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Ecrire un roman, est-ce seulement raconter des histoires?

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Par   •  6 Octobre 2019  •  Dissertation  •  1 396 Mots (6 Pages)  •  4 978 Vues

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Dissertation

INTRODUCTION : Furetière affirmait au XVIIème siècle dans son Dictionnaire que le terme roman ne désignait que « les livres fabuleux qui contiennent des histoires d’amour et de chevaleries, inventées pour divertir et occuper des fainéants ». Le roman a en effet longtemps été considéré comme un sous-genre littéraire, un tissu d’histoires inventées dont l’immoralité et l’inutilité étaient mises en cause. Mais écrire un roman, est-ce seulement raconter des histoires ?  

Nous pouvons ainsi nous demander si l’esthétique romanesque n’est qu’une pure fantaisie imaginative ou bien la création sophistiquée d’un objet littéraire complexe.

Nous verrons dans un premier temps en quoi le roman est une simple fantaisie imaginative, et dans un second temps étudierons son caractère d’objet littéraire complexe.  

I – Tout d’abord, le roman est souvent considéré comme une simple fantaisie imaginative, une fiction créée de toute pièce.
En effet, ce caractère purement fabuleux se traduit dans l’histoire même du genre romanesque. Au Moyen Age, il s’agit du récit d’une aventure fantastique, comprenant un personnage idéal vivant une aventure extraordinaire elle-même. Cela ramène aux romans de chevalerie comme
Yvain ou le chevalier au lion de Chrétien de Troyes, rattaché à la légende du roi Arthur et de la Table Ronde. Forets enchantées, fées ou encore animaux magiques, ces romans sont purement fantaisistes et démontrent d’un grand pouvoir de l’imagination dans l’écriture et la lecture de ces ouvrages. Il est aussi important de rappeler que le roman a longtemps été critiqué du fait de son caractère mensonger et fictif. Louis Aragon rappelle lui-même l’importance accordée à la fiction dans J’abats mon jeu, puisqu’il affirme : « L’art du roman est de savoir mentir. » Le roman se définit donc souvent comme un genre s’opposant à la réalité et confondant réel et imaginaire dans la pensée du lecteur.

De plus, la création même du roman est significative de son caractère imaginatif, car il n’est qu’une invention du romancier. Ce dernier crée de toute pièce un cadre spatio-temporel, une histoire et des péripéties qu’il oriente à sa guise. Les romans de science-fiction par exemple font fi de la vraisemblance, car leurs écrivains tentent généralement de dépeindre ce qui n’existe pas ou pas encore. Le roman Frankenstein de Mary Shelley par exemple glace le lecteur avec son personnage monstrueux et hétéroclite, inventé de toute pièce par un savant horrifié de son œuvre. Ici le personnage n’a rien de réel, et toute l’histoire est basée sur une fiction horrifique. Néanmoins, cette création d’un univers incroyable peut aussi servir à faire voyager le lecteur, qui peut alors rêver d’aventure et de voyage. Dans Paul et Virginie, Bernardin de Saint-Pierre dépeint un ailleurs tropical et édénique, tandis que Jules Verne permet au lecteur grâce au Voyage au Centre de la Terre de vivre une aventure pourtant impossible dans la vie réelle.

Enfin, le roman est principalement caractérisé par ses personnages, êtres de papier que le romancier crée et manœuvre à sa guise. Ces personnages peuvent être extraordinaires et le lecteur peut alors s’identifier à une infinité de caractères et modes de vie. Chez Dumas, le lecteur suit les aventures rocambolesques d’Edmond Dantès dans Le Comte de Monte-Cristo, qui s’échappe de sa prison et trouve un trésor inestimable. Dans Le Rouge et le Noir de Stendhal, Julien Sorel et son ascension sociale passionnent le lecteur qui se prend d’affection pour le jeune homme. Enfin chez Giono, on découvre Angelo dans Le Hussard sur le Toit, personnage hardi et intrépide, dont l’indifférence pour le choléra pourtant si dangereux nous fascine. Les personnages ne manquent donc pas et la multiplicité des combinaisons est presque infinie. Le lecteur s’échappe de la vie réelle, et plonge alors dans une fiction entièrement créée par l’écrivain qui mène l’action.

Ecrire un roman, c’est donc créer un monde imaginaire, construire une histoire, faire le récit d’une pure fiction. Mais n’est-ce pas une conception limitée de ce genre littéraire aujourd’hui majeur ?

II – Effectivement, le roman ne se limite pas à l’écriture d’une fiction, mais représente un objet littéraire bien plus complexe.

Tout d’abord, chaque roman repose sur une part de vérité, et le réel est finalement inévitable. De nombreux ouvrages relatent de véritables évènements, ou mettent en scène des protagonistes ayant véritablement existé. On peut par exemple penser aux romans autobiographiques, qui bien qu’œuvres de fiction, s’inspirent fortement de la vie de l’écrivain. Dans A la recherche du temps perdu de Proust par exemple, les souvenirs du narrateur sont ceux de l’écrivain, notamment lorsqu’il évoque son enfance, et le roman a une grande part de réel. Cette inspiration de la vraie vie est aussi remarquable dans les romans historiques, qui prennent pour sujet des évènements ou épisodes majeurs de l’Histoire, en y mêlant des personnages plus ou moins fictifs. L’histoire est alors romancée mais repose sur de véritables faits. Le roman Salammbô de Flaubert par exemple prend pour sujet la guerre des Mercenaires du IIIᵉ siècle av. J.-C., qui opposa la ville de Carthage à des mercenaires barbares. L’histoire est respectée mais l’auteur dépeint un ailleurs esthétisé et sensualisé : il romance les faits.

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