Victor Hugo, extrait Le Roi s’amuse,Acte I, scène 1 et début de la scène 2 v.1

COMMENTAIRE 3

Victor Hugo, extrait Le Roi s’amuse, 1832, acte I, scène 1 et début de la scène 2 v.1 (didascalie initiale incluse à 35) (a)

Victor Hugo est un des principaux dramaturges français du XIXe siècle, grâce à ses pièces romantiques comme Hernani. Son courant, le romantisme, est un courant littéraire qui consiste à faire réagir les lecteurs en dénonçant les travers de la société. Victor Hugo, dans sa pièce Le roi s’amuse joué pour la première fois en 1832, s’exerce à humilier la monarchie. Dans la scène d’exposition, l’auteur met en place un protagoniste à la fin d’une fête, représentant de François Ier, amoureux d’une belle inconnue. Cependant, nous nous demandons comment Victor Hugo, dans la première scène de sa pièce Le roi s’amuse, parvient à faire douter les spectateurs sur la qualité des intentions du Roi, alors que ses propos semblent honnêtes et amoureux. Tout d’abord, nous montrerons que le roi arbore de vrais sentiments. Puis, nous verrons que François Ier ne réfléchit pas vraiment à ce qu’il dit, car il est dans une fête. Enfin, nous pourrons constater que le Roi s’amuse, se divertit avec les femmes.

Tout d’abord, nous allons affirmer que le roi possède de vrais sentiments. Mais avant cela, j’aimerai faire remarquer que l’interlocuteur du roi lors de la scène 1, M. de La Tour-Landry, est le représentant du public sur scène. Lors des vers 3-4, 5-6 et 7-8, il ne cesse de poser des questions, et semble étonné par les déclarations du roi. Il aide le public, qui est curieux d’avoir quelques réponses à ces questions.

Dès les premiers vers, le Roi fait rimer “aventure” et “obscure”. Ces rimes n’ont pas été faites au hasard par l’auteur. Il y a un message prémonitoire : le Roi ne vivra pas son idylle de manière habituelle. Le Roi, sans le savoir, annonce donc des prémonitions qui feront son malheur. De plus, dans “naissance obscure” (v.2), on peut voir l’oxymore qui oppose “naissance”, un événement qui donne la vie, donc plutôt positif, et “obscure”. Nouveau message involontaire de la part du Roi : il ne connaît pas les origines de sa bien-aimée, mais il se trouve que ces dernières sont très importantes par la suite.

Le Roi porte visiblement beaucoup d’attention à sa maîtresse. Lors des vers 2 et 3, on constate une antithèse des mots “obscure” et “charmante”. En plus de la complimenter, le Roi essaie de donner une belle image de son amoureuse. Il dit que peu importe son origine, il aimera toujours cette fille. A première vue, il possède des sentiments purs, sans arrière pensée. M. de La Tour-Landry pose certaines questions au Roi sur la localisation de sa bien-aimée.“Au cul-de-sac Bussy.” (v. 7 (a)) “Dans l’endroit où se trouve un grand mur.” (v. 8 (a)) Le Roi, sans hésiter, arrive à la situer très précisément, ce qui montre qu’il éprouve de l’intérêt pour elle.

Lors de son récit, le Roi raconte avoir réussi à créer des liens avec son amoureuse malgré les obstacles. Dans le vers 9 b, avec l’oxymore “farouche vieille”, le Roi dit qu’il ne faut pas prendre à la légère la vieille en question, qui symbolise la protection. L’“insurmontable horreur” (v.20) et son hyperbole, vient quant à elle annoncer au public que l’amoureuse du roi l’aime en retour, ce n’est pas un amour insensé. Finalement, l’amour du Roi serait un amour pur, et réciproque. Les messages prémonitoires réapparaissent dans la tête des spectateurs : tout ne sera pas aussi simple.

        En regardant d’un peu plus près certaines paroles du Roi, on remarque un autre élément qui vient ternir l’histoire pure qu’il raconte. En effet, le Roi veut attirer l’attention. Premièrement, il montre plus d’intérêt à prouver son histoire plutôt qu’à la raconter. Les renseignements précis sur la localisation de sa maîtresse “Au cul-de-sac Bussy.” (v. 7 (a)) “Dans l’endroit où se trouve un grand mur.” (v. 8 (a)) montrent aussi que le Roi cherche à prouver son aventure afin de rendre M. de la Tour-Landry jaloux.

        Deuxièmement, il essaie de capter l'attention de M. de la Tour-Landry avec une bonne maîtrise de l’oral. L’isotopie de la nuit “soir”, “ombre”, “sombre” “curieux” “mystérieux” (v. 11c à 14), la polysyndète du vers 10  “les yeux, et la bouche, et l’oreille”, ainsi que la légère épanadiplose au vers 14  “D’une cape fort noire et de la nuit fort sombre” ont tous le même objectif : capter l’attention du public, ajouter de l'intrigue au récit. Le Roi accentue les éléments bénéfiques de l’histoire. Il maîtrise la suspension, comme “Entre dans la maison” au vers 15, qui permet de rejeter la chute de la phrase en fin de tirade, et de garder l’intérêt du public jusqu’au bout.

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