Commentaire littéraire " Dans la rue " Marguerite Desbordes-Valmore
Commentaire de texte : Commentaire littéraire " Dans la rue " Marguerite Desbordes-Valmore. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Haperlink 孙 • 28 Septembre 2022 • Commentaire de texte • 758 Mots (4 Pages) • 5 405 Vues
En 1834, sous la monarchie de Juillet, les révoltes de canuts prennent de l’ampleur et leur répression est terrible. Dans son poème « Dans la rue », publié dans son recueil Pauvres fleurs (1839), Marceline Desbordes-Valmore s’inspire de cette répression de l’armée qu’elle a vue depuis sa fenêtre. Elle écrit ces six quatrains en alexandrins pour faire entendre le discours de femmes qui ont vécu, survécu à ce sanglant événement. Comment décrit-elle, alors, cette ‘semaine sanglante’ dans ce poème ? Nous nous intéresserons en premier temps à la manière dont elle décrit ce qui se passe dans cette rue puis aux personnages, souffrants ou heureux, qui sont peint dans ce tableau.
Le poème nous donne une image sanglante de la rue dès la fin du premier quatrain, dont les 3 premiers vers sont répétés plus tard, dans les vers 14, 15, 16. La présence de « corps étendus » (V.3) n’est pas choquante, connaissant le contexte, mais la description « troués par les mitrailles » (V.3) y rajoute un détail horrible, accentué par la répétition du son « tr », et qui choque par sa brutalité. Le lexique de l’horreur, « morts » (V.1), « meurtre » (V.5), « sang » (V.6), « égorgé »(V.8), est utilisé pour ajouter au décors une ambiance encore plus tragique et sanglant. La présence de la mort est d’autant plus ressentie car dès le premier vers « Nous n’avons plus d’argent pour enterrer nos morts » celle-ci apparaît par la mention de personnes décédés.
Ce décor, tout d’abord horrifique est pourtant tout autant tragique. Les « meurtris » (V.22), étaient innocent, pacifistes, comme nous le prouve le dernier vers « Dieu! Bénissez-les tous, ils étaient tous sans armes ». Il y a des morts partout, que ce soit « Les femmes, les enfants, qui s’envolaient aux cieux. » (V.10), « Les hommes » (V.11) qui finissent « dans le sang jusqu’au yeux. » ou bien juste « le témoin » (V.20) qui n’avait rien fait de plus que d’observer la scène. Leur grand nombre étant souligné par le fait que Dieu les « cueillait comme des fleurs froissées » (V.9)
Le poème s’ouvre par l’indication « La Femme » qui indique que ce n’est pas Marceline qui parle mais une femme, qui a probablement vécu cette événement. Celle-ci fait connaître sa situation difficile en commençant par « Nous n’avons plus d’argent » (V.1) et « nos morts » (V.1) qui signale qu’elle n’a même plus assez d’argent pour prendre soin de ce qui reste des êtres cher à leurs yeux, comme probablement la plupart des femmes vivant à Lyon à ce moment. Plus loin dans le poème, après l’indication « Des Femmes », on peut entendre leur colère et leur tristesse dans les derniers vers de ce poème. Les « âmes courroucées » (V.12) « ne veulent pas quitter leurs membres morts » (V.13) font part que même dans leur mort, ils s’accrochent à la vie, indignés par la manière dont ils sont morts, cherchant probablement vengeance contre « le vainqueur » (V.5) qui les a tués.
Opposé à eux, « le vainqueur siffle et passe » (V.5), les soldats ont une attitude joyeuse, gaie voir désinvolte, ce qui peut signifier que ce n’est qu’une simple mission pour eux et qu’ils sont juste de passage pour les tuer. L’utilisation d’une question au vers suivant « Où va-t-il ? » suscite l’intérêt du lecteur et la réponse « Au trésor, toucher le prix du sang » nous informe que les soldats ne font ça que pour de l’argent. La présence de soldat entraîne la mort, comme nous le prouve ce quatrain où à la fin celui-ci a « égorgé le passant » (V.8). Ou encore dans le cinquième quatrain où il est dit que « La mort est un soldat » (V.19) suivit par le mort d’un témoin. Cette allégorie donne à la mort le visage du soldat.
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