Dissertation Jean Luc Lagarce
Dissertation : Dissertation Jean Luc Lagarce. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar William Stc • 20 Octobre 2022 • Dissertation • 1 317 Mots (6 Pages) • 638 Vues
"[a]Dans sa préface à Juste la fin du monde, Jean-Pierre Sarrazac présente la pièce comme: "un drame qui n'advient pas, qui restera l'affaire intime d'un seul, en butte à l'impossibilité de se faire entendre - ou à celle de s'exprimer[...]" Que pensez-vous de cette définition de la pièce? - Dissertation
Jean-Luc Lagarce est un auteur du XXème Siècle dont les pièces font partie des plus jouées en France de nos jours. Comédien, metteur en scène et dramaturge, Lagarce a écrit notamment Juste la fin du monde, une pièce dans laquelle Louis, un jeune homme parti de chez lui depuis longtemps, décide de rentrer avec pour mission celle de prévenir sa famille de sa mort prochaine. La pièce est intéressante tout d’abord en cela qu’elle est écrite sur une base de non-dits. Pourquoi Louis est-il parti ? Que s’est-il passé avec le père d’Antoine, Suzanne et Louis ? Les personnages savent-ils que Louis va mourir ? Quel est le mal qui ronge Louis ? Aucune de ces questions ne trouve de réponse dans l'œuvre qui semble se passer hors du temps. Tout du long, le lecteur ou spectateur de la pièce s’attend à une révélation fracassante et à des cris là où Lagarce ne laisse traîner que des bribes d’informations noyées dans les épanorthoses. On peut dès lors se demander si Juste la fin du monde est un drame familial ou bien une tragédie de la parole.
Dans un premier temps, la pièce sera considérée comme un drame familial puis, dans un deuxième temps, sera évoqué le manque de communication. Enfin, elle sera envisagée en tant que tragédie de la parole.
Juste la fin du monde est à première vue une pièce présentant un drame familial au lecteur ou spectateur. En effet, elle se déroule dans la maison familiale un dimanche, jour commun pour un déjeuner en famille. Louis, sa mère, sa sœur Suzanne et son frère Antoine se retrouvent pour la première fois depuis le départ de Louis.
La maison est donc un lieu de retrouvailles et est même introduit auprès de Louis un nouveau membre de sa famille qui n’est autre que Catherine, la femme de son frère. Chacun tente à sa manière de maintenir la conversation. Ainsi, ils parlent du trajet de Louis, de la pluie, du beau temps et des enfants d’Antoine et Catherine. Toutefois, Louis n’est pas venu pour bavarder mais a pour objectif d’annoncer à sa famille sa maladie et sa mort à venir. De plus, Suzanne comme Antoine ont besoin de parler à leur frère. La mère s’en rend d’ailleurs bien compte et dit ,dans la scène 8 de la première partie, “ Ils voudront t’expliquer mais ils t’expliqueront mal”. Ainsi, cette maison calme semble sur le point d’être le théâtre d’un drame familial, tempéré uniquement par la mère.
Le drame de la mort de Louis, sur le point d’être dévoilé tout au long de la pièce, ne le sera pas. On peut toutefois imaginer que les personnages sont au courant de cette grande nouvelle que Louis ne leur annonce pas, comme le laisse à penser par exemple la phrase d’Antoine dans la scène 3 de la deuxième partie “et lorsque tu quitteras encore, que tu me laisseras,”. C’est d’ailleurs le choix d’interprétation qu’a fait Xavier Dolan dans son adaptation cinématographique de la pièce, et qui rend encore plus insoutenable le silence qui règne entre les personnages. Toutefois, le drame familial que Jean-Luc Lagarce présente dans cette pièce n’est pas résolu et les personnages se séparent sans s’être dit ce qu'ils souhaitaient se dire, sans s’être compris.
Les personnages passent la pièce à parler. On ne note en effet qu’un nombre extrêmement limité de didascalies, les lieux où se déroulent les scènes ainsi que les faits et gestes des personnages ne sont donc que très succinctement évoqués. Cette absence de précisions ne laisse au lecteur que la parole, que les personnages et leurs dialogues et soliloques.
Pourtant, il est à noter qu’ici la parole a beau être omniprésente elle est hachée, interrompue, reformulée. En effet, on observe tout au long de l'œuvre une parole qui se rapproche au maximum de l’oral et qui cherche à se faire comprendre. On peut en effet le justifier par la présence de nombreuses questions rhétoriques par exemple, mais aussi de parenthèses dans les dialogues comme si les personnages se paraphrasaient eux-mêmes “(c’est une image assez convenue),” (scène 10, partie 1) ou encore de points de suspension “Ce que tu ne comprends pas…” (scène 4, première partie). Enfin, l'abondance d’épanorthoses prouve que les personnages cherchent à tout pris à employer le mot juste afin de se faire entendre.
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