Commentaire Britannicus
Commentaire de texte : Commentaire Britannicus. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Julien973 • 11 Novembre 2022 • Commentaire de texte • 1 251 Mots (6 Pages) • 442 Vues
La pièce de Jean Racine «Britannicus» met en scène la rivalité politique et amoureuse de Néron, le nouvel empereur, avec son demi-frère Britannicus. Racine utilise le classicisme comme mouvement littéraire. La première représentation de Britannicus a lieu en 1669 à l'Hôtel de Bourgogne à Paris. Néron, fils d'Agrippine et fils adoptif de l'empereur Claude, devient empereur à son tour après la mort de ce dernier, au détriment du fils légitime de Claude, Britannicus, alors trop jeune pour hériter. Néron et Britannicus, frères ennemis, cherchant chacun à posséder les faveurs de la jeune et innocente Junie. Avec cette pièce, Jean Racine aborde l'histoire romaine, domaine jusqu'alors réservé à son rival Pierre Corneille. Britannicus, c'est l'innocence dans la fragilité et l'illusion d'une éternelle adolescence. Britannicus apparaît donc davantage comme une victime que comme un héros tragique, dont il n'a ni les faiblesses ni les grandeurs, parce qu'il n'en possède ni la volonté ni la lucidité. Comment cette scène marque-t-elle l’apogée du conflit entre Néron et Britannicus ?
Junie est l'amante de Britannicus, mais Néron l'a fait kidnapper en pleine nuit et amener au palais de force avant de s'en découvrir amoureux. Malheureusement, sans savoir que Néron les épie, Junie dit toute la vérité à Britannicus et lui renouvelle ses promesses d'amour. Ils sont brusquement interrompus, au début de la scène, par Néron, furieux de trouver Britannicus aux pieds de Junie. Cette rage de Néron transparaît, dès le début de la scène, par l'ironie dont il fait preuve en s'adressant à son frère. Néron, de son côté, fait étalage de sa toute puissance d'empereur pour, sinon séduire Junie, en tous cas la contraindre.
Britannicus rappelle deux fois à Néron qu'il est l'héritier légitime du trône. La première fois au vers 1033-1034 "Et l'aspect de ces lieux où vous la retenez n'a rien dont mes regards doivent être étonnés",Britannicus rappelle à Néron que ce palais était auparavant celui de son père, et donc qu'il lui appartient. Plus loin, au vers 1039-1040 "Et ne s’attendaient pas lorsqu'il nous virent naître, qu'un jour Domitius dut me parler en maître" en appelant Néron par le nom de son père biologique, Britannicus lui rappelle qu'il n'est pas un descendant légitime de l'empereur Claude. Face à lui, Néron fait à nouveau étalage de sa puissance. En effet, si Britannicus est bien le fils légitime de l'empereur Claude, c'est cependant Néron qui est empereur. Néron insiste sur ce point au vers 1042, «J'obéissais alors, et vous obéissez» l'emploi du verbe obéir, à l'imparfait pour Néron mais au présent pour Britannicus, illustre bien leur rôle respectif : Néron n'est plus ni un enfant ni un fils adoptif, il est un empereur. Britannicus lui n'est pas encore adulte et n'est pas empereur, il doit donc obéir et se soumettre.
Cette scène, qui est la première de la pièce à réunir Britannicus et Néron, est donc celle de l'affrontement oral et de la violence verbale. Néron n'hésite pas à recourir à la menace ouverte envers son frère. Enfin, au vers 1050, lorsque Néron affirme «Je sais l'art de punir un rival téméraire» c'est bien entendu à Britannicus qu'il fait référence.
Le rythme de la scène est construit en gradation, pour appuyer la tension croissante entre les deux frères. La discussion est de plus en plus tendue et les deux rivaux ont baissé le masque, révélant leur hostilité et conduisant, par cela, la pièce vers son dénouement tragique.
«Eh bien, Gardes !» vers 1069, «Gardes qu'on la ramène» vers 1080 et «Gardes, obéissez sans tarder davantage» vers 1085 démontre bien cet équilibre entre la terreur provoquée par un Néron qui, non content de kidnapper une jeune fille en pleine nuit veut maintenant faire arrêter son frère et la pitié qu'éprouvent ces mêmes gardes pour Britannicus, qu'ils ont du mal à se résoudre à arrêter. La pitié ensuite pour Britannicus et la pauvre Junie, qui pour sauver Britannicus est prête à se sacrifier elle-même. Junie en effet, bien que présente durant toute la scène, reste muette durant l'affrontement oral entre les deux frères et ne prend la parole que lorsque Néron appelle la garde pour faire arrêter Britannicus. Junie, pour sauver Britannicus de la colère de Néron, est donc prête à se sacrifier en renonçant au mariage.
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