L'albatros / Baudelaire, Les Fleurs du Mal
Commentaire de texte : L'albatros / Baudelaire, Les Fleurs du Mal. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar beafle • 2 Février 2022 • Commentaire de texte • 1 904 Mots (8 Pages) • 736 Vues
Analyse linéaire texte 3
Baudelaire, Les Fleurs du Mal
L'albatros
* “L'albatros”, est l'un des poèmes les plus célèbres des Fleurs du Mal écrit par Charles Baudelaire et publié en 1859 (rappel : Baudelaire s'inscrit dans le mouvement du symbolisme au lendemain du romantisme dont Victor Hugo est l’emblème, il incarne aussi la modernité poétique). Il est situé au début de la section "Spleen et idéal", dans le recueil Les Fleurs du mal, qui évoque le déchirement de l'homme entre l'aspiration à l'élévation et l'attirance pour la chute, déchirement à l'origine de la tristesse nommée spleen, indissociable de la condition humaine et qui finit par triompher. accroche avec informations sur l’auteur
* Ce poème évoque une scène de vie en mer dans laquelle les hommes tournent en dérision un albatros. Il a été inspiré à Baudelaire lors d'un voyage sur un navire vers l'île Maurice. L'image de l'albatros traduit de façon très suggestive par Baudelaire sa conscience d'être différent des autres (et explique pourquoi ce dernier ne se sent pas bien au milieu des hommes et pourquoi il se sent bien dans sa sphère poétique). La dualité est présente dans le nom même de l'”albatros” : “alba” = blanc et “atros” = atroce. présentation générale du texte
* En quoi ce poème, par la métaphore de l'albatros, dresse-t-il un portrait du poète ? problématique
* Nous analyserons “L'albatros” en quatre temps en suivant chacun des quatrains, les trois premiers décrivant l'albatros, dans son élément naturel – l'azur - dans le 1er, puis sur le pont du navire avec les moqueries des marins dans les 2 suivants, tandis que le quatrième nous invite à une relecture du texte à travers une analogie entre l'oiseau et le poète. annonce du plan
L'albatros est un poème de jeunesse que Baudelaire a remanié ensuite, il est composé de quatre quatrains (strophes de 4 vers, des alexandrins = 12 pieds) où les trois premiers sont opposés au dernier, enjambements fréquents : le contenu sémantique déborde sur le vers suivant.
1er quatrain (vers 1 à 4) : Des oiseaux en symbiose avec le milieu marin
La 1ère strophe pose le cadre du poème : la mer, un bateau, un équipage et un oiseau, un albatros.
1 Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
- l’adverbe « souvent » marque l'habitude de l’évènement qui va suivre, c'est une entrée rapide et directe dans le poème.
- « pour s’amuser », ce cc de but évoque le but léger, le divertissement recherché.
- « les hommes d’équipage » renvoient aux marins et de manière plus globale à la société, à une communauté.
2 Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
- “prennent” = capture. Jeu, occupation qui va devenir de la torture
- “des albatros” : êtres à part, seul fois où le mot « albatros » est écrit : ensuite évoqué par des périphrases et des métaphores, comme dans la suite du vers :
- « vastes oiseaux des mers » périphrase qui insiste, par sa longueur, sur l’envergure majestueuse du volatile. Au début du poème, les périphrases sont élogieuses
3 Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
- portrait moral de l’albatros esquissé : attitude inoffensive et plutôt rassurante, présence réconfortante
4 Le navire glissant sur les gouffres amers.
- le vers 4 change d’atmosphère (amplitude : toujours lent et calme mais n'est plus paisible), notamment avec l’expression « gouffres amers », métaphore d’une mer avec des grandes vagues, des grands creux. allitération dure en « r »: “navire, gouffre, amers” annonce la suite difficile dans les strophes suivantes, après la tranquillité des trois premiers vers
- l’allitération en [S] “glissant” = bruit des vagues
- « les gouffres amers » souligne l’immensité du lieu et de l’environnement dans lequel se trouve l’équipage, l’albatros domine largement cet espace.
