Commentaire du poème "Le chat" de Baudelaire
Commentaire de texte : Commentaire du poème "Le chat" de Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Survivant03 • 7 Juin 2017 • Commentaire de texte • 888 Mots (4 Pages) • 3 518 Vues
En 1857 paraît le recueil de Charles Baudelaire Les Fleurs du Mal, dont le titre est de luimême révélateur du talent à la fois ambigü et transgressif du poète. En effet, Baudelaire y dévoile une esthétique toute en tension, entre quête d'ldéal et pulsions vers le Mal, que seule l’écriture poétique semble apaiser. L'œuvre sera censurée et suivie d'un procès qui ruinera la vie et l'œuvre d'un talent incompris. Le poème « Le chat », XXXlVème pièce de la section « Spleen et Idéal » extraite du même recueil, dévoile la complexité de l'esthétique baudelairienne. Baudelaire modernise l'art du sonnet en y mêlant érotisme et danger.
Afin d'analyser comment Charles Baudelaire dévoile dans « Le Chat » une esthétique toutes en tensions, il s'avèrera essentiel d’aborder l'analogie omniprésente du chat et de la femme, afin d'exprimer l'ambiguïté de la Muse et de ses rapports avec le poète, qui transcende l'expérience sensuelle en un prodige poétique.
Au sein du poème « Le Chat », la femme et l'animal s’avèrent indissociables. En effet, la métaphore filée associe systématiquement le chat et la muse. Dès le premier vers, « Viens, mon beau chat,sur mon cœur amoureux », une intimité se crée entre le poète et «l'animal », et l'analogie se confirme dans ce sonnet rapporté à Ia lumière du tercet: « Je vois ma femme en esprit »/ « Son regard, comme le tien », etc. Ainsi, le lecteur se surprend à se demander si l'animal est personnifié ou la femme animalisée...
En outre, l'art du blason domine au niveau des quatrains évoquant le corps du chat, « les griffes de ta patte », « tes beaux yeux », « Ta tête et ton dos élastique », mais aussi dans les quatrains ébauchant un portrait de la femme : « Son regard », « des pieds jusqu'à la tête », « un air », « son corps brun », ce dernier groupe nominal précisant l'identité de la muse, Jeanne Duval, actrice de boulevard métisse avec laquelle le poète a entretenu une liaison passionnée durant 27 ans.
Par ailleurs, femme et chat sont associés du fait de leur ambiguïté. Les sonorités du sonnet jouent sur le contraste, les assonances en /a/, /0/ et /ou/, voyelles ouvertes, alternant avec celles en /i/, voyelle fermée, comme l'attestent les deux premiers vers. De même les allitérations en /t/, « ta tête et ton dos élastique », occlusives mimant la violence, se mêlent à celles en /f/, « Profond et froid », évoquant la douceur: la musicalité du sonnet révèle les tensions habitant le poète luimême.
En associant femme et chat, Baudelaire révèle un talent tout en tensions, illustrant la complexité des rapports entre l'Homme et sa muse.
En effet, le portrait de la femme suscite le questionnement du fait de ses ambiguïtés: le regard, considéré comme « miroir de l'âme », révèle toutes ses contradictions : la beauté s'y mêle au métal, symbole de froideur, luimême déchiré entre trivialité du métal proprement dit et préciosité de l’agathe : « tes beaux yeux, / Mêlés de métal et d’agathe ». Le même topos est empreint de tensions dans le premier tercet : « Son regard (...) Profond et froid, coupe et fend comme un dard ».
La muse
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