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Dissertation baudelaire les fleurs du mal

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Par   •  19 Janvier 2023  •  Dissertation  •  4 207 Mots (17 Pages)  •  410 Vues

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La critique range souvent certains poètes de la fin du XIXe siècle parmi les héritiers directs de Baudelaire. On compte parmi les héritiers Paul Verlaine, avec les Poèmes saturniens en particulier, Lautréamont avec Les Chants de Maldoror, et Arthur Rimbaud, avec les Cahiers de Douai aussi bien que les poèmes en prose des illuminations. Mais à quoi tient la filiation qu’on établit ainsi ? Leurs œuvres sont diverses, les thèmes dominants, les tonalités qu’on y trouve sont à chaque fois la marque d’un tempérament artistique très personnel. Serait-ce alors parce qu’ils partagent le même « recette » de transmutation poétique, si l’on emprunte cette image au critique contemporain qui a écrit : « S’il y avait une recette de la pierre philosophale poétique d’après Charles Baudelaire, il entrerait dans la composition de celle-ci autant de révolte, de douleur et d’humour grinçant que de poésie au sens traditionnel du mot. » En parcourant Les Fleurs du Mal, le lecteur est en effet frappé par la véhémence et parfois par la violence de certains poèmes qui montrent un Baudelaire révolté en particulier contre les persécutions que lui inflige celui qu’il nomme l’Ennemi ; d’autre part, la douleur, sous de nombreuses formes qui vont de la nostalgie à l’angoisse et finalement au désespoir, est omniprésent dans Les Fleurs du Mal : et, même si ce trait passe souvent inaperçu à première lecture, il y a en effet un humour grinçant, noir et qui tient souvent du dénigrement de soi-même, dans certains poèmes de Baudelaire. Il est cependant clair que Baudelaire a voulu produire une œuvre poétique au sens le plus élevé du terme, bien plus qu’un recueil où s’exprimaient ses humeurs. Il avait cette ambition qu’ont transmise ensuite les Symbolistes de recréer et non d’évoquer les objets dont se saisissait son art poétique ; il avait également l’ambition de révéler la Beauté que ne peuvent percevoir ceux qui ne sont pas poètes ; il avait enfin et surtout, nous semble-t-il, la volonté de réussir à refermer dans une œuvre poétique unique et brève la quintessence d’une  vie de poète.

