Corrigé type En quoi le chapitre 4 développe-t-il une réflexion philosophique autour de la condition humaine ?

Objet d’étude :

La question de l'Homme dans les genres de l'argumentation, du XVIe siècle à nos jours

 Lecture analytique : Voltaire, Micromégas, Chapitre IV, « Ce qui leur arrive sur le globe de

la Terre » (en entier) (14 points)

Rappel du sujet :

Vous ferez la lecture analytique du chapitre IV de Micromégas de Voltaire en répondant à la question suivante :

En quoi ce chapitre IV du conte développe-t-il une réflexion philosophique autour de la condition humaine ?

Rappels méthodologiques

Ne négligez pas la lecture expressive du texte, sachant que, le jour de l’examen, l'examinateur peut décider d'interrompre

cette lecture à son gré et demander au candidat de passer à la suite de son exposé. En effet, la lecture n'est pas destinée à

faire prendre connaissance du texte à l'examinateur, mais à permettre à ce dernier d'évaluer la qualité de la lecture, voire la

compréhension du texte par le candidat. N'oubliez pas qu'une lecture très hésitante, où l'on bute sur tous les mots, signale déjà

un manque de travail !

La lecture analytique du texte commence par une introduction dans laquelle le candidat introduit la question et annonce le

plan qu'il va suivre pour la résoudre. À l'introduction fait suite la réponse, organisée ainsi : présentation du premier axe de

lecture, démonstration de cette première idée directrice au moyen d'exemples commentés tirés du texte, transition et annonce

du second axe, puis, le cas échéant du troisième, suivant le même principe, toujours en relevant dans le texte des procédés et

des termes que l'on aura soin de commenter pour les rattacher à l'idée exposée. L'explication du texte achevée, le candidat

conclut en rappelant les points forts de sa démonstration et en tâchant de proposer une ouverture, par exemple sur un autre

passage de la même œuvre, sur un ouvrage du même auteur ou d'autres auteurs, etc.

Proposition de lecture analytique

(Présentation du texte avant lecture)

Apprécié de ses contemporains pour ses tragédies, Voltaire est passé à la postérité comme un encyclopédiste et l'auteur par

excellence, de contes philosophiques. Micromégas, le premier conte qu'il entreprit, ne fut publié qu'en 1752, après Zadig et

Candide. Il relate le voyage interstellaire d'un jeune homme originaire d'une planète tournant autour de l'étoile Sirius. Avec le

secrétaire de l'Académie de Saturne, géant comme lui mais d’une taille beaucoup moins importante, Micromégas arrive sur

Terre. Notre texte commence au moment où les deux voyageurs découvrent cette planète.

Cned – 7FR10CTPA0212 2/6

(Lecture du texte)

(Lecture analytique proprement dite)

(Reprise de la question posée et annonce du plan)

Avec deux géants extraterrestres qui dégustent pour leur déjeuner des montagnes, ce texte a toutes les allures d'un conte

fantaisiste pour enfant. Cependant, si, comme dans tous les contes, il y a une leçon, celle-ci est philosophique et propose une

critique des contemporains de l'auteur. Plus précisément, on se demandera ici en quoi Voltaire développe une réflexion

philosophique autour de la condition humaine. Pour ce faire, on verra tout d'abord en quoi le récit et le débat qu'il comporte sont

de nature à stimuler la réflexion philosophique puis quels sont les enseignements que l'on peut tirer du texte concernant la

condition humaine.

(Premier axe)

Voyons donc comment le récit de cette découverte de la planète Terre par Micromégas et le Saturnien permet de susciter la

réflexion du lecteur.

On notera tout d'abord qu'une grande partie du texte, un tiers environ, de « Le nain, qui jugeait quelquefois un peu trop vite » à

« Le Saturnien répliqua à toutes ces raisons » est consacrée à un débat, à un dialogue argumentatif entre les deux

personnages pour juger de l'existence d'habitants sur Terre. Ce débat intéresse d'autant plus que le lecteur qu'il est

rapporté au discours direct et qu'il est animé. La discussion prend en effet la forme d'une véritable dispute dans le sens

moderne du terme avec l'enchaînement, presque en stichomythie, de contre-arguments introduit par la coordination

d'opposition « mais » : « « Mais, dit, le nain », « Mais, répondit l'autre », « Mais, dit le nain », « Mais enfin ». De plus, les deux

antagonistes s'emportent comme l'indiquent la précision narrative « Micromégas en s'échauffant à parler », l'interjection

exclamative répétée deux fois « Eh ! », ou encore l'opposition antithétique des arguments : « J'ai bien tâté » / « vous avez mal

senti ». La volonté de convaincre l'autre, de la part des deux géants, se traduit encore par l'emploi de questions rhétoriques,

s'adressant, qui plus est, directement à l'interlocuteur : « voyez-vous ces petits ruisseaux… ? », « Remarquez-vous encore la

forme du globe ? » « concluez-vous de là… ? », « Ne vous ai-je pas dit

...