Analyse "Le lion, le loup et le renard" Jean de la Fontaine

Analyse de la fable “Le lion, le loup et le renard” de La Fontaine (Livre VIII, fable 3)

Résumé / Situation de la fable / Liens

Jean de la Fontaine est un poète et moraliste français du XVIIème siècle connu principalement pour ses fables, dont trois recueils de deux cent quarante trois fables entre 1668 et 1694.

“Le lion, le loup et le renard” fait partie du 2ème recueil, dédié à Madame de Montespan, maîtresse du roi Louis XIV. C'est la troisième fable du livre VIII, et la première de celui-ci qui met en scène des animaux. C’est également un hypertexte de la fable d’Esope, fabuliste grecque, de même titre.

Cet apologue raconte l’histoire d’un lion âgé, qui cherche un remède à la vieillesse. Des médecins et des animaux de toute part viennent lui rendre visite, à l’exception du renard. Le loup, pour se faire apprécier par le roi, lui fait remarquer l’absence de celui-ci. Le renard est donc appelé à la cour, et pour se venger du loup, il dit au roi qu’il n’était pas venu plus tôt car il cherchait un remède pour le soigner et qu’il l’avait enfin trouvé: écorcher vif un loup et s’envelopper de sa peau. Le lion, naïf, tue le loup et s’enrobe de la peau.

La fable qui précède s’intitule Le savetier et le financier. Elle met en scène un savetier qui a une profession qui rapporte peu et qui chante jour et nuit et un financier qui est riche et qui n’aime pas être dérangé par la gaieté de l’autre. Pour le faire taire, le financier offre une fortune au savetier, qui va accepter et devenir instantanément obsédé par l’argent en craignant que quelqu’un le vole. En se rendant compte des effets de l’argent, le savetier va rendre l’argent au financier et redevenir comme il était avant. La morale est donc qu’il vaut mieux être pauvre et gai, plutôt que riche et malheureux.

La fable qui succède s’intitule Le pouvoir des fables et elle est divisé en deux parties. D’abord une dédicace à M. de Barillon, ambassadeur de France en Angleterre et dans un deuxième temps la fable en elle-même, où La Fontaine met en scène un orateur qui donne un discours pour montrer au peuple que sa patrie est en danger. Personne ne semble l’écouter et le fabuliste fait recours à une autre fable qu’il va intégrer dans celle-ci, dans le but de montrer leur pouvoir. C’est donc un apologue dans un apologue. Les fables sont considérées comme un genre littéraire mineure et La Fontaine essaye de convaincre le lecteur du bien fondé de celles-ci.

Il n’y a pas de lien direct entre la fable Le lion, le loup et le renard et entre celle qui vient avant et après.

Pourtant, on peut faire un parallèle entre celle-ci et Le renard et la cigogne (Livre I, fable 18). Dans Le lion le loup et le renard, le loup a dénoncé le renard de n’être pas venu voir le lion et fini par se faire tuer par le roi, car l’accusé réussit à retourner la situation contre le loup. Dans Le renard et la cigogne, le renard a voulu faire une blague de mauvais goût à la cigogne et fini par être lui aussi trompé. Dans les deux fables, on voit que le mal qu’on fait aux autres finira toujours par revenir à nous.

Moralité, enjeux et questions problématiques

La morale de cette fable est une critique envers les courtisans de la cour “Messieurs les courtisans” et on la trouve explicitement à la fin de l’apologue, du vers 35 à 40. Elle nous montre que le mal nous revient plus facilement et plus rapidement que l’on peut le croire. En d’autres termes, nous ne devons pas nous en servir malhonnêtement de quiconque pour se faire remarquer. Dans la cour, les courtisans sont prêts à tout pour plaire au roi et ne pensent qu’à leur tête.

Les enjeux de cette fable sont:

• Le pouvoir royal, car le lion peut tout faire et exige d’être obéit;
• La flatterie des courtisans, car le loup et le renard sont capables de tout pour sauver leur peau et se venger de leurs ennemis;
• La cruauté, car le lion ne réfléchit pas à la violence de ces actes et ne pense qu’à lui.

• Quelle est la critique de La Fontaine envers les médecins et les courtisans?
• La flatterie a-t-elle des limites?
• Le pouvoir du roi est-il suprême?

Division de la fable et justification

Cette fable est divisé en 5 parties:

• Vers 1 à 7 - Situation initiale de l'histoire
• Vers 8 à 13 - Le loup fait sa cour et dénonce le renard
• Vers 14 à 30 - Le renard arrive et se justifie
• Vers 31 à 34 - Le lion suit le conseil et tue le loup
• Vers 35 à 40 - Morale de la fable

J’ai divisé ainsi, car il y a une progression des événements. D’abord le fabuliste décrit la situation, ensuite le loup et le renard entrent en scène et font avancer le récit, et pour conclure on retrouve la moralité de la fable à la fin.

Analyse

Cette fable fait référence à la société, plus précisément à la cour de Louis XIV, où le roi est représenté par le lion et les courtisans par le loup et le renard.

En général, dans les fables de La Fontaine, le lion a le rôle de l’autorité, de la puissance et de la violence; le renard est souvent rusé et malicieux et le loup représente l’agressivité et la loi du plus fort.

Pour commencer, le lion est par convention vu comme le roi des animaux, ce qui est également le cas dans cette fable. On peut relever le champ lexical de royauté: aux Rois (vers 3), Roi (vers 10),  le Prince (vers 11), votre Majesté (vers 22). Le monarque est ici affaibli par sa vieillesse et on retrouve le champ lexical de maladie avec goutteux (vers 1), remède (vers 2), Médecins (vers 5) et recettes (vers 7). Pourtant, on voit tout de même son pouvoir et il exige d’être obéit: voulait (vers 2); Alléguer l’impossible aux Rois, c’est un abus (vers 3); manda (vers 5). Le roi possède le pouvoir suprême et y peut tout.

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