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Dissertation sur Jean de la Fontaine

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Par   •  7 Décembre 2020  •  Dissertation  •  3 854 Mots (16 Pages)  •  2 848 Vues

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Dissertation sur La Fontaine

        La Fontaine (1621-1695) est un poète, fabuliste, écrivain et dramaturge célèbre et reconnu de l’époque classique (17ème siècle). Comme tous les auteurs de cette époque, il s’inspire particulièrement des auteurs anciens tels qu’Esope ou Phèdre.  Il écrit ses œuvres dans un contexte marqué par le renforcement de l’absolutisme du pouvoir de Louis XIV. C’est dans l’apogée de sa carrière d’auteur, dans les années 1664 à 1679, qu’il publie les trois recueils de fables dans lesquels il critique la société et le pouvoir. Son objectif est de transmettre des discours moralistes sur le ton de l’ironie et de l’humour afin de faire réfléchir ses lecteurs. Le second recueil est paru en 1678 et a pour mécène Madame de Montespan (favorite officielle du roi). Ce recueil est placé sous le signe de la diversité, notamment au niveau des personnages puisqu’on trouve toujours des animaux qui restent majoritaires mais on trouve aussi des personnages humains et inanimés.  Il me semble donc intéressant de montrer dans quelle mesure l’univers imaginaire de La Fontaine, dans le second recueil des Fables, permet de comprendre sa vision du monde.

Dans un premier temps, nous étudierons les personnages imaginaires animaliers qu’il a choisi, puis dans un deuxième temps, nous verrons pourquoi il met en scène des personnages humains.

        Dans ses fables, La Fontaine nous présente des personnages imaginaires animaliers. Ces animaux doivent nous apporter des connaissances, nous faire réfléchir sur nos actions et leurs conséquences.

        Tout d’abord, La Fontaine prend position, dans l’ensemble du second recueil, du côté de Gassendi, un philosophe des Lumières. Pour ces deux penseurs du 17ème siècle, les animaux ont une âme, sont intelligents et font preuve d’ingéniosité. Les deux hommes accordent du respect aux animaux et dénonce les violences qui leur sont faites. Leur réflexion s’oppose à celle de Descartes, un autre philosophe des Lumières avec lequel Gassendi a eut une querelle philosophique. En effet, contrairement à La Fontaine et Gassendi, Descartes était persuadé que les animaux étaient des automates, qu’ils n’avaient aucune sensibilité, pas d’âme et ne ressentaient pas la douleur. Il les qualifiait même d’ « animaux machines ». D’ailleurs La Fontaine, très engagé dans ce débat, réfute la thèse de Descartes dans son « Discours à Madame de la Sablière » (livre IX) en reprenant les mêmes mots que le philosophe : « Ils disent donc que la bête est une machine ; qu’en elle tout se fait sans choix et par des ressorts : nul sentiment, point d’âme, en elle tout est corps ». De plus, il fait plusieurs mises en abîmes en prouvant la stratégie animale. En effet, les cerfs se servent de leur expérience pour éviter les chasseurs ; la perdrix feinte, fait la blessée, pour sauver sa couvée, tromper les chasseurs et s’enfuir. Madame de la Sablière sera convaincue par La Fontaine et défendra à son tour la cause des animaux. Ainsi, l’auteur défend les bêtes dans plusieurs fables.  Premièrement, dans « Les deux rats, le renard et l’œuf » (livre IX) il compare les animaux aux enfants. Il explique que si les bêtes sont ignorantes et stupides car elles ne sont pas dotées de la parole, alors les enfants le sont aussi dans leurs premières années. Cependant, en touchant au langage de l’enfance, La Fontaine implore de la pitié et réussit à démontrer le raisonnement et la capacité d’inventer des animaux. Effectivement, les deux rats ont inventé un stratagème afin de fuir avec l’œuf tout en le gardant en sécurité, hors de la vue du renard. Dans la fable « Les souris et le Chat Huant » (livre XI), La Fontaine exploite de nouveau le thème de la stratégie animale. Le chat huant (hibou) coupe les pattes des souris qu’il attrape pour qu’elles soient dans l’incapacité de s’échapper. Il met en contradiction les mots  « ressort » et « raison » pour faire preuve de respect envers les animaux. Une autre fable me semble importante pour montrer leur estime des bêtes. C’est « le Chien qui porte à son cou le dîné de son maître » (livre VIII). Dans cet apologue, La Fontaine avance que l’Homme exploite et domine les animaux et qu’il ne sait pas se contrôler. En effet, il a écrit « Chose étrange ! On apprend la tempérance aux chiens, et l’on ne peut pas l’apprendre aux Hommes ». On peut dire que La Fontaine a une vision symbolique, traditionnelle des animaux qu’il doit aussi au Roman de Renart duquel il s’est inspiré pour créer ses personnages. Par exemple, le loup et le renard représentent les courtisans tandis que le lion symbolise le roi. Parfois, La Fontaine inverse le rôle des animaux comme celui du bouc, de l’Ours ou du chien puisque dans le Roman de Renart ces animaux sont valorisés alors qu’ils sont synonymes de violence chez La Fontaine. Cette vision des animaux est partagée par d’autres auteurs tels que Molière qui a dit « Les bêtes ne sont pas si bêtes que l’on le pense ».