En effet, il y a de la révolte, de la douleur et de l’humour dans Les Fleurs du Mal. Tout d’abord, la révolte contre ce qu’il appelle l’Ennemi qui le persécute, qui est parfois l’Ennui, le Temps ou la Nature. Le thème du temps est fréquent au cours de ce recueil : Baudelaire le décrit comme un Vampire qui « nous ronge le cœur et du sang que nous perdons croît et se fortifie » dans le poème « L’Ennemi ». Ce paradoxe final annonce une personnification courante du temps en monstre dévorateur et particulièrement sous l'aspect d'une créature vampirique. Dans « l'Horloge », le poète se sent menacé et il devient la cible du temps. La présence du champ lexical de la mort certifie le point culminant de cette souffrance : l'homme est effrayé. Enfin, dans « Chant d'Automne », le temps est assimilé à une arme redoutable. On voit le poète frémir et être gagné par le froid mais il semble avoir un sursis et pouvoir goûter un peu de douceur avec la consolation de l'amour qui n'est pas aussi présent dans les autres poèmes, plus sombres. Pour représenter la fuite du temps et le combat de l'homme confronté à son vieillissement et à la peur de la mort, Charles Baudelaire a eu recours à des symboles classiques comme les saisons ou la personnification du temps en monstre dévorateur et chacun de ces trois poèmes illustre bien une facette de son Spleen et de sa souffrance existentielle. « Chant d'Automne » est le plus mélancolique et le registre élégiaque s'y entend de manière feutrée alors qu'on ressent une dimension plus tragique dans « l'Ennemi » et dans « l'Horloge ». De plus, dans la section « Spleen et idéal » s’exprime la volonté du poète d’échapper à l’ennui et d’atteindre la beauté et l’idéal, d’abord par l’art, puis par la femme. Le poète en arrive au constat de l’impossibilité d’échapper au mal : c’est l’échec de l’idéal. Le poète rencontre le spleen, une mélancolie vague qui lui inspire le dégoût de tout. Il finit par reconnaître la victoire du spleen. Notamment, le poème LXXVII « Spleen » révèle des propos, une domination de l’ennui qui mène à la maladie, à la mort, la joie est impossible, les distractions sont vaines, il n’y a pas de guérison possible, l’oubli l’emporte sur le réconfort du souvenir. C’est à l’aide de nombreux procédés tel que les comparaisons, les antithèses, les métaphores que l’on peut déceler l’ennui. D’autre part, le poème LXXII « Spleen » révèle, lui aussi, une souffrance de l’esprit habité par l’ennui, la tristesse, l’échec de l’espérance, le triomphe de l’angoisse du spleen à travers des comparaisons, des anaphores, une personnification de l’espoir et de l’angoisse. Ensuite, Baudelaire souffre physiquement et moralement de tous les agréments : pluie, humidité, la mauvaise saison le rend malade. Il ne voudrait vivre que sous le beau temps. Le LXXV poème intitulé « Spleen » nous présente le spleen à la fois comme un sentiment de malaise physique et morale, mais aussi comme un sentiment chez le poète. Baudelaire décrit le spleen poétiquement à travers des suites d'images symboliques, de plus en plus fantastiques et délirantes. Il fait de ces éléments des symboles de son état de spleen, il métamorphose cet espace quotidien en un ensemble hanté par le mal d'être, l'incapacité à dire et à chanter. Toutefois, le mot « douleur » est l’un des plus fréquents dans Les Fleurs du Mal, et recouvre de nombreux types de souffrances : la nostalgie d’un passé réel ou imaginaire, l’angoisse devant les forces destructrices qui paralysent la création poétique, et le désespoir lorsqu’il se découvre impuissant face à ces mêmes forces. Effectivement, le sonnet « Alchimie de la Douleur » exprime l’horreur du spleen baudelairien. Le poète n’a plus confiance en sa capacité à élaborer une œuvre sublime et se lamente douloureusement de sa condition de poète moderne. Il élabore une nouvelle esthétique et une nouvelle beauté, justement tirées du spleen. C’est la détresse de Baudelaire qui est créatrice. L’intense inaccessibilité de l’idéal l’amène à explorer des champs poétiques nouveaux.  Dans ce poème, Baudelaire défend que le pouvoir de l’alchimiste est une malédiction, surtout lorsque le poète devient en proie à la tristesse. Dans cette œuvre, l’auteur apparaît comme étant une conscience torturée, à la fois solitaire et vide de partage. Cependant, même si sa tristesse lui fait voir des choses sombres, il parvient paradoxalement à transfigurer la douleur. La douleur est donc fertile car elle est une source d’inspiration pour le poète. Sa condition de poète moderne et maudit lui permet de créer une nouvelle esthétique précisément fondée sur le désespoir et dont son sonnet est la meilleure preuve. Dans « La Vie Antérieure », Baudelaire cherche à atteindre ce monde idéal dont il porte en lui la vision. Il évoque une vie faite d'illusion où l'oppression de la société conduit chacun de nous dans un état de spleen, de nostalgie et de chagrin profond. L'artiste essaie de combler le vide entre lui et ce monde par la création. Le lecteur est ainsi touché par les sentiments mais aussi par les sensations en interactions qui renforcent cette vision réaliste.  Alors que « La Vie Antérieur » décrit un idéal heureux et harmonieux, la chute du sonnet laisse le lecteur sur l’image de la souffrance du poète. Cette chute semble ainsi marquer l’irruption du spleen qui vient briser l’harmonie. On s’aperçoit que quelques touches inquiétantes venaient déjà assombrir l’idéal dépeint par Baudelaire. Nous voyons donc bien que l'idéal baudelairien passe par la beauté des paysages, mais aussi par l'harmonie de l'agencement des éléments mais qui néanmoins cache une terrifiante constatation. Certes, le poète s'identifie entièrement à cette scène, mais la fin de « La vie antérieure » n'est qu'une chute brutale vers la déception et le spleen. Elle semble être un remède parfait au spleen, mais malheureusement sa dimension éphémère ne fait qu'apporter la souffrance et l'angoisse. Finalement, on devine chez Baudelaire une forme particulière d’humour qui semble se trahir dans ses outrances, dans le choix de certains sujets des « Tableaux parisiens » entre autres, ou encore dans certains des poèmes qui évoquent ses relations toujours ambiguës avec les femmes.  En effet, les femmes sont omniprésentes dans Les Fleurs du Mal. Dans la section Spleen et Idéal, on distingue généralement quatre cycles de poèmes consacrées à des femmes connues de l'auteur. Baudelaire développe également des thèmes comme la prostitution et le lesbianisme. Le rapport aux femmes dans le recueil est cependant ambigu. Quand la femme devient muse, inspiratrice, source de beauté nouvelle et d’exotisme, le transport est réel. Mais la femme peut aussi être dominatrice et faire souffrir. Elle est alors comparée au « vampire », car elle prive le poète de son génie, en le détournant de la création. D’autre part, « Parfum exotique » est le premier poème de Spleen et idéal qui parle d’amour. Baudelaire associe dans ce poème la femme, le parfum et la rêverie. Le thème de l’érotisme est développé et approfondi par l’évocation de la virilité « Des hommes dont le corps est mince et vigoureux ». L’image de la femme que renvoie le poème est idyllique. Dès qu’il parle de la femme, l’auteur utilise le terme « je vois » cela accentue la vision de rêve qu’évoque la femme. Le poème débute comme une évocation sensuelle de la femme aimée, d’une scène intime puis le rapprochement avec celle-ci est l'occasion d'une rêverie de paysage exotique et d'un voyage des sens. Le début pourrait laisser penser que Baudelaire a écrit un poème d’amour traditionnel. Pourtant, la femme aimée joue un rôle secondaire dans ce poème. C’est son parfum qui est vecteur d’une rêverie exotique et d’une évasion sensuelle. Toutefois, la sensualité n’est pas qu’amoureuse dans ce poème : le parfum de la femme aimée est l’occasion d’une rêverie exotique et d’un éveil des sens. En outre, « Tableaux Parisiens » est l’un des grands thèmes de ce recueil. Baudelaire fait l’éloge de sa ville. Il parle de sa nostalgie du vieux Paris. Il y peint aussi l’ambiance étrange des quartiers où l’on croise des assassins et des prostituées. Paris fait de Baudelaire l’un des premiers poètes de la modernité, en raison d’une prédilection pour l’urbain, la vitesse, et l’artifice. Paris connaît des travaux majeurs qui ont pour objectifs d’être à la fois esthétique, économiques et politiques, le poète est le témoin de ces métamorphoses urbaines qu’il évoque avec une grande précision dans ses poèmes, en particulier dans la section des « Tableaux Parisiens » Cependant, le poète est plutôt contradictoire puisqu’il ressasse et écrit « Les Sept Vieillards » ainsi que « Les Petites Vieilles », sa peur étant de vieillir, il dresse pourtant des tableaux en relation avec la vieillesse et joue de ses faiblesses.

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