Diable au corps

La lecture du Diable au corps de Radiguet trouvera aisément sa place en classe de Première, dans le cadre de l’objet d’étude « Le personnage de roman, du XVIIe siècle à nos jours ». Roman autobiographique, Le Diable au corps est en effet fortement marqué par la subjectivité d’un Narrateur qui exprime sa « vision du monde ». Le récit s’enracine dans la Première Guerre mondiale, moment déterminant dans l’évolution de la culture et de l’histoire occidentales, et marqué par un effondrement des valeurs bourgeoises. Incarnées par les adultes, ces valeurs sont largement battues en brèche dans le roman par le Narrateur et sa maîtresse Marthe, et par le couple qu’ils forment. Au-delà de leurs caractéristiques propres, les personnages du texte constituent ainsi des « modèles humains » qu’il s’agit de décrypter.

Le Diable au corps déroge aux représentations traditionnelles de la Grande Guerre. L’œuvre place au centre de l’action un Narrateur dont l’âge, le caractère contestataire (il méprise « les excellents préjugés bourgeois ») et les préoccupations adolescentes favoriseront un phénomène d’identification chez les lycéens.

L’analyse de cette œuvre permettra également d’approcher les « évolutions du genre romanesque » (B.O.) d’au moins deux manières. D’une part, ce texte s’intègre dans la longue tradition des romans d’amour, genre très normé dont l’auteur reprend les codes tout en les détournant. D’autre part, Le Diable au corps a paru à un moment de pleine effervescence dans la création littéraire, marquée à la fois par des récits novateurs influencés par l’esthétique surréaliste et par des œuvres de propagande ou de mémoire cherchant à rendre compte de l’horreur de la guerre. Radiguet tourne manifestement le dos à ces deux types de production et s’engouffre dans une troisième voie, qu’on analysera au cours de notre séquenceen insistant sur les points suivants : le très jeune âge de l’auteur, sa formation classique et son appartenance au milieu d’avant-garde littéraire et artistique de l’époque ; l’élaboration rapide du roman, sa promotion moderne par l’éditeur (usage de procédés publicitaires) et son succès teinté de scandale.

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