La princesse de Clèves, la rencontre au bal
Commentaire de texte : La princesse de Clèves, la rencontre au bal. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar eulaline • 13 Avril 2018 • Commentaire de texte • 2 213 Mots (9 Pages) • 6 847 Vues
Plan de commentaire La princesse de Clèves, 1678 Mme de Lafayette
Introduction
Mme de Lafayette, romancière du siècle classique publie en 1678 La Princesse de Clèves. Le roman rapporte l’histoire d’une jeune femme de la cour du roi Henri II, l’héroïne éponyme, qui a été mariée par sa mère au Prince de Clèves. Mais celle – ci tombe amoureuse d’un autre homme, le duc de Nemours. Le passage étudié rapporte justement le moment de leur première rencontre lors d’un bal à la cour, épisode où les deux personnages vivent un véritable coup de foudre, à leur insu même. Comment Mme de Lafayette fait-elle de cet épisode un temps fort du roman ? Nous verrons comment la rencontre est magnifiée, le coup de foudre habilement mis en scène et comment la fatalité qui préside à cette rencontre est suggérée.
I Une rencontre magnifiée
Le choix d’un bal à la cour, l’arrivée retardée de Nemours et le jeu des regards contribuent à faire de cette rencontre une scène éminemment romanesque.
A/ Le cadre d’un bal à la cour
- un lieu et des personnages prestigieux : Le Louvre, présence du roi et des deux reines(l.20), des courtisans revêtus de leurs plus beaux atours : « on admira sa beauté et sa parure »l.1 « le soin qu’il avait pris de se parer » l.12. Mme de Lafayette ne cède pas à la facilité de décrire les coiffures, les toilettes et les bijoux mais le prestige est suggéré par ces quelques mentions.
- Un lieu de séduction : - la danse = rapprochement des corps/ nombreuses occurrences du verbe « danser » « l.5, 9, 19, 22
- lieu de liberté : les femmes peuvent choisir leur cavalier : « elle cherchait des yeux quelqu’un qu’elle avait dessein de prendre » le terme « dessein » souligne son initiative. Le mari n’est pas mentionné. – un lieu où l’on est sous le regard des autres : « on admira sa beauté », voir aussi toutes les occurrences du verbe « voir ».
B/ L’arrivée remarquée de Nemours
- Le héros arrive après les autres : 1. arrivée de la princesse 2. danse avec le chevalier de Guise(l’amoureux éconduit)3. arrivée de Nemours : cela a pour conséquence qu’il est remarqué (arrivée en vedette)
- Son arrivée décrite suivant la focalisation interne de Mme de Clèves marque une rupture dans l’ordonnancement réglé du bal :
- Il occasionne tout d’abord un remue -ménage : « Il se fit un assez grand bruit vers la porte, comme de quelqu’un qui entrait et à qui on faisait place » : les notations montrent que l’héroïne ne l’a pas encore vu mais a déduit de sa perception sonore qu’il s’agit d’un personnage important, peut –être suppose – t –elle déjà que c’est le duc ?
- Le cri du roi pour signaler sa présence à la princesse se détache aussi : « le roi lui cria de prendre celui qui arrivait ». Le nom de Nemours n’est toujours pas donné. L’emploi du verbe « crier »souligne la brutalité de l’irruption pour l’héroïne. Il bouleverse son carnet de bal puisque le roi lui ordonne de danser avec lui au lieu de danser avec celui qu’elle cherchait des yeux.
- Lorsqu’elle le découvre enfin avec ses yeux (« elle se tourna et vit un homme »), il apparaît en héros : « passait - par dessus quelques sièges pour arriver où l’on dansait » : une attitude aérienne, romanesque, une trajectoire vers la princesse qui le suit du regard.
Ce désordre crée par cette arrivée est symbolique du désordre intérieur que l’intrusion du duc va provoquer chez la princesse.
C/ Une scène en quatre dimensions
Les points de vue sont multipliés
- on commence par une focalisation externe qui donne à voir la beauté de l’héroïne et la met en valeur : « Lorsqu’elle arriva, on admira sa beauté et sa parure »(l.1).
- on passe ensuite au point de vue interne de la princesse qui permet de rendre compte de la façon dont celle-ci perçoit l’arrivée de Nemours.(l.2 à l.9)
- il y a ensuite une sorte d’arrêt sur image qui combine la focalisation interne (réactions de l’héroïne) et des interventions du narrateur pour analyser les réactions de la Princesse : « Ce prince était fait d’une sorte qu’il était difficile de n’être pas surprise de le voir quand on ne l’avait jamais vu, surtout ce soir- là. … »Le narrateur souligne le caractère exceptionnel des protagonistes et de l’événement.
- le point de vue interne de Nemours permet ensuite de savoir ce qu’il ressent l.16 – 18 : « Monsieur de Nemours fut tellement surpris de sa beauté »
- le point de vue de la cour l.20 (« le roi et les reines »)sont privilégiés pour voir le couple et saisir l’effet qu’il produit : « quand ils commencèrent à danser, il s’éleva dans la salle un murmure de louanges »
- on retourne enfin au point de vue de Nemours pour mettre l’accent sur l’impact de la rencontre : « de tout le soir il ne put admirer que madame de Clèves ».
Ces points de vue derrière lequel le narrateur semble s’effacer permettent de mettre l’accent sur l’aspect psychologique de la scène.
Cette rencontre mise en valeur par le cadre prestigieux, par la dramatisation de l’entrée en scène de Nemours et par l’effacement du narrateur derrière les différents points de vue permet de transformer cette rencontre en un spectacle dans lequel Nemours et la princesse sont objet de la curiosité des courtisans et ce que ce spectacle révèle, c’est le coup de foudre qui a lieu entre les deux protagonistes.
II Le coup de foudre
Il se déclenche par le regard, la vue de la beauté de chacun d’eux suscite l’admiration réciproque et la reconnaissance magique de l’autre.
A/ La naissance dès le premier regard
- insistance sur le thème de la première fois : « Quand on ne l’avait jamais vu » « voir Madame de Clèves pour la première fois »
- insistance sur le rôle de la vue : « elle se tourna et vit » l’apparition de Nemours aux yeux de la Princesse se fait brutalement sans qu’elle s’y attende/ 6 occurrences du verbe voir l.7, l.10 –11, l.14, l.21
B/ Une admiration réciproque
La beauté des deux protagonistes n’est pas décrite véritablement mais seulement suggérée, c’est surtout l’effet produit par cette beauté qui est mise en valeur. Le regard entraîne une admiration immédiate chez chacun des protagonistes : les termes « surprise » et « surpris »repris en écho l.11 et 16 le montrent. Le terme « étonnement »l.15 est à prendre au sens fort au 17ème siècle = frappé par le tonnerre.
La vue de l’autre provoque un véritable séisme en chacun d’eux, il y a un parallélisme de réactions souligné par le parallélisme de construction : « il était difficile de n’être pas surprise de le voir » , « il était difficile aussi de voir madame de Clèves….. »
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