HUGO, Hernani, 1830, I,1. La figure du roi au théâtre
Commentaire de texte : HUGO, Hernani, 1830, I,1. La figure du roi au théâtre. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar marie-anne Delalande • 2 Août 2018 • Commentaire de texte • 1 252 Mots (6 Pages) • 994 Vues
La figure du roi au théâtre
Lecture analytique n°2 : HUGO, Hernani, 1830, I,1
Hernani demeure un des plus célèbres drames romantiques de Victor Hugo. Il fut joué pour la première fois le 25 février 1830 à la Comédie française et donna lieu à une véritable bataille entre les défenseurs de l’ordre classique et les jeunes romantiques partisans d’un renouveau du genre théâtral.
Cette pièce en 5 actes écrite en alexandrin mêle une intrigue amoureuse complexe (trois hommes aiment la même femme) et une intrigue politique.
Le rideau s’ouvre sur une scène nocturne à Saragosse. Doña Josefa Duarte, vieille duègne espagnole, seule, met de l’ordre dans une chambre plongée dans la pénombre d’un palais. On entend des coups à une « petite porte dérobée » et se présente un inconnu.
Cette scène nous présente un mystérieux séducteur, il s’agit de Don Carlos, roi d’Espagne futur Charles Quint.
Quelle représentation du roi ce début d’exposition nous donne –t-il à voir ?
Nous verrons qu’il s’agit d’un personnage séducteur, d’un libertin volage qui permet à Hugo de dévoiler en partie l’identité des personnages et d’exposer l’enjeu de l’intrigue. Mais c’est aussi un personnage grotesque qui introduit le ton comique aux côtés de la duègne dès l’ouverture du drame.
I Un riche séducteur
- Un mystérieux inconnu
L’homme que découvre la duègne masque son identité : « le manteau sur le nez et le chapeau sous les yeux ». Il semble vouloir ne pas être reconnu et cacher son identité ce qui donne d’emblée à la scène une atmosphère mystérieuse.
Cette allure dissimulée provoque un quiproquo : la duègne le confond avec Hernani, (il est nommé au vers 3) et nous comprenons que cet étrange inconnu n’est pas le héros éponyme qui était attendu comme l’explique le vers 1 : « serait-ce déjà lui ? ». Qui peut bien être cet inconnu ?
- Un seigneur espagnol
Si la didascalie concernant les vêtements de la duègne a déjà conféré à l’exposition une couleur locale, cette dernière est renforcée par la didascalie concernant le personnage masculin. « Il écarte son manteau noir et laisse voir un riche costume de velours et de soie à la mode castillane de 1519 ». Cette précision situe historiquement la scène (l’action se passe au XVI è siècle en Espagne) et cet inconnu est d’un rang élevé. Son costume fait état de sa richesse. Il représente un personnage traditionnel du théâtre : celui du riche séducteur volage.
- Un personnage autoritaire
Son autorité et son arrogance sont la confirmation de son statut de seigneur. Ils sont soulignés par des ordres brefs et impérieux (« parle », « cache moi »), par le tutoiement familier (« ta dame ») mêlé à un vouvoiement ironique dont il use avec la duègne (« daignez, madame).
Il a l’aisance et l’humour d’un seigneur qui a l’habitude qu’on se soumette à lui et va jusqu’à se moquer de la vieille femme aux vers 23-24. Il s’impose à la duègne témoignant physiquement cette autorité : « lui saisissant le bras », « il la secoue par le bras ».
Don Carlos par son dialogue avec la duègne nous informe aussi sur les autres personnages.
II Un personnage inconnu mais qui joue le rôle d’informateur
- Il nous renseigne sur les personnages absents
Il nous informe sur Doña Sol, la belle jeune femme qui entre à la fin de la scène « habillée en blanc ». Cet inconnu sait les liens qui unissent cette jeune fille aux autres protagonistes absents. Elle est « fiancée au vieux duc / de Pastraña , son oncle » et en aime un autre. La façon qu’a Don Carlos de désigner ses rivaux semble suggérer un certain mépris. Si l’oncle est « vénérable » il n’en est pas moins « vieux », « caduc » et « jaloux ». Quant à l’amant c’est sa jeunesse qui est soulignée au vers 8 par son visage imberbe ce qui pourrait implicitement renvoyer à un manque de virilité.
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