E.L. n° 4 : Bernard Le Bovier de Fontenelle, Histoire des oracles, « La Dent d’or », 1686. Reprise
Commentaire de texte : E.L. n° 4 : Bernard Le Bovier de Fontenelle, Histoire des oracles, « La Dent d’or », 1686. Reprise. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar BananeFlambee • 19 Avril 2021 • Commentaire de texte • 1 654 Mots (7 Pages) • 568 Vues
E.L. n° 4 : Bernard Le Bovier de Fontenelle, Histoire des oracles, « La Dent d’or », 1686. Reprise
a. Premier§ : Présentation de la thèse
Thèse énoncée sous forme générale l.1 : « Assurons-nous bien du fait… » : emploi de l’impératif, Fontenelle exprime sa thèse sous forme d’un conseil, avec une certaine autorité 🡪Sa méthode : Il faut « bien » vérifier le « fait » avant de trouver des causes : le modalisateur insiste sur la nécessité de la vérification. Emploi du pron. personnel « nous » : il cherche l’adhésion du lecteur ; s’inclut et s'adresse à tous les hommes. Sa méthode repose sur une approche rationaliste (influence de Descartes) : CL de la science « fait », « cause » (x2), « méthode » très présent dans ce 1er §.
Sa méthode demande un effort comme le souligne l'adverbe modalisateur « bien lente ». Or les hommes, « pour la plupart » ont tendance à se précipiter : lexique de l’empressement « courent », « passent pardessus ». Raisonnement concessif « il est vrai que … » : il concède à son lecteur la difficulté d'une telle démarche pour mieux mettre en avant que la difficulté n'est rien par rapport au ridicule de l’erreur, « mais enfin nous éviterons le ridicule ». Sa méthode est la seule garantie contre l’erreur et préserve du « ridicule ». Son approche est rigoureuse : abondance des connecteurs logiques, emploi du présent de vérité générale 🡪 Esprit scientifique annonce la Raison mise à l’honneur par les Lumières.
b. 2e-3e § : Un récit imagé, une anecdote plaisante (apologue)
l.6-8 : transition pour annoncer l’exemple, l’anecdote, « Ce malheur » fait écho à « ridicule » et crée une antithèse avec l’adverbe « plaisamment » qui laisse penser que l’anecdote sera amusante = Manière d’intriguer le lecteur.
« que je ne puis m’empêcher d’en parler ici » : plaisir de l’auteur à raconter cette histoire.
Ancrage spatio-temporel avec le lieu « Allemagne » (l.7) « Silésie » (l.10) et une date précise « 1593 » → impression de véracité. l.9-10 : l’acteur principal est un enfant « âgé de sept ans » : anonymat, il symbolise l’innocence.
Le fait est annoncé l.9-10 : Début de l’histoire = découverte de la dent supposée en or. Suite à la perte des « dents tombées », « il lui en était venu une d’or » : tournure impersonnelle, acte inexpliqué, miraculeux. Il est présenté de manière incertaine comme une rumeur : « le bruit courut » (pas de vérification des faits). Mise en valeur de la dent en or par la périphrase hyperbolique : « une de ses grosses dents » (incisive).
l.11-14 : latinisation (comme au Moyen-Age), Horstius fait penser à Diaforus dans le Malade imaginaire de Molière (médecin incompétent). Nom de comédie ridiculise. Titre « professeur en médecine dans l’université de Helmstad », université inconnue d’un lecteur français. Faux respect de Fontenelle, il ironise. Horstius = un faux savant : Il « écrivit » 2 ans après (1595) : tardif, peu fiable ; « l’histoire de cette dent » : distanciation avec le det. démonstratif + terme « histoire » signifie étymologiquement « enquête », science de la connaissance du passé, or ici c’est une légende non vérifiée. Le verbe « prétendit » est connoté péjorativement, lexique du doute, de l’erreur. l.13 : parallélisme : « en partie… » marque l’hésitation, l’absence de rigueur scientifique. Horstius interprète l’histoire de la dent d’or de manière providentielle (divine) en l’intégrant dans l’Histoire avec la menace des Turcs. Analepse avec le plus-que-parfait « avait été envoyée », voix passive, lexique de la religion « miraculeuse », « Dieu », « chrétiens » mettent en valeur l’intervention divine. Fontenelle condamne cette interprétation religieuse des événements.
l.15-16 : adresse au lecteur pour souligner l’absurdité de l’explication illogique. (c’est sur le champ de bataille qu’il aurait fallu un miracle). L’ironie est présente dans les interventions de Fontenelle : « Figurez-vous quelle consolation… » : l’interpellation directe attire l’attention sur la bizarrerie de la relation entre la dent d’or de l’enfant et les Turcs. Font. et montre combien les préjugés s’installent vite et s’enracinent dans les esprits : L’usage de la raison doit permettre de sortir des superstitions.
l.17-21 : la litote de la l.17 « ne manquât pas d’historiens » est une critique du pédantisme des savants. On a une
série de savants aux titres présentés comme importants : « Rullandus », « Ingolsteterus », « Libavius » : ils représentent l’autorité, la toute-puissance du savoir. L’ironie se manifeste dans leur mise en scène : cette surenchère dans les noms à consonances latines et les titres « autre savant », « un autre grand homme » attire l’attention sur la disproportion entre les supposées compétences des savants et leur méthode. Décalage car absence de toute recherche de la nature exacte du phénomène. Parallélisme et répétition (un polyptote) du verbe « écrire » : écrivit …l’histoire » / « en écrit encore »/ « écrit contre ». Antiphrases : « belle et docte réplique » (l.19) ; « un autre grand homme » (l.20) « tant de beaux ouvrages » (l.22). Connotation péjorative du verbe « ramasse » + hyperbole « tout » l.20 souligne le manque de réflexion et la surenchère « et y ajoute son sentiment particulier ». Les termes marquent la subjectivité, Fontenelle décrédibilise l’attitude pédante des savants. Ils ont procédé selon une chronologie contraire au bon sens.
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