Commentaire composé français, la maison du berger de Alfred Vigny
Commentaire de texte : Commentaire composé français, la maison du berger de Alfred Vigny. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar valentine04 • 26 Janvier 2023 • Commentaire de texte • 2 500 Mots (10 Pages) • 470 Vues
DST FRANÇAIS
- Commentaire composé
Le poème La maison du Berger a été écrit en 1864 lors d’un contexte conservateur avec le retour à l’ordre de Napoléon III où les libertés sont restreintes.
Alfred Vigny (1797-1863) est un romancier, poète et dramaturge qui a mené une carrière militaire et littéraire. Il est considéré comme une figure majeure du romantisme. Il a été élu à l’Académie Française en 1845. Il a écrit de nombreuses œuvres tel que Les Destinées ou encore a été le traducteur en vers de Shakespeare.
Ce poème lyrique provient d’un recueil qui s’intitule Les Destinées qui est un recueil posthume de poèmes philosophiques. Ce recueil a été crée en 1864, soit un an près son décès.
La maison du Berger est un poème appartenant au mouvement littéraire du romantisme où le poète exprime amour et sentiments à travers de nombreuses images tel que la nature, élément prépondérant de son poème.
On peut ainsi se demander en quoi ce poème permet au poète d’exprimer ses sentiments.
Pour répondre à cette problématique, nous verrons dans un premier temps que le poète exprime son amour à une femme dont il rêve puis que ses sentiments prennent formes à travers la présence de la nature.
Tout d’abord, Alfred Vigny destine son amour à une femme qu’il désire et qu’il rêve.
En effet, ce poème est destiné à cette femme dont on a comme seule indication son prénom : Eva « A Eva ». En réalité il n’est pas seulement destiné à Eva mais également à lui et à eux deux, on constate dans ce poème une triple énonciation qui les rapproche et les unis : « ton » (vers1), « Je » (vers 38), « nos » (vers 36). Cette triple énonciation leur permet d’avoir une certaine intimité qui reste secrète : « passions secrètes » (vers 12) aux yeux du lecteur car elle est très peu présente mais imaginable par les nombreuses suppositions qu’il laisse entendre à travers la conjonction de subordination « Si » répétée sept fois aux vers 1, 5, 6, 8, 12, 14 et 30. De plus, le champ lexical du corps de cette femme est présent dans chacune des strophes de ce poème montrant alors l’importance qu’il accorde à ce corps, à sa beauté : « cœur » (vers 1), « tête » (vers 11), « corps » (vers 12), « pieds » (vers 17 et 22), « front et tes yeux » (vers 33), « cheveux » (vers 36). En énumérant certaines parties de son corps, il accentue le désir qu’il éprouve pour elle ainsi que l’amour qu’il lui porte. En effet, en évoquant deux fois le nom commun « pied » et « yeux » et en commençant son poème par le nom commun « cœur », il leurs donne une certaine importance. Le cœur désignant le lieu de naissance des sentiments qu’ils soient bons ou mauvais, les pieds permettant la mobilité du corps et les yeux, partie du corps exprimant tous les sentiments, émotions que le cœur peut ressentir. On comprend alors que pour le poète, ce poème est le fruit de ses émotions et de son ressenti face à cette femme. Cet aspect sentimental du poème est d’autant plus renforcé par la présence de synesthésie. Effectivement, on retrouve quatre sens en lisant ce poème : la vue « voit » (vers 6), « regards » (vers 13 », le touché « frémissant » (vers 12), l’ouïe « silence » (vers 22) et « silencieux » (vers 36), et enfin l’odorat « parfumé » (vers 34). Son amour pour Eva est mis en valeur par la question du voyage et de la fuite. En effet, tant il éprouve de sentiments pour elle, il la veut auprès d’elle et lui demande ainsi de quitter la ville pour le rejoindre à la campagne : « Pars courageusement, laisse toutes les villes » (vers 14). A travers cette demande, Vigny montre son côté autoritaire avec l’utilisation de deux impératifs : « Pars […] laisse » qu’il utilisera également dans la suite de son poème. Il fait alors part de son souhait dont il rêve plus que tout, être à ses côtés. Pour l’encourager à prendre cette décision, le poète lui déclare son amour dans sa dernière strophe en lui prouvant qu’il sera prêt à tout pour la satisfaire et la combler « Si l’herbe […] J’y roulerai pour toi la Maison du Berger » (vers 31-32). De plus, il emploie seulement deux fois le nom commun « amour » aux vers 6 et 29 qui correspondent à la première et à la dernière strophe de son poème ce qui montre alors le thème principal de son poème. Enfin, il termine son poème avec deux questions rhétoriques : « Que m’importe le jour ? que m’importe le monde ? » (vers 37). Ces deux questions témoignent alors bien que peut importe ce qu’il peut se passer son amour restera le même et ne changera pas, il est immortel.
