Commentaire de Texte sur le texte “pluie de cendre” de Laurent Gaudé
Commentaire de texte : Commentaire de Texte sur le texte “pluie de cendre” de Laurent Gaudé. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar kisoam35 • 16 Mai 2021 • Commentaire de texte • 1 313 Mots (6 Pages) • 910 Vues
Commentaire de Texte sur le texte “pluie de cendre” de Laurent Gaudé
Les dramaturges modernes, après avoir exploré les ressources du théâtre de l’absurde, reviennent, dans la seconde moitié du xxe siècle, à la tragédie grecque, source du théâtre, tout en l’adaptant au monde moderne.Romancier mais aussi dramaturge, Laurent Gaudé aborde ainsi dans plusieurs de ses ouvrages le thème de la guerre : son roman Cris a pour toile de fond la Première Guerre mondiale ; sa troisième pièce, écrite en 1981, se déroule dans une ville assiégée anonyme, bombardée, incendiée, recouverte d’une « pluie de cendres » qui ensevelit tout. Tous les habitants savent que la mort les attend, inéluctable, mais ils continuent le combat, excepté Ajac qui veut s’échapper avec son amante Korée. Mais celle-ci s’est suicidée ; ayant appris la nouvelle, dans les dernières scènes de la pièce Ajac rejoint les deux autres derniers survivants, Brastch et le vieil Argot. Ce dénouement met un point final au parcours tragique de personnages qui acceptent leur destin (I). Mais Laurent Gaudé a su moderniser la tragédie en définissant la condition d’homme et la notion de dignité humaine à travers l’attitude de ses trois personnages (II).
On découvre la situation tragique mais qui est acceptée par les personnages et particulièrement avec son inéluctabilité les deux scènes marquent la fin et le caractère inéluctable du parcours des trois survivants : la situation de la ville assiégée a scellé le sort de tous. Dans la scène précédente, Bratsch avait déclaré : « le combat est perdu » ; Argo, dans la scène 6, mentionne au futur de certitude le moment où « les ennemis entreront dans la ville » ; Ajac confirme : « ils vont venir maintenant ».Le cadre du dénouement matérialise cet aboutissement fatal : la ville est assiégée de toutes parts, les scènes se déroulent « dans les gravats de la ville », « près de l’entrée du tunnel d’Ajac », désormais inutile. Certains détails de la mise en scène concrétisent visuellement cette progression irrémédiable, comme les « entailles […] faites au couteau » par Argo, qui parle du moment où il « aura fini » et prophétise que la « dernière encoche » sera pour lui.
Des liens indestructibles se sont tissés entre le destin des trois personnages. Dans cette interaction, le personnage de Korée a une importance déterminante : présente sur scène puisque Ajac porte « dans ses bras [son] corps » et que, dans la scène 7, il l’apostrophe et lui parle, elle est exclue de l’action de la pièce puisqu’elle est morte. Mais, même morte, indirectement elle agit : c’est son suicide qui oblige Ajac à affronter son statut de « dernier des hommes » ; ils sont donc intimement liés, comme en témoignent les paroles que lui adresse Ajac dans la scène 7. Par ailleurs, le fait que son corps passe des bras d’Ajac à ceux d’Argo qui « est là » et qui « veiller[a] » sur elle marque concrètement sur scène ces liens indéfectibles.Au-delà de ce cas particulier, Argo devient le dépositaire du souvenir de tous les disparus : il affirme solennellement qu’il « n’oubliera personne » (scène 6).
Ce dénouement tragique ne joue pas sur un réalisme pathétique mais il met en relief l’attitude assumée des personnages. La dernière scène s’achève avant l’arrivée des ennemis, évitant ainsi le réalisme tapageur et trop facilement spectaculaire. Le désastre à venir, lorsque les ennemis « vont déferler sur la ville », lorsque « dans cette pluie de feu […] leur sang coulera dans les rues », n’est pas représenté sur scène mais seulement évoqué prophétiquement par Ajac. L’imminence du désastre ne change rien au parcours d’Argo ou d’Ajac qui savent ce qui les attend et l’imaginent avec une netteté et une précision prophétiques. Laurent Gaudé refuse ce type de dramatisation et met plutôt l’accent sur les
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