Colloque sentimental Verlaine
Commentaire de texte : Colloque sentimental Verlaine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar bribricoco • 15 Février 2023 • Commentaire de texte • 1 920 Mots (8 Pages) • 507 Vues
Colloque sentimental
Introduction
Lorsque Verlaine publie en 1869 les Fêtes galantes trois ans après les Poèmes Saturniens , ce recueil de 22 poèmes aux formes métriques très variées et en général brèves évoque les fêtes que l’aristocratie donnaient dans ses parcs à l’époque de louis XV et qui étaient l’occasion pour les libertins de galantiser à l’envie. Il s’inspire de Watteau et des autres peintres du XVIIIème siècle qui ont évoqué les plaisirs frivoles et galants de la société aristocratique . Les premiers poèmes font défiler des scènes galantes avec des sous-entendus érotiques , des scènes de séduction , des badinage amoureux où se mêlent les personnages issus de la commedia dell arte dans d’une campagne idéalisée alors que d’autres soulignent l’amour compliqué , inaccessible ou encore trompeur.
Colloque sentimental achève le recueil et la fête devient danse macabre. , En effet , le poète refuse l’idéalisation du souvenir amoureux cher au romantique et met en scène deux silhouette spectrales qui se retrouvent pour parler de leur ancienne passion dans un décor fantomatique .
Pb Comment Verlaine détourne-t-il le thème traditionnel du rendez-vous sentimental pour illustrer la désillusion amoureuse ?
Mvt
Le poème se compose d’une série de distiques en décasyllabes , forme originale et mes mouvements suivent une structure composée d’une description suivi d’un dialogue
1er mvt : les 3 premiers distiques posent le cadre spatio -temporel du dialogue
2mvut : les deux êtres dialoguent directement évoquant le souvenir de leur liaison passée
3ème mouvement : la reprise du récit et l’errance dans le parc
Explication linéaire
Ier mvt : les 3 premiers distiques posent le cadre spatio-temporel du dialogue
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l’heure passé
Les rendez-vous amoureux sont des stéréotypes littéraires. Les poètes romantiques, à l’exemple de Musset ou Lamartine nous ont habitué à perpétuer le souvenir de la passion dans la souffrance. Verlaine met toute son énergie à la ridiculiser
- L’usage du décasyllabe amoindri l’ampleur de l’alexandrin plébiscité par les romantiques
- La scène se situe en hiver avec l’adjectif « glacé » par opposition aux scènes traditionnelles situées au printemps qui est la saison des amours. Il traduit une ambiance morbide et annonce l’idée d’une fin de vie amoureuse et physique car « glacé » renvoie au froid de la mort .
- L’adjectif «vieux » qui qualifie le parc s’oppose à la jeunesse et à la vitalité associée à l’amour : il est dégradé .
- L’hypallage « solitaire » qualifie d’ordinaire un être animé. Le rapprochement permet de caractériser par association le couple solitaire et chacun des deux amants désormais isolés.Le perc reflète l’état d’esprit des amants et définit un état intermédiaire entre la vie et la mort. Cette correspondance est sensible dans l’empli des adjectifs liés au parc « solitaire » et « vieux » L’hypallage traduit aussi de façon ironique le transfert privilégié des Romantiques de l’état d’âme dans le paysage .
- Le parc est peuplé de « deux formes » indistinctes ; deux fantômes sans identité et réduites à l’état de spectre . Elles sont désindividualisées : on ne sait s’il s’agit de deux hommes, de deux gemmes ou d’un homme et d’une femme. Le déterminant numéral « deux » annule toute distinction de sexe»
- Le passé composé « ont passé » reste troublant car il parait marquée une action achevée depuis quelques temps mais l’expression adverbiale « tout à l’heure » rapproche la temporalité du présent ou en tout cas d’une action liée à un passé récent . On ne sait pas par rapport à quel moment le poète situe cette scène : elle se situe donc dans un passé indéterminé, presque illimité, celui de la mort
- L’emploi de rimes plates accentue l’idée d’une monotonie diffuse
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles
Et l’on entend à peine leurs paroles
- L’atmosphère morbide du 1er distique trouve ici un écho explicite puisque les yeux des formes sont « morts » et que leurs lèvres sont « molles » , par opposition à la fermeté de la jeunesse . Les yeux et les lèvres sont des constantes du discours amoureux mais ils sont en décomposition
- La reprise du son « mo » dans « morts » et « molles » renforce un jeu d’écho sonore présent dans le parallélisme syntaxique : det poss+ nom= v être+ attri du sujet) et ajoute à l’irréalité abstraite de ces formes :
- Verlaine s’adonne à son penchant pour la déréalisation : le présent de caractérisation « sont » et celui de narration « entend » , projette une temporalité confuse avec le passé composé précédent . la scène n’est pas précisément datée mêmes i elle renvoie aux fêtes galantes du XVIIIème siècle
- L’allitérations en « l » et « m » renforcent cette impression de fuite et d’écoulement irréversible
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé
- Ce distique reprend le premier créant un cycle lancinant et musical .Il rappelle le refrain d’une chanson mas surtout traduit l’aspect cyclique du temps étiré ; le couple tourne en rond
- Deux changement : le mot « formes » devient « spectres » accentuant l’idée d’une entrée dans le monde des morts
- La répétition du polyptote passé , verbe dans le premier distique et nom dans le 3ème insiste sur le thème de la fuite du temps : les personnages semblent piégés dans leur errance et dans leur passé
Verlaine propose un traitement résolument moderne du rendez-vous amoureux : le lieu, les « amants » sont devenus des symboles de mort et de solitude. En mettant en scène ce colloque , Verlaine s’attaque la conception idéalisée de l’amour portée par la littérature depuis le moyen Age et l’amour courtois et qui trouve une résonance puissante dans le romantisme
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