Dissertation Bac Littéraire Français 2008: comment croire à ces bergers et ces bergères des romans que lisaient les précieuses de Molière ?
Recherche de Documents : Dissertation Bac Littéraire Français 2008: comment croire à ces bergers et ces bergères des romans que lisaient les précieuses de Molière ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Josi07 • 21 Mai 2013 • 3 061 Mots (13 Pages) • 1 178 Vues
Attention ! les indications en couleur ne sont qu’une aide à la lecture et ne
doivent pas figurer dans votre rédaction.
Introduction
(Amorce) À l’origine méprisé, le roman a mauvaise « réputation » : c’est un
genre destiné « aux femmes », qui inspire aux lecteurs des idées folles,
« romanesques »… et qui leur tourne la tête. Cervantès met très tôt en
garde contre ce fléau en se moquant de la folie imaginative de Don Quichotte
qui l’amènera à sa perte, Flaubert peint les dégâts causés par la
lecture des romans sur l’esprit d’Emma Bovary. C’est que le roman met en
scène des héros parfaits, idéalisés ou extravagants et rocambolesques,
souvent si imaginaires qu’on ne saurait y croire, empêtrés dans des intrigues
incroyables qui rendent difficile l’identification du lecteur et créent un
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écart entre fiction et réel : comment croire à ces bergers et ces bergères
des romans que lisaient les précieuses de Molière ?
Dans quelle mesure – et pourquoi – le romancier doit-il gommer la part imaginaire
de ses personnages ? N’y a-t-il pas un certain risque à vouloir que
ses personnages deviennent de véritables personnes et soient totalement
imités du réel ? Quel parti le romancier peut-il en fait tirer de ce mélange de
réalité et de fiction qu’est inévitablement le personnage romanesque ?
I. Pourquoi et comment le romancier chercherait-il
à effacer les marques de fiction dans la création
de ses personnages ?
1. La fiction toute-puissante dans le roman : le mythe du héros
Le mot « héros » vient du mot grec qui signifie « demi-dieu » : le héros, dans
l’épopée antique, est un intermédiaire entre les dieux et les humains ; de
cette origine, le personnage de roman a longtemps gardé cette sorte
d’auréole qui suscite l’admiration par son courage, sa force de caractère ou
sa grandeur d’âme que l’on ne saurait rencontrer que dans la fiction. Le
roman, comme le théâtre avant lui, s’est approprié ce type de personnages
admirables, tels que la vie n’en présente que très rarement, et dont le
lecteur ne saurait se rapprocher : qui pourrait se mesurer à Jean Valjean ? à
Edmond Dantès, capable de s’évader de façon pour le moins… extraordinaire
de la prison du château d’If ?
Parfois même, le personnage romanesque devient fantastique et prend la
forme d’une créature totalement imaginaire, tel le Grenouille du Parfum de
Suskind.
Cependant, les romanciers se sont progressivement démarqués de l’épopée
et ont eu pour souci d’effacer les traces de fiction dans leur personnage de
façon à se rapprocher du réel, à faciliter au lecteur l’identification avec le
personnage pour qu’il « y croie ».
Pourquoi cette volonté de réduire au minimum, voire de faire disparaître
cette part de fiction du personnage ?
2. Diminuer la fiction pour donner l’illusion d’un monde réel,
en dévoiler les secrets au lecteur
Réduire l’écart entre l’imaginaire et le réel dans la création du personnage, c’est
rendre plus aisée l’adhésion du lecteur à « l’histoire ». Il ne dira plus : « c’est du
roman », mais « c’est un roman ». Le lecteur ressent alors de la curiosité pour
ce personnage dont, tel un voyeur, il est tenté de connaître la vérité intime.
C’est pourquoi des romanciers, comme Marivaux, s’efforcent, par des subterfuges
variés, de faire croire à la réalité du personnage : dans le
préambule à La Vie de Marianne, le narrateur se présente comme un simple
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intermédiaire qui aurait découvert un manuscrit « authentique », une autobiographie
dont l’auteur – pourtant fictif – souligne le pacte
autobiographique : Marianne dira toute la vérité. Marivaux gomme alors
toute trace de fiction et, par là, invite le lecteur à entrer dans l’intimité de la
jeune femme. Philippe Claudel procède de même dans les Âmes grises.
3. Faciliter l’identification : offrir un miroir de soi et inviter
le lecteur dans un monde qui ressemble au sien
et dont il peut/pourrait faire partie
Ce désir d’approcher la réalité répond aussi à la volonté du romancier
d’offrir à son lecteur un miroir de lui-même. De nombreux lecteurs de
romans se trouvent désemparés une fois leur lecture finie, parce qu’ils ont
l’impression d’avoir quitté un autre soi-même. Si les lecteurs du XVIIIe siècle
se sont laissé prendre par le roman de Marianne, c’est parce que son intimité
ressemblait à la
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