        Ensuite, La Fontaine utilise des personnages animaliers afin de critiquer le Roi et la Cour. Le fait d’anthropomorphiser les animaux lui permet aussi d’éviter la censure car, à l’époque, les critiques négatives étaient punies. Premièrement, les personnages principaux du Roman de Renart ont une place fondamentale dans les fables. En effet, dans ce Roman, Noble le lion représente le roi qui exerce toujours son pouvoir et son autorité. Renart est associé aux courtisans, il possède le pouvoir de la parole et utilise une argumentation pro domo ce qui signifie qu’il est habile pour se sauver lui-même. Le loup Ysengrin incarne aussi le personnage d’un courtisan. Cependant, il est bête, dangereux et cruel, il est associé à l’échec. De plus, grâce aux animaux, La Fontaine peut exprimer sa vision du monde. Il est objectif lorsqu’il parle de la Cour car il n’en fait pas vraiment partie. Aussi, il est indépendant du pouvoir royal car son mécène n’est pas le Roi. Ainsi, l’auteur critique une Cour dangereuse, violente, injuste, hypocrite, soumise et la déshumanise. Dans « Les animaux malades de la peste » (livre VIII) et « La Cour du Lion » (livre VIII), l’écrivain dépeint une cour hypocrite. Dans la première fable, l’âne est sincère et est choisi comme bouc émissaire ce qui montre que dans le monde des courtisans, les plus faibles, les plus misérables sont les victimes des plus puissants. La seconde fable reprend l’idée de la sincérité à bannir à la Cour car l’ours et le singe, en étant trop honnêtes se font assassiner alors que le renard, hypocrite, raconte des histoires au roi qui le croit par stupidité. Dans « Les Vautours et les Pigeons » (livre XIII), La Fontaine montre une cour dangereuse et violente dans laquelle les courtisans se font la guerre entre eux pour des idées non-partagées ou contredites. En effet, les vautours se battent, les pigeons tentent de ramener la paix, d’apaiser les conflits, mais les vautours s’unissent alors contre eux et les tuent. On peut parler de la loi du plus fort dans cette fable. La fable « Le Lion, le Loup et le Renard » (livre IX) explique aux courtisans que nuire aux autres ne nous apporte rien de bon. En effet, les courtisans cherchent l’ascension sociale mais trouvent souvent la déchéance. Dans « Le lion, le loup et le renard », le loup passe de favoris du roi à mort tué par le roi ; dans « La cour du roi », le singe et l’ours, par trop de sincérité se font assassinés ; dans « Les animaux malades de la peste » l’âne devient le bouc émissaire de la Cour… On sait aussi que la cour est injuste et plusieurs fables le prouvent. On découvre une justice tyrannique dans « Le chat, la belette et le petit lapin » ou encore une justice inutile dans « L’huître et les plaideurs ». De plus, la Cour est soumise au roi, les courtisans jouent pour l’apparence, pour plaire au monarque. La Fontaine se plaît à la déshumaniser en la rendant machine, en disant que les courtisans ne sont que de « simples ressorts ». Il Rassemble toutes ces idées dans « Les obsèques de la Lionne ». Il y compare aussi les Hommes aux animaux (caméléon et singe). Pour terminer, La Fontaine donne l’image d’un roi cruel, puissant et autoritaire. En effet, le roi possède le pouvoir de vie ou de mort sur ses sujets. Cette idée s’appuie sur la fable « La cour du Lion » où le roi décide de tuer le singe et l’ours car leurs commentaires ne lui ont pas plu. On peut ajouter que dans cette fable, l’auteur met en évidence un roi tyrannique et susceptible. L’autorité du roi est notamment montrée dans « Le lion, le loup et le renard » et dans « les obsèques de la lionne » puisque ces fables montrent que les décisions du roi ne peuvent pas être contestées car lorsqu’il décide quelque chose, on doit l’accepter.

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