Cependant, le poète la décrit également en tant que fautive et cherche ainsi à la sauver.
En effet, les quatre premières strophes de son poème incriminent la vie d’Eva et la rend ainsi coupable de cet amour impossible. Le champ lexical de la souffrance est extrêmement présent au début de ce poème montrant : « gémissant » (vers 1), « blessé » (vers 2), « écrasant » (vers 4), « saignant […] plaie » (vers 5), « enchainée » (vers 8), « duel » (vers 10), « pleure » (vers 11). A travers ce champ lexical, le poète exprime sa souffrance, sa souffrance de cet amour loin, éloigné et même impossible. Il nous livre ses émotions et ses craintes en attribuant toutes ces souffrances à Eva, à son cœur et son âme. Il l’accuse de son malheur à travers les liens qu’ils entreprennent : « Si ton âme est enchainée, ainsi que l’est mon âme » (vers 8). Ici, il montre son désarroi et son incapacité à se délivrer de cette peine qui le ronge. De plus, il évoque dans le premier vers de son poème la douleur de leur relation : « Si ton cœur gémissant du poids de notre vie ». Ce vers nous démontre alors dès le début qu’il s’agit d’une relation douloureuse qui n’est pas compatible entre ces deux cœurs qui s’abiment et s’alourdissent dû à ce mélange de deux vies différentes. En personnifiant le cœur avec le verbe « gémir » dans ce vers, Vigny lui donne une grande importance et indique alors que le cœur est source de vie et de malheur, responsable de toutes sortes de sentiments. Par la suite, Vigny use de nombreuses négations restrictives et totales : « ne…qu’» (vers 5), « ne…plus » (vers 6 et 17) et « n’est pas » (vers 33). Toutes ces négations permettent au poète de mettre en avant son désaccord et sa peine et ainsi d’affirmer son mécontentement face à ce que Eva lui fait subir. Sa souffrance est d’autant plus exprimée au vers 4 avec l’énumération de trois adjectifs qualificatifs péjoratifs : « Tout un monde fatal, écrasant et glacé ». Dans ce vers, le poète cherche à montrer à Eva que le monde dans lequel elle vit n’est autre que sans émotions et froid. Ce monde froid et sans émotions est la conséquence de cet amour impossible qu’elle devra alors supporter. Cette sorte de punition est exprimée à travers une comparaison au vers 2-4 : « Se traine et se débat comme un aigle blessé, Portant comme le sien, sur son aile asservie, Tout un monde fatal, écrasant et glacé ». Pour remédier à cette conséquence, le poète veut sauver son amour et Eva au vers 29 : « Viens y cacher l’amour et ta divine faute ». Ici, le poète lui offre une seconde chance à travers cette antithèse « divine faute » où il exprime alors son pardon et cherche à la purifier par les mains de Dieu. Enfin, Vigny fait de nombreuses allusions à la notion de l’esclavage. Effectivement, il compare l’endroit de vie de Eva à des lieux d’esclavages : « aile asservie » (vers 3) en parlant de son cœur, lieu de vie métaphorique d’Eva, « Sur sa galère » (vers 10) qui peut faire référence aux galères à l’époque où les esclaves étaient forcés de travailler de manière dures et mortelles, «les cités serviles » (vers 18) qui démontre ainsi des villes soumises, terme également utilisé pour désigner les esclaves et enfin : « de l’esclavage humain » (vers 19) qu’il compare avec ces villes soumises. Ainsi, le poète ne comprend pas le monde d’Eva et cherche alors la faire fuir d’un monde vide d’émotions et salis par l’esclavage où les hommes sont enchainés comme des prisonniers.
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