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Anthologie poétique sur la liberté

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Par   •  14 Décembre 2019  •  Commentaire d'oeuvre  •  4 160 Mots (17 Pages)  •  1 794 Vues

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Anthologie poétique sur la Liberté

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Préface

 J’ai choisi comme thème de cette anthologie poétique, la liberté. En effet, les gens qui se battent pour cet idéal me fascinent. J’aime particulièrement les poèmes sur ce combat, par exemple ceux de la Résistance. Les écrits sur la liberté ont un aspect épique :le discours sur la liberté rassemble et mobilise, il fait vibrer.

La liberté c’est l’absence de contraintes c’est être indépendant et ne rien devoir à personne. Mais le plus souvent dans les poèmes, c’est l’absence de liberté qui est décrite.

J’ai essayé de choisir des poèmes qui couvrent une longue période historique du Moyen Age à nos jours. J’ai privilégié les auteurs français. Il est difficile de trouver des poèmes sur la liberté au Moyen Age, la définition de la liberté ayant évolué.

 C’est pourquoi j’ai choisi Charles d’Orléans. Il illustre la privation de liberté et fait partie d’une lignée de poètes prisonniers.

Du Bellay m’a paru intéressant pour exprimer  la privation de liberté non pas d’un point de vue physique mais spirituel. Le paradoxe est que bien qu’il ait une vie normale et enviable, il aspire à vivre sans être contraint par les obligation et usages sociaux.

Pour rester dans la privation de liberté, j’ai choisi de Heredia car je voulais évoquer l’esclavage. C’est en effet par définition l’opposé de la liberté. L’abolition de l’esclavage est un des combats majeurs effectués contre la privation de la liberté.

Les deux autres poèmes sont  des cris pour la liberté, pour la défendre.

Le  loup qui renonce à tout pour la liberté est une belle leçon donnée par La Fontaine.

Le dernier texte porte sur la résistance. C’est un poème engagé comme ses auteurs, il encourage à la résistance. C’est un chant pour l’unification.

Sommaire

- Charles d’Orléans                                                                page 4

Ballade : « En regardant vers le païs de France », 1433

- Joachim du Bellay (1522-1560) : Les regrets                                                                             page 6

- La Fontaine : Le loup et le chien (1688)                                                                                      page 8

- José-Maria de Heredia : L'esclave, 1893                                                                                    page 11

- Joseph Kessel, Maurice Druon et Anna Marly                                                                           page 12

Le chant des partisans (1943)

- René Magritte (1898-1966) Au seuil de la liberté                                                       page 13

Huile sur toile, 114x146.5cm, 1930 

Charles d’Orléans

Ballade : « En regardant vers le païs de France », 1433

En regardant vers le païs de France,
Un jour m'avint, a Dovre sur la mer,
Qu'il me souvint de la doulce plaisance
Que souloye oudit pays trouver ;
Si commençay de cueur a souspirer,
Combien certes que grant bien me faisoit
De voir France que mon cueur amer doit.

Je m'avisay que c'estoit non savance
De telz souspirs dedens mon cueur garder,
Veu que je voy que la voye commence
De bonne paix, qui tous biens peut donner ;
Pour ce, tournay en confort mon penser.
ais non pourtant mon cueur ne se lassoit
De voir France que mon cueur amer doit.

Alors chargay en la nef d'Esperance
Tous mes souhaitz, en leur priant d'aler
Oultre la mer, sans faire demourance,
Et a France de me recommander.
Or nous doint Dieu bonne paix sans tarder !
Adonc auray loisir, mais qu'ainsi soit,
De voir France que mon cueur amer doit.

ENVOI

Paix est tresor qu'on ne peut trop loer.
Je hé guerre, point ne la doy prisier ;
Destourbé m'a longtemps, soit tort ou droit,
De voir France que mon cueur amer doit.

Notes :

11. Douvres.

12. Plaisance : plaisir

13. Soulois : j’avais l’habitude.

14. Si : ainsi, alors.

15. Combien certes que : même si, alors que.

16. Faisoit : la terminaison - oit a longtemps été celle de l’imparfait en français.

17. Savance : sagesse.

18. Alors que je vois que la paix est en bonne voie.

19. Pour ce : c’est pourquoi.

20. Tournais en confort mon penser : je me réconfortais en pensée.

21. Outre : au-delà.

22. Sans faire demourance : sans retard.

23. Or nous doint Dieu : que Dieu nous donne.

24. Mais qu’ainsi soit : pourvu qu’il en soit ainsi.

Analyse :        

Charles d’Orléans (1391-1465) fils de Valentine de Visconti et de Louis d’Orléans, donc membre de la famille royale de France (père de Louis XII), fut emprisonné en Angleterre pendant 25 ans, suite à la victoire des Anglais à la bataille d’Azincourt (1415).

Son poème est comme la transcription des pensées du prisonnier. On peut ressentir son désir de liberté, celui de rentrer chez lui et sa haine de la guerre. (« Je hais guerre, point ne la dois prisier »). Au contraire, la paix est synonyme de « confort » (réconfort) et d’espérance. Il en donne une vision très positive : cette « bonne paix » est un don de Dieu (« Or nous doint Dieu bonne paix sans tarder ! ») et un « trésor qu’on ne peut trop louer ».

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