Baudelaire, le spleen
Commentaire de texte : Baudelaire, le spleen. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar zilies • 11 Décembre 2022 • Commentaire de texte • 2 083 Mots (9 Pages) • 297 Vues
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1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 | LXXVII Spleen Je suis comme le roi d'un pays pluvieux, Riche, mais impuissant, jeune et pourtant très vieux, Qui, de ses précepteurs méprisant les courbettes, S'ennuie avec ses chiens comme avec d'autres bêtes. Rien ne peut l'égayer, ni gibier, ni faucon, Ni son peuple mourant en face du balcon. Du bouffon favori la grotesque ballade Ne distrait plus le front de ce cruel malade ; Son lit fleurdelisé se transforme en tombeau, Et les dames d'atour, pour qui tout prince est beau, Ne savent plus trouver d'impudique toilette Pour tirer un souris de ce jeune squelette. Le savant qui lui fait de l'or n'a jamais pu De son être extirper l'élément corrompu, Et dans ces bains de sang qui des Romains nous viennent, Et dont sur leurs vieux jours les puissants se souviennent, Il n'a su réchauffer ce cadavre hébété Où coule au lieu de sang l'eau verte du Léthé. | Introduction : Fait partie de la section « Spleen et Idéal », première section du recueil, qui figure la lutte de ces deux tendances opposées dans l’âme du poète. 4 Poèmes portent le même titre « Spleen » et représentent chacun à sa manière ce sentiment de désespoir profond et d’ennui métaphysique infini. PBTQ : Comment Baudelaire parvient-il à représenter de manière allégorique son malaise interieur ? 1. Un puissant condamné à l’ennui (v.1 à V.4) 2. Une indifférence au monde qui l’entoure (V.5 à V.12) 3. Un destin tragique (V.13 à 18) Le 1er moment comporte 4 vers qui ne constituent qu’une seule longue phrase, le poète s’y définit par une comparaison paradoxale. 1 : Seule apparition du « Je ». Sert à créer une comparaison avec tout ce qui suit : Le roi et ce qui l’entoure, son royaume, désigné avec la périphrase « pays pluvieux « . Comparaison déjà ambiguë entre le positif « roi » et le négatif « pays pluvieux » La diérèse insiste sur l’adjectif en 3 syllabes « plu-vi-eux » = la pluie connote la mélancolie, tristesse. / Paronomase « Plus vieux » 2 : Poursuite et développement de l’ambigüité renforcée par le rythme. (2-4/1-5) 3-4 : Esseulement, ennui (sens fort). Double antithèse : les seules tonalités positives sont contrées par des CCoordinaion qui marquent l’opposition « mais », « pourtant » Sentiments éprouvés le condamnent à l’isolement « méprisant » (3), « ennui » (4) Le deuxième moment, du v. 5 à 12, marque un refus du lyrisme romantique, passage à la 3è personne pour toute la suite du poème. Les attributs traditionnels de la royauté n’apportent aucune satisfaction à ce roi qui souffre d’un mal indéterminé. Un remède au mal semble être cherché en vain : Énumération de négations. Cette énumération est résumé par le pronom indéfini « Rien ». Impossibilité à trouver la gaieté / joie de vivre : Tous les attributs du royaume sont ensuite passés en revue, comme autant de remèdes potentiels. Imaginaire médiéval. Figure de royauté fantasmé et intemporel. 5-6 ni, ni, ni pour des choses peu comparables, seulement fédérées par la rime de « faucon » et « balcon » Se tourne vers un remède. Cependant, l’enfermement est intérieur. Malaise profond et inexplicable, non lié à la situation, qui est en elle-même enviable et sous le signe de l’abondance. 5 : divertissement de la chasse, art réservé aux seigneurs 6 : Peuple avec bonté et cruauté mêlées 7-8 : Divertissement de cour, relation d’amitié du roi avec son bouffon 9-12 : Plaisirs charnels et de la séduction. Inventivité battue « ne savent plus » Le divertissement le plus vivant, l’érotisme se voit orienté vers la mort avec « tombeau » (9) 11 inversion nom-adj « impudique toilete » décalage verbal en écho aux efforts d’invention des « dames d’atour » (euphémisme) 12 « jeune squelete » oxymore vie-mort Les dames ne peuvent rien «tirer » (12) de lui. Négation de ce qui l’entoure. 12 : oxymore « jeune squelette » 13 à 18 : Ce roi est en proie à la fatalité, son mal s’avère irrémédiable. Il est placé en position d’objet dénué de vie et de conscience. et le savant ne peut « extirper l’élément corrompu » (14) Le mal est en lui, contrairement à ce que pouvait faire penser l’allégorie du royaume qui externalise. « Elément corrompu », cf l’alchimie. Recherche et sondage des mystères de la nature. 15 : se tourne vers le passé, « se souviennent » (16) mais cela précipite la chute et la victoire de la mort. 13-14 : Savoir, magie, pouvoir fantastique et occulte 15 à in : cruauté débridée, pouvoir illimité. La victoire de la mort Appel au passé se veut un ressourcement, un enracinement nouveau pour une renaissance, mais débouche sur le néant. Le « Léthé » leuve d’oubli, de léthargie ; Confrérie d’hypnos et thanatos. 15 : Fin de l’énuméraion avec « Et ». Termine en apothéose négative, orgie 17 « cadavre hébété » métaphore où son « être » (14) est réduit à pure matière putride. 18 sang vert, goût de Baudelaire pour le bizarre, le monstrueux, le vampirisme. CCL° : Pour conclure, ce qui frappe dans ce poème est la justesse des images employées pour rendre perceptible par le lecteur le mal profond qui ronge l’auteur de ces vers. En même temps, le poème n’est pas une complainte, Baudelaire refuse l’emploi d’un lyrisme élégiaque tel que ces prédécesseurs romantiques l’ont utilisé. il est dynamique, donnant à voir un univers riche, fait d’images surprenantes. |
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