Chatterton d 'Alfred de Vigny
Commentaire de texte : Chatterton d 'Alfred de Vigny. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar NAT2105 • 2 Janvier 2022 • Commentaire de texte • 1 325 Mots (6 Pages) • 798 Vues
INTRODUCTION
Alfred de Vigny est un écrivain, romancier, dramaturge et poète français du XIXème siècle. C’est à la fois un militaire de carrière et une figure influente du romantisme. Il écrit la pièce Chatterton en dix-sept nuits en 1835 pour sa maîtresse Marie Dorval, une actrice, avec laquelle il entretient une relation tumultueuse.
Chatterton est une pièce de théâtre en prose, en trois actes et est considéré comme un drame romantique qui retrace la courte vie de Thomas Chatterton (1752-1770), poète et écrivain anglais. Thomas Chatterton se suicide à dix-huit ans car il n’arrive pas à vivre de sa passion dans une société matérialiste : la poésie.
En quoi cette scène fait le portrait de Chatterton et le présente comme un poète romantique ?
Nous étudierons d’abord les personnages en présence ainsi que les liens qui les unissent, puis, comment Alfred de Vigny présente Chatterton comme un poète romantique et enfin les indices nous indiquant l’arrivée d’un drame imminent.
- L’étude des personnages en présence.
Dans l’acte 1 scène 5, Chatterton rencontre Le Quaker, en présence de Rachel, dans la maison qu’il occupe avec la famille Bell. L’atmosphère est intimiste et dans cet acte, seul trois personnages sont présents.
Rachel est la fille de Kitty et John Bell, elle a six ans et semble être très proche de Chatterton qui lui manifeste de la tendresse et de l’attention : « après avoir embrassé Rachel, qui court au devant de lui… » puis « embrassant Rachel, dit de la voix la plus tendre. ». Rachel est un personnage symbolique, pour mettre davantage en avant le coté romantique du poète.
Le Quaker est l’ami de la famille.
Ce terme anglais désigne les membres d’un mouvement religieux lié au protestantisme anglo- saxon, réputé́ pour une morale sévère. D’ailleurs dès le début, Chatterton le salue en utilisant le mot « sévère » : « Bonjour, mon sévère ami », puis plus tard « Vous me grondez toujours .. ». Le Quaker a un côté paternaliste envers Chatterton, au même titre qu’envers Rachel : « Pauvre enfant ! »
On le ressent d’emblée comme une présence rassurante et une autorité́ spirituelle : il tente de donner des conseils au jeune poète et l’alerter sur la dureté des gens : « Les hommes sont divisés en deux parts : martyrs et bourreaux. ». Le Quaker est là pour donner la réplique à Chatterton.
Chatterton est le poète romantique parfait, on découvre dans la scène ce qu’il fait chez les Bell et les liens qu’il veut nouer avec Kitty. D’ailleurs Le Quaker le fait remarquer « Voilà trois fois qu’il la demande ».
Excepté à la fin de la scène, les répliques sont courtes et ne prennent pas l’allure de récits, de rappels du passé ou de personnages absents. On relève des phrases souvent interrogatives (« Mistress Bell n’est-elle pas ici ?», « Ta vie n’est-elle donc utile à personne ? ») ou exclamatives (« Pauvre enfant !», « Je suis donc bien savant !…), souvent séparées par des tirets qui semblent noter des pauses, des ruptures dans le discours, des sauts d’une idée à une autre, interrompues de mouvements signalés par quatre didascalies. Cela donne une impression de conversations familières, de vie quotidienne.
L’intention principale de l’auteur semble avoir été de donner aux spectateurs l’illusion de s’introduire à l’improviste et de manière indiscrète dans l’intimité́ d’une famille, de pénétrer à l’intérieur d’une maison tout à fait semblable à la leur, et de les saisir par l’impression générale de vérité qui se dégage du spectacle.
- Chatterton, le poète romantique selon Vigny.
Dans le début de la scène, Le Quaker dit à Chatterton : « Ton âme te ronge le corps. », c’est la principale caractéristique du héros romantique. Tout comme Chateaubriand dans son roman autobiographique René, il souligne le mal être du héros romantique, incompatible avec le monde et la société. L’âme est synonyme de vie mais ici elle met en avant la mort. Chatterton est fiévreux et sa pâleur est celle de la mort.
Dès le début, on ressent une envie d’en finir avec la vie, ce qui dénote de l’état d’esprit de Chattterton : il se sent incompris, rejeté par la société. Il est jeune et pourtant sans illusion « j’aurais demain dix-huit ans .. » avant d’ajouter « j’ai vécu mille ans ». Il souffre de la mélancolie des auteurs romantiques du XIXème siècle, qui le prédispose à un comportement autodestructeur et suicidaire. L’amertume est un sentiment qui l’envahit.
Le savoir absolu semble apporter le malheur au poète : « Mais la science universelle, c’est l’infortune. » Cependant, Chatterton affirme avoir choisi d’être lui-même, il est « trop bon » selon Le Quaker et est différent des autres hommes, il est un être d’exception, en exil sur la terre et ne souhaite pas faire partie de la société matérialiste, comme le marie de Kitty. Il n’accorde pas de valeur à la vie terrestre, comme tous les héros romantiques.
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