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Etude linéaire : "Melancholia", Les Contemplations de Victor Hugo

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Par   •  14 Mars 2020  •  Commentaire de texte  •  2 398 Mots (10 Pages)  •  7 322 Vues

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Introduction :

        Victor Hugo est un des plus grands poètes et écrivains français de tous les temps. Né en 1802 dans une famille de grande noblesse, il se dirigera très rapidement vers le domaine littéraire. Tout d’abord poète, il devient en après 1830 le chef de file d’un nouveau mouvement littéraire, le romantisme. Celui-ci prône une libération de l’imagination et s’oppose à la tradition classique et au rationalisme des Lumières. En 1848, Hugo devient républicain et s’oppose à Napoléon III dans le but de défendre les droits du peuple. Se rendant compte de la misère dans lequel vit une grande partie du peuple français, l’auteur se fait défenseur des classes pauvres et dénonce ces injustices à travers son œuvre littéraire. En 1852, il est exilé pendant vingt ans durant lesquels son œuvre littéraire sera le plus fructueux. En 1870, il retourne en France et le peuple le place à une position de pouvoir : il se concentre désormais sur la politique. Il reste une des figures les plus importantes de la république jusqu’à sa mort en 1885 à Paris.

        En 1856, treize ans après la mort de sa fille adorée, Victor Hugo publie un recueil de 158 poèmes qu’il nomme Les Contemplations. Ce recueil relève d’une sorte d’autobiographie versifiée dans lequel Victor Hugo évoque le souvenir, l’amour, la joie, le deuil et la foi. Cette œuvre est plus particulièrement un hommage à Léopoldine Hugo, sa fille, dont sa mort lui a causé une grande souffrance.

        L’extrait que nous allons étudier est une partie d’un très long poème (336 vers) de ce même recueil. Ce poème est nommé Melancholia et est le deuxième poème du troisième livre. L’auteur évoque ici le travail des enfants et utilise le lyrisme pour dénoncer la dureté et la misère dans lesquelles vivent ces enfants.

        Dans cette analyse, nous verrons comment, à travers cet extrait, Victor Hugo se fait le porte-parole des classes les plus pauvres et faibles, ici les enfants. Nous verrons tout d’abord comment Victor Hugo exprime son incompréhension face à la situation qui se déroule devant ses yeux. Ensuite, nous nous pencherons sur l’indignation et la colère qu’il ressent par rapport à cette injustice.

Plan de l’étude linéaire :

I.   Incompréhension face à l’état des enfants

       1)  Interrogation de l’auteur

       2)  Conditions de vie   des enfants

       3)  Univers effroyable

II.  Indignation et colère de l’auteur

       1)  Dénonciation de l’exploitation des enfants

       2)  Destruction de la beauté de l’Homme

       3)  Distinction entre les deux formes de travail

        

Etude linéaire du texte :

Cet extrait du poème est formé d’alexandrins, c’est-à-dire des vers de douze syllabes. Les rimes sont plates (aussi appelées suivies) et pout la plupart sont aussi des rimes pauvres, ce qui signifie que deux vers consécutifs ne riment que par une seule syllabe.

Premièrement, dans la première partie de cet extrait, qui s’étend du début du texte au vers « Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas ! », l’auteur Victor Hugo veut montrer son désaccord face à la situation des enfants à son époque. Pour cela, il commence par une triple interrogation, c’est-à-dire trois questions à la suite, qui marque l’incompréhension du lecteur et en même temps interpelle le lecteur et suscite son attention en le mettant au centre des faits : « […] ? Ces […] ? Ces […] ? ». La ponctuation très expressive permet à l’auteur d’attester de son incrédulité face à la situation. Les trois questions sont toutes formées identiquement : on a un groupe nominal décrivant les enfants de différentes manières suivi d’une proposition relative à valeur dépréciative : « dont pas un seul ne rit » ; « que la fièvre maigrit » ; « qu’on voit cheminer seules ». Cette répétition de la syntaxe des phrases contribue à la dénonciation des faits en marquant la gravité des choses. Le verbe « on voit » nous confirme qu’Hugo va témoigner de ce qu’il a vu : cela rend alors ces paroles plus réelles et concrètes. Ainsi, le poète veut exposer à ses lecteurs l’incompréhension auquel il fait face devant ce témoignage des conditions de vie déplorables des enfants qui travaillent à longueur de journée dès leur plus jeune âge.

Victor Hugo dénonce les méthodes du monde du travail de l’époque et plaint les enfants qui doivent en subir les conséquences. Les circonstances sont encore pires puisque ces êtres sont décrits comme jeunes dans « ces filles de huit ans » et innocents, qui ne veulent faire de mal à personne : « ces doux êtres pensifs ». Hugo accentue l’effet pathétique de leur situation en donnant des informations très précises sur le quotidien des enfants avec des compléments circonstanciels de temps et de lieux : « quinze heures sous des meules » ; « de l’aube au soir ». Il va jusqu’à faire une métaphore qui compare ces enfants à une figure tragique de la mythologie grecque, Sisyphe, qui est destiné à faire toujours la même tâche pour l’éternité : « faire éternellement Dans la même prison le même mouvement ». La répétition de l’adverbe « même » traduit la répétitivité des tâches, ce qui fait des enfants un simple outil à production et leur enlève leur caractère humain.  De cette exploitation barbare résulte des conséquences graves sur les enfants, autant mentalement que physiquement : « que la fièvre maigrit » ; « quelle pâleur ! » ; « Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las ». Ces conditions sont si cruelles que le poète en arrive à évoquer la mort à travers une syllepse (qui consiste à jouer sur le double sens d’un mot) dans « la cendre est sur leur joue » où le mot « cendre » évoque en même temps le charbon de l’usine et les corps des enfants décédés et inhumés. C’est de cette manière que Victor Hugo montre à quel point cette situation est inacceptable, surtout pour des jeunes innocents qui ne méritent pas de vivre ces choses effroyables.

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