Du domaine des murmures, Carole Martinez

 [2 carreaux] Dans le du roman Du domaine des murmures, Carole Martinez, écrivain contemporain, raconte le destin d’une jeune fille de quinze ans, Esclarmonde, ayant vécu au Moyen-Âge. Fille du seigneur du domaine des Murmures, elle refuse le mariage imposé par son père et exige de vivre emmurée jusqu’à sa mort afin de consacrer sa vie à Dieu. Esclarmonde se présente dans cet extrait, incipit du roman. Comment, à partir de ce témoignage, l’écrivain nous amène-t-elle à réfléchir sur les rapports entre les hommes et les femmes au Moyen-Âge ? Nous verrons dans un premier temps qu’au Moyen-Âge, Esclarmonde et toutes les femmes sont sous l’autorité des hommes puis nous analyserons comment Esclarmonde, insoumise, s’est rebellée.

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[2 carreaux] Selon Esclarmonde, en s’appuyant sur sa propre expérience, les hommes dominent les femmes au Moyen-Âge.

[2 carreaux] Elle est d’abord sous la domination de son père.

Par la métaphore « dessinée, modelée par les paroles des hommes » elle se compare à une terre façonnée par son père, « meilleur sculpteur ». Elle n’a donc pas la liberté de choisir et de décider. Son père la maintient même dans l’ignorance, comme elle le souligne avec irone « il avait oublié de me parler des défauts de mon sexe et avait chassé son chapelain  qui ne savait se taire »

Le père d’Esclarmonde la voit comme une œuvre d’art, qu’il ne cesse de «contempler », objet précieux enfermé, conservé à l’abri du regard des autres hommes comme nous le montrent les expressions « ne parvenait pas à se décider à me céder à un autre », « au centre du jardin clos »,  « si bien gardé aux Murmures ». Esclarmonde est donc aussi privée de liberté de mouvement.

[2 carreaux] Les autres hommes ne respectent pas Esclarmonde.

Elle est avant tout un animal chassé comme le souligne la phrase isolée « mais les seigneurs voisins guettaient leur proie », qui marque la colère d’Esclarmonde. Le terme proie peut aussi s’entendre comme personne sur laquelle on exerce sa domination, sa violence. Esclarmonde comprend que le mariage ne lui permettra pas d’être libre : elle sera toujours sous la domination d’un homme.

Elle est aussi pour les hommes un moyen de s’enrichir. Esclarmonde critique ces hommes attirés par l’argent, comme le soulignent la phrase isolée « j’étais l’unique fille et j’aurais belle dot » et l’expression « du trésor qui m’était attaché ».

Esclarmonde est un objet de désir pour les hommes : le passage de la première personne à la troisième personne avec l’utilisation du déterminant démonstratif, les répétitions de « cette pucelle », « vierge », « cette jouvencelle » montre son indignation et sa colère.

Le pronom on dans les phrases « l’on disait qu’il suffisait » et « comme on devait rêver de cette pucelle » sont une tournure péjorative pour désigner les hommes et marquent aussi son indignation et sa colère, soulignés également avec les points d’exclamation et l’interpellation aux lecteurs avec l’impératif « imagine »

[2 carreaux] Mais ce que vit Esclarmonde n’est pas un cas particulier, selon elle, toutes les femmes sont sous la domination des hommes.

L’anaphore « nous l’étions toutes » suggère que toutes les femmes sont privées de leur liberté.

La mise en parallèle de « paroles de femmes » et « babillages » ainsi que la mise en parallèle «désirs de femmes » et « dangereux caprices » montrent que les femmes ne sont pas respectées. L’écrivain montre la violence faite aux femmes à cette époque par l’utilisation de l’expression « balayer (…) d’un coup de verge. ». La phrase isolée « Mais, de mon désir, nul ne se souciait. «  marque la colère continue d’Esclarmonde.

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[2 carreaux] Nous avons vu qu’Esclarmonde et les femmes au XIIème siècle n’ont aucun droit : elles ne disposent pas de leur corps, les hommes leur interdisent de s’exprimer, de se déplacer, tout écart est sanctionné par la violence. Cependant, Esclarmonde a trouvé le moyen de se rebeller et d’échapper à la domination des hommes mais lequel ? C’est que nous allons maintenant voir.

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