- l’enjambement “les hommes d’équipage / prennent des albatros” intensifie l’action et laisse apparaître une forme de brutalité (enjambement = le contenu sémantique d’un vers déborde sur celui d’après)
2ème quatrain (vers 5 à 8) : La transformation des albatros une fois sur le navire : changement brutal d'espace et chute de la figure de l'albatros
5 À peine les ont-ils déposés sur les planches,
- « à peine »= locution adverbiale, cc temps= immédiateté et changement brutal d’espace et de condition
- “déposés”= déchéance
- « les planches » = le pont et plus largement l’équipage, la communauté, le monde du réel = métonymie (= figure de style où l’on désigne le tout par la partie). « les planches » = aussi le théâtre du monde, la scène (= syllepse = mot que l'on peut lire au sens propre et figuré) : l’albatros est alors en représentation pour le plaisir d’un public, les marins
- le monde des idées est désigné par l’oiseau qui surplombe le navire, alors que le monde réel (de la trivialité), la condition humaine sont désignés par les planches et le sol. Il s’agit ici de deux figures en contraste.
6 Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
- contraste et dualité dans la caractérisation de l’albatros : “rois de l’azur” / “maladroit et honteux”. Le changement d’espace implique une condition nouvelle qui réduit les capacités et la majestuosité de l’albatros.
7 Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
- “laissent” = passivité, perte autonomie
- “piteusement” : caractérise la chute de l’albatros dans le monde des humains, brutal et miséreux, lenteur, ennui
- “grandes ailes blanches” : plumes symbole de l'écrivain
8 Comme des avirons traîner à côté d’eux.
- enjambement (« leurs grandes ailes blanches / comme des avirons trainer à côté deux ») enjambement = quand la phrase ne s'arrête pas à la fin du vers mais débode jusqu'à la fin du vers suivant
- analogie qui démystifie l’oiseau : la comparaison insiste sur le côté inutile des ailes, de même que les qualités du poète, inutiles au milieu des autres
- choc de “côté”
3ème quatrain (vers 9 à 12) : La rencontre brutale et cruelle entre les marins et de l'albatros
9 Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
- périphrase “ce voyageur ailé” renvoie encore une fois à l’oiseau, qui vient de perdre son statut de roi de l’azur : chute de la figure de l’albatros (et symboliquement celle du poète), qui devient “gauche et veule” une fois au sol. Pour chaque mot mélioratif → 2 mots péjoratifs dans les vers 9 et 10.”ce voyageur ailé” = ce que pense le poète / “comme il est gauche et veule” = ce que pensent les marins. Parallélisme des vers 9 et 10
- “ailé” = “il est”
10 Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
- le contraste des termes “beau/ laid” nous laisse entrevoir la condition tragique du poète/oiseau déchu de sa puissance une fois posé sur le sol : thème de la trivialité de la condition humaine qui se poursuit
- “il est” = “et laid”
11 L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
- ces 2 vers se concentrent sur la cruauté gratuite des hommes, qui usent de violence envers l’animal
- le brûle-gueule est un cigare, qui dessine l’aspect trivial du monde des humains
- parallélisme des vers 11 et 12 : “l'un agace” et “l'autre mime”
12 L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
- l’oiseau des mers est réduit à la trivialité du monde humain, incompris, l’équipage le malmène.
- la périphrase “vastes oiseaux des mers” s’est transformé en “infirme qui volait”. L’oiseau devient miséreux au contact de la foule qui le brutalise et qui ne le comprend pas. Le poète apparait marginal.
- registre fortement pathétique de ce quatrain qui dépeint la souffrance morale et physique de l’animal, ainsi qu’une satire des comportements humains (vulgarité des hommes, de leurs plaisirs mesquins et violents, jalousie, eux incapables de voler et d’avoir autant de majesté)
4ème quatrain (vers 13 à 16) : Le poète : un albatros humain , la figure du poète au sein de la société, expression de la marginalité
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