A une mendiante rousse - Baudelaire
Commentaire de texte : A une mendiante rousse - Baudelaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar jojo75 • 21 Février 2017 • Commentaire de texte • 839 Mots (4 Pages) • 102 947 Vues
Analyse de A une mendiante rousse
Au XIXe siècle, Paris s'affirme comme étant une source d'inspiration pour tous les artistes, notamment pour Charles Baudelaire, grand poète contesté de son époque. Dans son recueil Les Fleurs du Mal, paru une première fois en 1857 puis une seconde fois en 1861 à cause de la censure, l'auteur dédie à la ville une section entière, intitulée « Tableaux Parisiens ».
A une mendiante rousse en est le 3eme poème et inaugure l'érance du poète. Baudelaire est descendu de sa mansarde pour se confronter à la vie urbaine. Non pas pour épuiser du pittoresque facile mais pour y faire l'expérience d'une réalité jusque là ignorée ou négligée par la poésie : celle des foules anonymes, des marginaux, des exclus de la société. Le regard du poète est alors saisit par une mendiante rousse qui se métamorphose sous ses yeux.
On se demandera alors en quoi ce poème est-il à entendre comme un éloge paradoxal d'une figure n'appartenant pas aux canons de l'esthétique.
Le commentaire s'attachera à mettre en évidence le caractère paradoxal de cet éloge et étudiera la dimension ludique qui ne cesse de faire un clin d'oeil à la poésie de la Pléiade.
Ce poème est à entendre comme un éloge paradoxal qui n'appartient pas au canon de la beauté puisqu'il s'agit d'une mendiante prostituée. Elle mène une vie de débauche. De plus, c'est une femme rousse, la rousseur étant très mal vu à cette époque. On l'a découvre au niveau d'un « carrefour » (v.48), lieu de la trivialité. C'est une prostituée de bas étage : « escalier » (v.36). La pauvrété et la mendicité est évoquée aux vers 45 et 46 : « Cependant tu vas gueusant quelques vieux débris gisant ». Peu à peu, la jeune femme va se métamorphoser.
Tout le poème va suivre un processus de transfiguration, la mendiante se transformera en une véritable reine. Ce sont les trois premières strophes qui engagent le processus. Les derniers vers de chacun des quatrains s'ouvrent sur une perspective de beauté, de douceur qui marque un renversement, la précarité s'éclipse au dernier vers faisant surgir la beauté de la mendiante. La figure devient plus sensuelle et se transforme en femme fatale au vers 14 : « Au lieu d'un haillon trop court, qu'un superbe habit de cour ». Une tonalité érotique est présent dans ce poème : « jambe » (symbole de sensualité chez la femme), « beaux seins ». On a la présence du champ lexical du précieux: « perles », « bijoux », « diamants ». Baudelaire préfère les « sabots » aux « cothurnes », c’est-à-dire, si l’on pense aux connotations, la lourdeur au raffinement. Finalement, il reussit à trouver une certaine beauté là ou il n'y en a pas. Enfin, les trois dernières strophes marquent le retour à la réalité : adverbe « cependant » marque une chute. Ce retour de la femmme embellie à sa nature primitive ne constitue pas totalement un retour au point de départ. Certes, elle a perdu ses ornements de reines, mais sa nudité devient triomphante. Sa nudité constitue sa beauté. Cet éloge n'engage pas seulement la position de l'auteur, et révèle son goût à la provocation lié à un clin d'oeil à la poésie de la Pléiade.
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