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Candide, l'esclavage - Voltaire

Commentaire de texte : Candide, l'esclavage - Voltaire. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  14 Janvier 2018  •  Commentaire de texte  •  1 726 Mots (7 Pages)  •  3 738 Vues

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Candide, Voltaire, 1759

Chapitre 19 : L'esclavage

Introduction

Une nouvelle fois, Candide est confronté aux horreurs de son temps. Il découvre dans ce chapitre, l'esclavage, un thème rebattu qui a fait l'objet de dénonciations par de nombreux auteurs des Lumières. C'est le cas de Montesquieu dans l'Esprit des lois ou de Diderot qui dénonça le comportement ethnocentriste des Européens dans le Supplément. C'est donc à l'époque un sujet d'Actualité. Comment Voltaire dénonce-t-il ce fléau? Dans quelles mesures sa condamnation est- elle efficace?

I) Une approche réaliste de l'esclavage

1. Une réalité historique au XVIIIème siècle

a - L'évocation de la tenue : «Caleçon de toile bleue», évocation des sévices: « jambe gauche» et «main droite» sectionnées. Directement inspirées de la réalité de l'esclavage, de la condition de vie des esclaves. On habille au moindre frais.

b - Les punitions ont même été répertoriées dans un texte qui a pour fonction d'encadrer l'esclavage: le «Code noir», rédigé au XVIIème siècle par Colbert.

Voltaire a une approche objective, il réalise une sorte de compilations de savoirs sur le sujet avant d'écrire: l'esclave ne plus à rien ici mais on le garde car il sert d'exemple.

c - Les noms des lieux (toponymes) : «Côte de Guinée», «Surinam», capitale de Guyane hollandaise. Permettent d'ancrer la rencontre dans un cadre géographique objectif et rappelle au lecteur que l'esclavage concerne essentiellement les colonies. Voltaire, lève le voile des pratiques européennes au-delà des frontières nationales. Il découvre dans ce chapitre un aspect de la civilisation.

2. Le rôle historique de l’Église

- On apprend que les esclaves sont convertis: «Les fétiches hollandais qui m'ont converti», par conséquent, d'abord le rôle de l’Église est d'être de connivence avec les esclavagistes et on souligne l'hypocrisie religieuse des Européens qui mettent en esclavage d'autres Chrétiens.

- Le raisonnement du nègre met en relief l'absurdité du raisonnement de l’Église: «Or vous m'avouerez qu'on ne peut en user avec ses «cousins» d'une manière plus horrible».

3. Le dévoilement des motivations économiques

«C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe», l'esclave du Surinam rappelle les motivations financières et la cupidité des Chrétiens. Voltaire, dévoile aussi que ces colonies étaient véritablement dépouillés, mises à sac. Il dénonce une exploitation à outrances.

Pour conclure, cet aspect réaliste rappelle que Candide est une œuvre grave et sérieuse et que le rôle de Voltaire est de dévoiler à travers ses écrits, les pratiques d'une société et ses motivations.

II- La mise en scène de la condamnation

1. La mise en scène théâtrale

a - Voltaire dramatise la situation: le gérondif «en s'approchant» introduit la rencontre comme s'il s'agissait d'un coup de théâtre. La juxtaposition du gérondif à valeur durative et des passé simple de la narration: «rencontrèrent» à valeur ponctuelle provoque l'impression d'assister à un coup de théâtre (choc de la rencontre)

b - La description retient à dessein le caractère spectaculaire de la scène. Elle souligne le dénouement en rappelant qu'il a pour tout habit un caleçon et montre aussi la mutilation du corps. Ces éléments sont visuels.

2. Le choix de la forme de dialogue

Il contribue a renforcer un aspect théâtral. Faire dialoguer Candide et Cacambo confère un aspect vivant à la polémique. A l'intérieur, il y a un effet d'emboîtement des récits, puisque le nègre qui parle restitue les paroles de sa mère et celui, au discours indirect, des fétiches hollandais: «me disent tous les dimanche que ...». Ceci produit un effet de polyphonie renforcé par la superposition  de plusieurs points de vue. On assiste au développement de deux rhétoriques qui s'opposent: l'africaine et l'occidentale développées par l'esclave.

3. L'éloquence de l'esclave

Il parle comme un Européen du XVIIIème siècle, son éloquence est inattendue. La construction de ses propos est réfléchie: «cependant».

Il rappelle le passé: paroles de sa mère.

- Se montre lucide sur le rôle de sa mère (elle l'a vendu)

- Il analyse le discours de l’Église: «Or je ne suis pas généalogiste mais ...» (raisonnement logique)

-Alternance je/ nous: opposition on et nous

- L'usage du syllogisme : «Quand on travaille aux sucreries et qu'on se coupe le doigt, on nous coupe la main. Or, j'ai voulu m'enfuir et je me suis coupé le doigt Donc, on m'a coupé la jambe et la main»

Il montre la logique absurde de l'esclavagisme.

III- Les cibles et les armes de la dénonciation: l'ironie et le registre pathétique

1. L'ironie

a - l'objectivité de la description : Le ton employé par le noir est neutre et détaché.

- Il parle avec résignation et naïveté, il énonce les faits de la façon la plus neutre.

- C'est sur le décalage entre l'objectivité du constat et l'horreur de la situation que se fonde la dénonciation (cf. logique implacable de syllogisme)

- Il réaffirme la loi «c'est l'usage» ( insistance détachée sur les clauses du contrat)

b - Le choix de termes à double sens :

- «fameux négociant»: négociant tristement célèbre, terme en réalité dépréciatif.

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