L’auteur peut-il toujours nous surprendre lorsqu’il s’empare d’un mythe souvent réécrit ?
Dissertation : L’auteur peut-il toujours nous surprendre lorsqu’il s’empare d’un mythe souvent réécrit ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jimenaterceroh • 13 Juin 2019 • Dissertation • 1 512 Mots (7 Pages) • 646 Vues
L’auteur peut-il toujours nous surprendre lorsqu’il s’empare d’un mythe souvent réécrit ?
Jimena Tercero Herrera
1-L
À l’automne 1991, après quelques années de repose, Don Juan, notre libertin et séducteur préféré, apparu pour la première fois en Espagne au XVIIe siècle grâce au dramaturge Tirso De Molina réapparaît après quelques années, plus polémique que jamais dans le livre "La Nuit de Valognes" d’Erik Emanuel Schmitt. La pièce de théâtre montre les anciennes victimes de Don Juan unissant leurs forces pour exercer le procès de Don Juan, qui est confronté aux deux pires cauchemars possibles pour le personnage: épouser sa dernière victime ou aller en prison à perpétuité. En tant que mythe universellement connu, cette réécriture laisse naturellement peu de place à la surprise. Cependant, il y a des nombreuses réécritures, toutes submergées par la vertu de ce personnage qui a gagné sa place dans Olympe littéraire. Mais comment y parviennent-ils? Comment les auteurs, même des siècles plus tard, continuent à surprendre le lecteur en invoquant un mythe souvent réécrit? Certes, lors d’une réécriture, la surprise est difficile à provoquer, cependant, dans une réécriture l’artiste s’approprie du mythe et par des différents moyens et raisons il poursuit a génerer de la surprise chez son lecteur.
Quel est le but de la réécriture? Est-ce qu'on va s'ennuyer un jour? Ou c’est les mythes qui sont destinés à disparaître? Est-ce le vrai mythe est celui qui atteint son immortalité dans le changement et le renouvellement des sociétés? Les questions qui tournent autour de la paradoxe du mythe ont laissé les écrivains et les philosophes insomniaques depuis le début des siècles. Un mythe est une légende fantastique né dans l'Antiquité comme moyen d'expliquer les faits qu’on ne peut pas expliquer rationnellement. C'est pourquoi des questions fondamentales telles que la création de l'univers et l'avenir de l'humanité sont souvent abordées et répondus grâce aux mythes pour apaiser l'inquiétude existentielle de l'homme qui restera gravée dans sa mémoire sous forme de pensée. Les mythes, qui fournissent non seulement une explication des faits, incluent également des règles de conduite nous permettant d'approcher l'imaginaire, par exemple le châtiment amère de Prométhée à cause de sa désobéissance face au pouvoir divine ou l’amertume éternelle d'Œdipe face à l’inceste. Le mythe est une tradition de transmission orale, ceci exclut par sa nature même toute surprise, dans la mesure où il est censé à donner des explications à travers le monde. En fait, au fil des années, nous trouvons les histoires que nous connaissons depuis toujours, avec des personnages symboliques aux traits définis; des histoires dont le début et la fin sont prédestinés : Médée toujours guidée par le même esprit de vengeance chez Corneille, Euripide et Rouquette ou le couple traditionnelle de maitre-valet incarné par Sganarelle et Don Juan. La nature du mythe est faite pour être répétée et reprochée, c’est pourquoi, lorsque l’on tombe dans un mythe, un sentiment de familiarité s’épanouit, mais un sentiment de déjà-vu aussi. Alors, n'est-il absurde de s'intéresser à une histoire dont nous connaissons la fin en avance? Le mythe répond à de nombreuses attentes du public, et non seulement à celle de la surprise: il se positionne dans la culture collective comme le socle d’une société qui cherche à établir des liens entre les hommes dans un savoir populaire visant à fournir des explications accessibles au public, même sans une vaste culture littéraire. Les mythes génèrent un sentiment d'appartenance parmi les sociétés en partageant la même histoire et en reflétant des traits immuables de la nature humaine, telles que la vanité de Narcise ou la jalousie incontrôlable d'Héra, qui crée un effet de miroir sur le lecteur, qui se reflète dans les vertus et les erreurs des personnages que nous chérissons avec tant d’amour depuis le réveil de l’humanité. C’est un désir émotionnel du lecteur d’attendre ou de redécouvrir les moments iconiques des mythes: la scène des pauvre de Dom Juan avec des approches différentes a été donnée par les dramaturges : Mesguich qui a fait du pauvre le vainqueur de la discussion et a montré Don Juan en état de vulnérabilité et d’autre part Bluwal qui a joué avec le registre pathétique chez le pauvre et sur le « Grand seigneur méchant homme » de Don Juan. Le lecteur apprécie le sentiment de familiarité, ceci crée un lien de complicité entre le lecteur et l’écrivain qui, connaissant le mythe, peut jouer entre fidélité et l’infidélité du mythe en même temps que le lecteur trouve l’histoire qu’il connaît et s’émerveille lorsque confronté à la créativité de l'écrivain. C'est alors que lors de la réécriture d'un mythe, la surprise n'est pas le seul aspect à prendre en compte, c’est donc dans la réécriture que l'écrivain, avec son originalité et sa manière de s’approprier du mythe, arrive à se différencier de l'imitateur.
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