyante produisit un effet médiocre sur la foule » « La dame l’ennuyait ») + le combat de la folle contre les pompiers et leur découragement ( l 30/35 voir not le registre épique qui sert le comique).
-Le récit côtoie par ailleurs le fantastique cf lexique relatif à l’étrangeté (fantastique, maison du crime, chair de poule) +caractérisation de la femme (déshumanisation progressive du pers de la folle : « la jeune bonne, la folle, la femme aux cheveux flottants , la voix inhumaine gutturale ») et le merveilleux dans le même temps (on assiste à un dépassement du réel, le suicide est perçu par l’enfant comme « un spectacle féérique d’une poésie profonde», il la compare à « une fille capitaine corsaire sur son bateau », elle se promène « comme sur un pont de navire
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