En quoi cette scène est-elle une scène d'exposition ? (Partie 1) Scène 1 de l'ile des Esclaves, Marivaux

Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux fut un célèbre journaliste, écrivain et dramaturge français du siècle des Lumières. Il écrivit l’Ile des Esclaves en 1725, laquelle est une pièce de théâtre à la fois comique et pathétique traitant de la liberté et dénonçant l’inégalité sociale des individus à l’époque. On retrouve ce comique dans la scène première de l’œuvre qui met en scène le personnage d’Arlequin et de son maitre Iphycrate échouant sur une ile où l’esclave domine le maitre. On peut alors se demander en quoi cette scène est une scène d’exposition. Nous verrons ainsi dans un premier temps que Marivaux établi ici, la relation initiale des deux personnages et dans un second qu’il fabrique le décor de l’histoire.

Pour commencer, on peut qualifier cette scène « d’exposition » car elle définie les rapports entre les deux personnages. En effet, ici le lecteur découvre la relation typique du comique soit la relation entre un maitre et son valet. Marivaux montre dans cette scène un Iphycrate puissant qui possède le savoir face à son valet avec par exemple l’adverbe « voici » ou encore l’affirmative « ce sont ». Il donne notamment beaucoup d’ordre à son valet pour marquer sa supériorité avec les impératifs comme « suis-moi » ou « parle ». Cependant, dans un second temps, Arlequin renverse la situation et prend le pouvoir en menaçant son maitre avec l’impératif « prend-y garde ». Il utilise des imparfaits tels «j’étais », « tu me traitais »ou « tu disais » pour montrer que son temps d’esclave est révolu et énonce ses propres règles à Iphycrate en utilisant le futur proche, ainsi on a « on va te faire esclave ». Le lecteur en apprend donc beaucoup sur la relation entre Iphycrate et Arlequin et qui va éveiller sa curiosité car elle est ici peu commune.

Ensuite, le lecteur a la possibilité de percevoir plus ou moins le cadre de l’histoire, objectif recherché dans une scène d’exposition, grâce aux détails fournis. Tout d’abord, des didascalies présentes au début de la scène nous présente cette « ile des Esclaves » comme anodine avec les noms « maison », « arbres » et « rochers ». Puis le lecteur peut ensuite mettre une image sur le paysage grâce au nom commun « cases » qui lui donne un caractère sauvage. On apprend également par le biais du dialogue et de phrases affirmatives que seuls les esclaves sont maitres sur l’île, « ils tuent les maitres » et « ils ne font rien aux esclaves » : on a donc une inversion des rôles sociaux qui contraste avec la société du XVIIIème. Le lecteur a ainsi la vision d’un décor exotique et finalement utopique qui lui donne envie de poursuivre la lecture de la pièce.

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