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Dans quelle mesure le spectateur est-il partie prenante de la représentation théâtrale ?

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Par   •  14 Février 2019  •  Dissertation  •  2 115 Mots (9 Pages)  •  2 360 Vues

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(théâtre)                                                                                          Corrigé de la dissertation 

                Sujet : Dans quelle mesure le spectateur est-il partie prenante de la représentation théâtrale ?

(Intro)                 La particularité du texte théâtral est sa vocation fondamentale à être représenté en public. Les comédiens jouent  face au public, ils évitent de lui tourner le dos. Tout tourne donc autour de la réception de la pièce par les spectateurs. A priori le spectateur n'est pas appelé à intervenir dans la représentation qui exige silence et attention. Mais il joue un rôle indiscutable dans la réussite d'une représentation et le succès (ou l'échec) d'une pièce : au début des représentations, il n'est pas rare que le metteur en scène ou des comédiens regardent discrètement, en entrouvrant le rideau de scène, si la salle est remplie, comment se comporte le public : ils « prennent la température ». C'est pourquoi la prise en compte du spectateur par le dramaturge est essentielle. Dans quelle mesure le spectateur est-il donc partie prenante de la représentation théâtrale ?

                I-  La présence active des spectateurs : ils  manifestent leurs émotions 

             -   Des rires : le registre comique d'une pièce est destinée à amuser le public (par le comique de gestes, de mots, de situation, de caractère). Un public qui rit participe de façon sonore à la représentation.

                 -    Un silence attentif ou ému devant une scène dramatique, pathétique ou tragique. Certains spectateurs peuvent être bouleversés, touchés aux larmes par  des tragédies ou des drames, dont le but est d'émouvoir.

                -  Des applaudissements : le public peut applaudir au cours de la pièce pour soutenir le jeu des acteurs, saluer une tirade ou un monologue particulièrement bien joués. Les applaudissements au début de la représentation ont pour fonction d'accueillir l'entrée en scène des acteurs, et de les encourager : le public exprime ainsi son attente d'être diverti. A la fin de la représentation, le public applaudit pour manifester sa satisfaction, son plaisir. On entend parfois des « Bravo ! » : une représentation est plus vivante  lorsqu'elle déclenche les réactions enthousiastes des spectateurs.

        -    A l'inverse, un public peut réagir par un silence de mécontentement, perturber la représentation en quittant la salle, faire des commentaires négatifs à haute voix, siffler la pièce , huer les comédiens: il exprime ainsi son ennui, sa déception ou sa colère parce que le spectacle ne lui a pas plu. Les réactions public font donc le succès ou l'échec d'une pièce. 

PAR EXEMPLE :    Dans l'acte I de Cyrano de Bergerac, de Rostand (1897), Cyrano va au théâtre ; spectateur exigeant, il perturbe la représentation et chahute Montfleury, un  mauvais comédien: il le ridiculise devant toute la salle qui s'esclaffe !        

         Molière dans La Critique de l'Ecole des femmes (1663) montre que comment un spectacle peut être perturbé par des spectateurs peu attentifs, indisciplinés, pédants (les petits marquis, spectateurs snobs, ont ouvertement méprisé les rires du parterre et ont cherché à dévaloriser la représentation de  L'Ecole des femmes).

        Le personnage de Figaro, dans Le Barbier de Séville de Beaumarchais (1775), explique l'échec de sa comédie pour avoir été victime, en tant qu'auteur dramatique, d'une « cabale » (ses ennemis ont demandé à une partie du public d'être hostile et de siffler sa pièce) alors qu'il avait lui-même employé des spectateurs pour faire la « claque » (payés pour applaudir afin de garantir le succès de la représentation). C'était une pratique courante à cette époque.

        

        II- Le théâtre joue avec l'implication du spectateur et crée une  complicité entre les personnages et les spectateurs

        - Jeu avec l'illusion théâtrale : le dramaturge peut imaginer de faire tomber le « quatrième mur », invisible, qui sépare la scène et le public, et d'impliquer directement les spectateurs dans une sorte d'échange avec un personnage : par exemple lorsqu'un personnage fait une entrée ou une sortie en passant au milieu des spectateurs, surpris ou amusés.

        - Apartés et monologues: les apartés créent une complicité entre spectateurs et personnages dont une réplique n'est entendue que des seuls spectateurs : c'est le cas par exemple dans L'Avare de Molière, lorsque le valet La Flèche enrage contre Harpagon sans que ce dernier l'entende : « La peste soit de l'avarice et des avaricieux ! ». Le public se met naturellement du côté du valet contre son horrible maître. Les monologues sont aussi des moments où le public se trouve en position de confident du personnage : le monologue correspond souvent à un moment de crise morale du personnage, qui se pose des questions, doit faire un choix cruel, fait le bilan de sa vie, laisse éclater son émotion. Dans Le Mariage de Figaro de Beaumarchais (1784) , Figaro seul sur scène laisse éclater sa colère et son désespoir contre sa fiancée, contre son maître, le comte Almaviva, contre les difficultés de la vie : le spectateur  ne peut que partager le sentiment de révolte et d'exaspération du personnage et devient son complice.

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