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Analyse linéaire le portrait dérobé, La princesse de Clèves

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Par   •  11 Avril 2022  •  Commentaire de texte  •  2 055 Mots (9 Pages)  •  1 564 Vues

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La Princesse de Clèves, Mme de La Fayette, le portrait dérobé : analyse linéaire

Extrait étudié

Il y avait longtemps que M. de Nemours souhaitait d'avoir le portrait de Mme de Clèves. Lorsqu'il vit celui qui était à M. de Clèves, il ne put résister à l'envie de le dérober à un mari qu'il croyait tendrement aimé; et il pensa que, parmi tant de personnes qui étaient dans ce même lieu, il ne serait pas soupçonné plutôt qu'un autre.

…… Mme la dauphine était assise sur le lit et parlait bas à Mme de Clèves, qui était debout devant elle. Mme de Clèves aperçut par un des rideaux, qui n'était qu'à demi fermé, M. de Nemours, le dos contre la table, qui était au pied du lit, et elle vit que, sans tourner la tête, il prenait adroitement quelque chose sur cette table. Elle n'eut pas de peine à deviner que c'était son portrait, et elle en fut si troublée que Mme la dauphine remarqua qu'elle ne l'écoutait pas et lui demanda tout haut ce qu'elle regardait. M. de Nemours se tourna à ces paroles; il rencontra les yeux de Mme de Clèves qui étaient encore attachés sur lui, et il pensa qu'il n'était pas impossible qu'elle eût vu ce qu'il venait de faire.

…… Mme de Clèves n'était pas peu embarrassée. La raison voulait qu'elle demandât son portrait; mais, en le demandant publiquement, c'était apprendre à tout le monde les sentiments que ce prince avait pour elle, et, en le lui demandant en particulier, c'était quasi l'engager à lui parler de sa passion. Enfin elle jugea qu'il valait mieux le lui laisser, et elle fut bien aise de lui accorder une faveur qu'elle lui pouvait faire sans qu'il sût même qu'elle la lui faisait. M. de Nemours, qui remarquait son embarras et qui en devinait quasi la cause, s'approcha d'elle et lui dit tout bas :

…… - Si vous avez vu ce que j'ai osé faire, ayez la bonté, madame, de me laisser croire que vous l'ignorez; je n'ose vous en demander davantage. Et il se retira après ces paroles et n'attendit point sa réponse.

…… Mme la dauphine sortit pour s'aller promener, suivie de toutes les dames, et M. de Nemours alla se renfermer chez lui, ne pouvant soutenir en public la joie d'avoir un portrait de Mme de Clèves. Il sentait tout ce que la passion peut faire sentir de plus agréable; il aimait la plus aimable personne de la cour; il s'en faisait aimer malgré elle, et il voyait dans toutes ses actions cette sorte de trouble et d'embarras que cause l'amour dans l'innocence de la première jeunesse.

introduction

Madame de la Fayette, une figure de la noblesse proche de Madame de Sévigné ou de La Rochefoucauld, publie anonymement La Princesse de Clèves en 1678. Le roman rencontre immédiatement un franc succès. Ce roman qui se déroule à la cour d’Henri II où triomphent « la magnificence et la galanterie » interroge la possibilité de l’amour et sa compatibilité avec la morale et la vertu.Ce récit narre la destinée d’une princesse exceptionnelle au sein de la Cour : après avoir épousé le Prince de Clèves, la princesse de Clèves éprouve une passion amoureuse pour un autre que son mari, le duc de Nemours.Le prince de Clèves, qui apprend cet amour secret, en meurt de chagrin.Bouleversée par ce décès dont elle se sent responsable, la princesse de Clèves renonce à la cour et à l’amour du duc de Nemours, au profit d’une retraite religieuse où elle meurt. Dans l’extrait étudié, le duc de Nemours vol le portrait de la princesse de Clève tant il était amoureux d’elle mais celle-ci le voit. Comment est-ce que la théâtralisation de cette scène permet à l’auteur de révéler l’attirance mutuelle des 2 personnages. Après avoir vu la tentation du vol, nous étudierons la mise en scène de cet acte. Ensuite nous analyserons le dilemme de Mme de Clève et enfin le bonheur affirmé du duc de Nemours.

I – Dans ce premier mouvement, le duc est tenté de voler le portrait

(De « Il y avait longtemps » à « debout devant elle » )

L’extrait débute par “il y avait longtemps que monsieur de Nemours souhaitait d’avoir le portrait de madame de Clèves”. Les imparfaits “avait” et “souhaitait” ainsi que l’adverbe “longtemps” montre que l'événement est marqué par la durée, que c’est un désir ancien.

"Lorsqu'il vit celui qui était à monsieur de Clèves”.On passe ensuite au passé simple qui exprime une succession d’action et on se substitue aux pensées de Nemours Ensuite “il ne put résister à l’envie” témoigne d’un désir incontrôlable, l’amour lui fait perdre sa maîtrise de soi et lui fait faire des choses inattendues dans lesquelles l’individu ne se reconnaît pas. “le dérober à un mari qu’il croyait tendrement aimé” prouve que c’est également un désir jaloux fondé sur ce que le couple laisse paraître mais le motif de la jalousie est faux, puisque Mme de Clèves n’est pas amoureuse de son mari. Cependant, il n’agit pas sur le coup de l’impulsion, c’est un acte réfléchi comme l’atteste “il pensa que parmi tant de personne, qui étaient dans ce lieu,il ne serait pas soupçonné plutôt qu’un autre”. Ici, tant de personne” signifie la cour qui est un lieu mondain donc le cadre n’est pas intime, c’est un monde où règne la complexité, le double jeu et la dissimulation.

”Madame la dauphine était assise sur le lit et parlait bas à madame de Clèves qui était debout devant elle”La description de la scène se fait avec le retour de l’emploi de l’imparfait; Le fait de parler bas montre que nous sommes cette fois ci dans un cadre intime ou il y a une notion de confidence. Certaines expressions ressemblent à des didascalies de théâtre : “Mme la Dauphine était assise sur le lit et parlait bas à Mme de Clèves qui était debout devant elle”

II – Dans un deuxième mouvement, le vol du portrait par le duc est mis en scène

(De «Madame de Clèves» à « qu’il venait de faire » )

La scène du portrait dérobé s’apparente en effet à une scène de théâtre. Tout d’abord, le décor propice à la dissimulation nous rappelle le théâtre “Mme de Clèves aperçut par un des rideaux, qui n'était qu'à demi fermé”. “monsieur de Nemours, le dos contre la table, qui était

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