Alcools, Apollinaire
Commentaire d'oeuvre : Alcools, Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar louiseat • 22 Décembre 2020 • Commentaire d'oeuvre • 1 052 Mots (5 Pages) • 3 639 Vues
Intro :
Alcools est un recueil de poème majeur de Guillaume Apollinaire mais également un des plus marquants de la poésie du 20eme siècle. Il mit 15 ans pour l’élaborer et comporte en tout 50 poèmes. Il parut au Mercure de France en avril 1913. Tiré à environ 600 exemplaires dont 350 seront vendus la première année.
On dit que ce recueil se situe entre tradition et modernité et pour cause, Apollinaire puise ses thèmes dans la poésie lyrique traditionnelle en utilisant des références bibliques. Apollinaire nourrit son univers de culture traditionnelle, classique, mythologique, et médiéval qu’il emmène vers une poésie nouvelle : de cette rencontre émerge le lyrique, l’inattendu ou le dramatique, mais toujours le poétique. Mais fait aussi preuve d’un esprit nouveau en intégrant le monde contemporain dans la poésie comme la ville industrielle ou le quotidien (dans Zone ou Les femmes par exemple). Il créé également des images insolites et supprime toute ponctuation, en cela Apollinaire est le précurseur des surréalistes (dont il invente lui-même le mot).
Médiéval :
Pour parler maintenant de l’héritage médiéval dans Alcools, Apollinaire a de nombreuses sources d’inspiration, dont certaines appartiennent au passé. La jeunesse d’Apollinaire est marquée par ses études. Élève très studieux, il est rapidement fasciné par la littérature, et notamment par les œuvres du Moyen Âge en parcelles de François Villon. À son arrivée à Paris, en 1904, il approfondit sa connaissance de la littérature médiévale en consultant pendant de longues heures les manuscrits de la bibliothèque Mazarine. Ses toutes premières publications témoignent d’ailleurs de cette passion. Nous retrouvons par exemple de nombreuses traces du Moyen Âge. Dans « Merlin et la vieille femme », Apollinaire évoque « l'antique Merlin » ou encore les fées Morgane et Viviane. Le poète qui je cite « [sait] des lais pour les reines », aime utiliser des termes oubliés comme « baller » (« Merlin et la vieille femme ») ou « feuilloler » (« Les Fiançailles »).
Les formes poétiques médiévales sont fondées sur la chanson : la poésie ne s’entend pas en dehors d’un accompagnement musical. Vers la fin du Moyen Âge, de très nombreuses formes fixes apparaissent, et elles s’éloignent progressivement des formes poétiques chantées pour n’être plus que lues. Elles conservent, pour la plupart, des formes liées à la chanson, comme la présence d’un refrain ou le retour de vers identiques. « Le Pont Mirabeau » est le meilleur exemple de cette inspiration médiévale dans Alcools, avec sa structure extrêmement régulière qui fait alterner des quatrains et le retour d’un distique en guise de refrain.
Le rondeau, (forme fréquente au moyen âge) comportent, comme la ballade, trois strophes au schéma de rimes complexe. Si aucun rondeau ne figure dans Alcools, on notera tout de même que plusieurs poèmes sont construits, sur des ensembles de trois strophes. C’est par exemple le cas de « Les colchiques », ou encore « Clotilde », qui justement reprend le goût du Moyen Âge pour les vers courts, puisqu’il est constitué d’heptasyllabes.
Apollinaire aime ainsi entrelacer les cultures anciennes et modernes, comme l’illustre si bien « Zone », le poème premier poème d’Alcools, qui interroge, entre autre, les relations entre modernité et passé. « A la fin tu es las de ce monde ancien » : cet alexandrin à diérèse qui ouvre le poème renvoie à une soif de changement. De plus, les dédicaces jouent un rôle important : certaines ancrent encore davantage le recueil dans une forme de modernité. « Palais » est écrit pour Max Jacob, qui sera ensuite proche du surréalisme. « La Maison des morts » est dédiée à Maurice Raynal qui fut un défenseur du cubisme. Ou encore « Les Fiançailles », qu'Apollinaire dédia à Picasso.
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