Commentaire littéraire, Une charogne de Baudelaire
Commentaire de texte : Commentaire littéraire, Une charogne de Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar alicia_gdn18 • 20 Janvier 2018 • Commentaire de texte • 1 581 Mots (7 Pages) • 3 503 Vues
Godwyn Alicia
1ère ECO 2
Commentaire « Une charogne » |
Charles Baudelaire est un auteur majeur de la littérature française considéré comme le précurseur de la modernité poétique. Né en 1821 et mort en 1867, il vécu des événements traumatisant au cours de sa vie : la mort de son père quand il était âgé de 6ans ainsi que la remariage de sa mère avec le commandant Aupick qu’il ne tient pas dans son cœur. La succession de ces événements vont le faire aboutir à un être mélancolique. Une charogne, poème largement critiqué à l’époque, apparaît dans la section « Spleen et Idéal » des Fleurs du Mal parue le 25 juin 1857. Le poète décrit la promenade avec Jeanne Duval, la femme aimée, interrompue par une vision d’horreur : l’apparition d’un corps en putréfaction. Pour ce poème, nous nous questionneront sur : En quoi Baudelaire renverse-t-il les valeurs morales au XIXè siècles ? On aura donc une anecdote sordide et moralisatrice (I) pour ensuite déboucher sur une vision surprenante de la mort, ici la mort est perçue comme un enjeu esthétique (II).
Lors de la promenade avec Jeanne Duval, le poète fait une description de la charogne qui va choquer le lecteur : cette anecdote est sordide et en même temps, Baudelaire fait la morale à la femme aimée.
Il veut rappeler à Jeanne Duval le souvenir macabre que lui a apporté la charogne mais en même temps, il s’en amuse. L’impératif présent à l’ouverture du poème « Rappelez-vous », est une adresse à la femme aimée : le poète l’incite a se souvenir d’un moment marquant. Cette anecdote va lui amener, par la suite, une morale. Ensuite le champ lexical de la charogne et de la décomposition est très riche : « une charogne », « pourriture », « carcasse », « puanteur », « ventre putride ». De plus, l’indice de la multitude « suant les poisons », « au centuple », « plein » mêlée à la métaphore des « Noirs bataillons » insiste sur le mécanisme de la décomposition, Baudelaire amène des précisions sur le corps de la charogne quasi scientifique. Il a un fort décalage entre l’horreur que le lecteur peut ressentir et la forme d’amusement auxquels se livre le poète ce qui amène à une découverte insolite presque attrayante. Pour mettre fin à cette première sous-partie, la comparaison présente vers 10 souligne une expression appartenant au domaine culinaire. Un sentiment ressort de cette citation : L’ironie. En effet, le poète a recourt à l’humour noire pour détourner l’image choquante de la charogne.
Baudelaire fait ensuite l’éloge d’une comparaison troublante de la charogne à la femme aimée, ce qui est assez surprenant puisque associer une belle femme à un cadavre est quelque chose d’irrespectueux. L’expression « comme une femme lubrique » souligne que la mort impose à la charogne une position insolite, permettant de découvrir l’anatomie intime. Pour le poète, c’est peut être l’occasion de tracer un parallèle avec les postures recherchées par la femme aimée. Du côté de la femme aimée, cette citation fait ressortir un rapprochement blessant mais en même temps une provocation évidente qui est une vision aux antipodes de la galanteries. Ensuite, la métaphore du lit et les connotations érotiques vers 4 à 8 souligne une description qui permet de reconstituer un corps féminin vivant. La dimension érotique suggérée reflète la provocation du poète. Poursuivons avec la périphrase « mes amours décomposés » à la fin du texte aborde la désignation de la femme aimée après la mort. Le poète suggère ici que ses sentiments amoureux ainsi que la beauté de la femme aimée sont voués à disparaître après la mort. Il y a un parallèle entre le destinataire et le corps découvert sur le chemin.
De nouveau, dans ce poème, l’ironie moralisatrice est mise en avant par ce souvenir de la charogne. Le titre « une charogne » a deux sens. En effet, il signifie un corps en putréfaction mais aussi un homme vil, ignoble. Ce jeu sur le sens du mot est en réalité une adresse cachée et injurieuse à la femme aimée. Le poète semble condamner l’absence de principes de son amante : Au final, quels sont les véritables sentiments du poète pour cette femme ? Amour ? Colère ? Haine? La construction du texte est intéressante puisque le poème est divisée en deux parties : on découvre une transition vers 37 grâce au changement de temps (futur) des verbes. On ressent une mise en garde de la femme aimée : sa beauté est éphémère et sa vie galante et amoureuse est provisoire. Ici, on perçoit une morale pessimiste mais célébrée avec ironie. Baudelaire justifie un contraste entre une forme traditionnelle (éloge amoureux) et une image originale et choquante (la charogne) grâce à des antithèses et des oxymores : « divine » et « décomposé », « Reines des Grâces » et « étoiles de mes yeux » qui correspond à un lexique galant opposé à « infection » et « infâme ». Tous ces procédés récapitulent un vocabulaire péjoratif. Le poète à la volonté de rabaisser la femme aimée, de lui rappelez certaines réalités, de la ramener à une certaine humilité.
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